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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 05:55

"Cité interdite" – Mike Rowland est un détective privé new-yorkais, aussi fauché que tous les enquêteurs de son acabit. Mike a demandé à son ami et collègue Kingchurch, de Highcity Beach (Floride) s'il avait quelque chose pour lui, une affaire en cours. C'est tardivement, par télégramme, que Kingchurch lui a répondu négativement. Malgré tout, intrigué par un détail, Mike Rowland entreprend un voyage en Floride. En chemin, il croise de sales types, appartenant très certainement à une bande de truands.

Pourquoi ceux-ci s'intéressent-ils à lui ? Bizarre, car il est convaincu de ne pas les connaître, et son projet de voyage a été improvisé. Ces bandits ne veulent visiblement pas qu'il arrive à Highcity Beach. Bien que sa voiture soit volée, ça n'empêche pas Mike de parvenir à destination. En Floride, il fait la connaissance d'un journaliste qu'ensuite, on l'accusera d'avoir assassiné. Heureusement que le nommé Bayley, auquel Mike doit de l'argent, se trouvait opportunément dans le même secteur. Serait-ce pour la même affaire, dont Mike ne devine pas encore ce dont il s'agit ?

"Derrière l'usine à gaz" – Artiste de Montmartre, Sébastien Rossignol vient de donner son spectacle pour des étudiants de Montpellier. Par la suite, il est engagé par un étudiant chinois, un certain Tcheng, pour jouer au piano un morceau intitulé “Laura Strageson” dans une étrange maison. C'est là que Sébastien Rossignol aperçoit une jeune femme dont, justement, il devait prendre des nouvelles. Ayant été agressé, il s'adresse à la police. On ne fait aucune difficulté pour le croire, car un meurtre qui vient d'être commis semble concerner Tcheng. Cette maison située derrière l'usine à gaz, il faudra la prendre d'assaut afin de découvrir la vérité.

Léo Malet : Cité interdite – Derrière l'usine à gaz (Editions 12N)

Ces deux romans courts de Léo Malet étaient réunis dans l'édition parue aux éditions NéO. Avec une préface de Léo Malet expliquant l'origine des noms de certains personnages. “Cité interdite” fut publié en 1950 sous le pseudonyme de Frank Harding, dans la collection Allô Police. “Derrière l'usine à gaz” a été publié en 1944 sous le pseudo d'Omer Refreger, dans la collection Carré d'As des Éditions et Revues Françaises. Ces histoires sont des curiosités, mais il serait vain de prétendre qu'elles brillent par leur originalité. Ça ne signifie pas qu'elles soient médiocres, le mystère étant bien présent et les intrigues tenant leurs promesses. Comme toute detective story, “Cité interdite” montre d'ailleurs une part d'humour. Dans “Derrière l'usine à gaz”, qui a pour décor la ville natale de Léo Malet, il faut avouer que les mésaventures du héros sont très convenues. Des œuvres bien moins abouties que les enquêtes de Nestor Burma, mais qui témoignent de l'inspiration de Léo Malet.

Ces livres sont au catalogue des éditions numériques 12N.

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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 05:55

Pour les amateurs des meilleurs polars préférant les éditions de poche, voici deux titres à retenir en mars 2014 : Karim Miské, récompensé par le Grand prix de Littérature policière pour “Arab Jazz” ; et “Du son sur les murs” de Frantz Delplanque, première aventure pleine de rythme et d'humour de Jon Ayaramandi.

 

Frantz Delplanque : "Du son sur les murs"

Jon est un paisible retraité âgé de soixante-huit ans, habitant à Largos, sur la côte landaise. Il partage avec son copain Jean-Luc, le patron du bar Le Cap’tain, la passion du rock puissant. Il flâne volontiers dans les dunes, où il croise tous les jours Al, le pêcheur. Pas très loquace, ce quadragénaire handicapé avec sa béquille se montre amical. Papy de substitution, Jon s’occupe avec tendresse de la petite Luna, la fille de sa voisine Perle, vingt-huit ans. Le passé d’orphelins de Jon et Perle les a rapprochés, autant que la manière dont le retraité a débarrassé sa voisine d’un amant violent. Encore athlétique, Jon a trouvé son équilibre à Largos. Il est un peu contrarié de la relation amoureuse entre Perle et Al. Mais lui aussi, il va trouver l’élue de son cœur, la quadragénaire Louise.

Précédemment, Jon Ayaramandi a connu une vie agitée. Après avoir supprimé le fiancé de sa première petite amie, il est entré tôt au service du caïd mafieux Marconi. Il fut un des meilleurs tueurs professionnels de sa génération, bien plus habile que son collègue Burger, le mauvais. Jon a une trentaine de meurtres à son actif, crimes parfaits puisque passant pour des morts naturelles. Perle est aujourd’hui la seule qui connaisse les compétences du “papy” de Luna. C’est pourquoi, quand elle s’aperçoit qu’Al a disparu, elle fait appel à lui afin de le retrouver. Jon est un ex-tueur, pas un détective, même amateur. On peut penser que l'ivrogne Flamby a été témoin de la disparition d’Al, mais Flamby est introuvable. Plus inquiétant, Jon a remarqué dans les parages son ex-collègue Burger. Faire le lien entre lui et l’absence d’Al apparaît plausible...

Raconter sur le mode sérieux les aventures d’un tueur pro sexagénaire n’aurait gère d’intérêt. L’auteur utilise donc une tonalité quelque peu ironique et décalée pour rendre crédible le récit. Puisqu’il ne s’agit pas d’un roman d’enquête, le méchant adversaire est vite identifié. Par contre, bien des précisions sont encore à découvrir. En particulier, savoir comment Al est mort plusieurs fois. L’histoire se déroule sur fond de rock très rythmé. Le livre est aussi présent : “J’étais en train de battre des records de vitesse de lecture, mais sans en perdre une miette. Je prétends qu’on peut savourer un livre sans «prendre son temps» : à mon âge, on s’inquiète pour tout ce qui reste à lire et qu’on n’a pas lu, alors autant dire qu’on n’a pas envie de traîner.” Les lecteurs passionnés ne peuvent qu’adhérer. Intrigue sinueuse et narration enjouée autant que tonique, pour un premier roman réellement très réussi. Le même héros reviendra dans “Elvis et la vertu”.

Chez Points, Frantz Delplanque “Du son sur les murs” et Karim Miské “Arab Jazz”

Karim Miské : "Arab Jazz"

Hôtesse de l’air, Laura Vignola a été assassinée chez elle, dans un immeuble du 19e arrondissement de Paris. Elle est morte d’hémorragie après avoir été mutilée, torturée. La jeune femme était issue d’une famille de Niort adepte des Témoins de Jéhovah, avec laquelle elle avait rompu tout contact. La police a été alertée par un appel téléphonique venant du 18e. Les flics de ce quartier n’ont pas trouvé de témoins, ou sont réticents à collaborer avec leurs collègues du 19e. En réalité, le premier qui a découvert le cadavre, c’est Ahmed Taroudant, voisin de la victime. Âgé de trente ans, ce métis arabe vivote en touchant l’Allocation Adulte Handicapé. Il fut suivi par le Dr Germain, un psy, suite à une sévère dépression. La passion d’Ahmed, ce sont les polars classiques ou moins bons qu’il achète au bouquiniste brocanteur du coin, M.Paul. Par ailleurs, Ahmed se laisse souvent envahir par des rêves et des réminiscences de son passé tourmenté.

N’ignorant pas qu’il ferait un parfait suspect, Ahmed prétend ne rien savoir face aux enquêteurs. Un curieux duo, ces deux protégés du commissaire Mercator. La rousse Rachel Kupferstein, Juive ashkénaze, admiratrice d’Ellroy comme Ahmed, s’interroge sur le possible sens religieux du meurtre. Sceptique face aux croyances, elle est certaine qu’on a voulu souiller la victime. Son partenaire Jean Hamelot est fils de communiste de Saint-Pol-de-Léon. Ce Breton lunaire préfère Horace Mac Coy ou Hammett, parmi les valeurs sûres du roman noir. Au commissariat, Rachel sait pouvoir se fier au jeune flic Kevin Gomes. Selon lui , les parents de Laura sont des Témoins de Jéhovah aux convictions extrémistes. De son côté, Ahmed doit reprendre des séances chez le psy, s’il veut avoir l’esprit clair afin de contribuer à l’enquête. Rachel et Jean espèrent que les amies étudiantes de Laura leur offriront une piste exploitable. Si le crime est religieux, faut-il suspecter plutôt parmi les jeunes le Juif hassidique Ruben ou le prêcheur musulman Moktar. Ahmed, Rachel et Jean pourront-ils vraiment éclairer les mystères de cette affaire ?

Ce roman (dont le titre s’inspire du “White Jazz” de James Ellroy) a été récompensé par le Grand prix de Littérature policière 2012. Un très bon choix du jury. Les trois principaux personnages sont amateurs de polars, ce qui offre déjà une complicité avec les lecteurs. Ahmed et son mur de livres, les passionnés s’y reconnaîtront. Deuxième atout favorable, ces trois-là ont un passé compliqué, chargé, qui induit sans doute leur difficulté quant à l’approche du sexe. L’ombre de Freud et de Lacan plane sur leur personnalité, autant que leur vécu familial. Enfin et surtout, religions et communautarismes sont au centre de cette histoire complexe. Un thème actuel, omniprésent dans cet arrondissement bigarré dont l’auteur se plaît à décrire l’ambiance. Ahmed ou Rachel ont pris de la distance par rapport aux croyances. À l’inverse, on observe ici une radicalité dans la pratique religieuse, les intégrismes de tous bords manipulant les esprits et les trafics. Un phénomène pas si aisé à décrypter. Le roman noir témoigne de telles questions sociétales, c’est bien ce que fait Karim Miské dans cette sinueuse et passionnante histoire.

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9 mars 2014 7 09 /03 /mars /2014 05:55

Le commissaire Lucien Workan est policier à Rennes. D'origine polonaise, il vit séparé de son ex-épouse et de leur fille Jeanne, quatorze ans, vivant à Toulouse. Workan affiche un caractère assez sanguin, genre énervé par nature. Son équipe se compose de Leila Mahir, jolie Berbère et amante occasionnelle de Workan ; du lieutenant Roberto, transplanté des Ardennes ; du capitaine Lerouyer, et de Cindy Vitarelli. Encore que cette policière homo soit actuellement sur la touche, pour affaire de mœurs. L'équipe de Workan est sous les ordres du divisionnaire Prigent, et missionnée par la procureure Sylviane Guérin. Jeanne Workan vient passer quelques jours de vacances chez son père. Il a intérêt à veiller sur la séduisante ado, par ailleurs bien plus compétente que lui en informatique.

Dans un quartier rennais, “L'Alignement du 21e Siècle” est un ensemble de soixante-douze menhirs en granit taillés tous identiques. On a découvert un cadavre de femme au cœur de cette coûteuse œuvre d'art labyrinthique. Employée chez un notaire, Clarisse Bonnac a été étranglée, probablement avant que son corps ne soit déposé là. Dans une mise en scène vaguement sexuelle, on a déposé un jouet entre les cuisses de la victime, un lapin jouant de la trompette. Inquiet depuis la veille au soir, le mari n'a pas vraiment d'alibi.

Ce crime intéresse bientôt le jeune journaliste Gwenann Le Fur. “Élevé dans la celtitude, les cromlechs et les boules de goémon”, il pense déceler un mystère ésotérique dans cette affaire. Workan est carrément réfractaire à cette théorie du chiffre 9 qui expliquerait tout. Le journaliste serait bien avisé de ne pas insister car, s'il est trop échauffé, Workan risque de lui claquer une “mandale druidique” comme ultime argument.

Chez le notaire employant la victime, Workan rencontre une secrétaire asiatique atypique. S'il n'a pas non plus d'alibi, le notaire nie avoir été harceleur envers Clarisse. Une autre piste conduit Workan jusqu'à Bill Murray. Homonyme du comédien, ce collègue du mari de Clarisse Bonnac est un Afro-américain de New York vivant en France. Il admet avoir été ami avec la jeune femme, mais pas intime. Sans doute faudra-t-il garder un œil sur cette société OWP.

L'enquête avançant au ralenti, Workan prend le temps de s'occuper de sa fille Jeanne. Mais un deuxième corps est retrouvé dans le champ mégalithique, celui d'une blonde. À la place d'un lapin à trompette, c'est un ours en peluche qui a été posé près du cadavre. Restant dans l'ombre, l'énigmatique “Monsieur William” s'est baptisé ainsi en référence à une chanson de Léo Ferré. Dangereux adversaire pour Workan, car le criminel n'hésitera pas à jouer les incendiaires et à s'attaquer à la fille du policier...

Hugo Buan : L'incorrigible Monsieur William (Éd.du Palémon, 2014)

Publiant depuis 2008, Hugo Buan a glané au fil des ans de belles récompenses. Il s'agit de prix littéraires décernés par des publics de lecteurs : Prix des lycéens Meulière noire 2010 à La Ferté-sous-Jouarre pour “Hortensia blues”, 9e Prix du Zinc de la ville de Montmorillon pour “La nuit du tricheur”, Prix polar des lycéens Michel Lebrun 2010 pour “Cézembre noire”. La quatrième enquête du commissaire Workan, “L'œil du singe” (2011), eût aussi mérité quelques lauriers. C'est dire que cette série séduit un lectorat qui a eu la curiosité de sortir des chemins balisés, pour s'intéresser à d'autres talents. À partir de ce cinquième titre, “L'incorrigible Monsieur William”, notons que les aventures de Lucien Workan sont désormais publiées aux Éditions du Palémon. Il y fera concurrence à Mary Lester, la série à succès de Jean Failler, et à quelques auteurs réputés dans l'Ouest de la France.

Dans cette comédie policière entraînante, on a grand plaisir à suivre les investigations du commissaire et de son équipe. Certes, l'indomptable Workan peut se montrer irascible, s'emporter face à des témoins ou à cause de l'indiscipline régnant parmi ses adjoints. S'il ne manque pas de caractère, il faut avouer que c'est ce qui fait son charme. Avec l'ironique Leila et les autres, son entourage est à l'avenant. Petit exemple de la tonalité enjouée : “Capitaine Lerouyer, vous formez un drôle de duo avec votre pote de la TSF, Gwenann Lefur. « La voix de la Gaule de l'Ouest », sacrée radio ! Le dernier média qui s'adresse encore aux druides et aux glands d'or... En plus de cet assassin, la honte s'abat sur la police rennaise comme de la chapelure sur une escalope milanaise.” De l'humour, et une bonne intrigue criminelle avec son lot de péripéties, voilà un bon moment de lecture en perspective. Y compris pour ceux qui découvriront Workan à cette occasion.

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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 05:55

C'est en famille que le commissaire Kostas Charitos a fêté le nouvel an, avec sa femme Adriani, leur fille avocate Katérina et leur gendre médecin Phanis, ainsi que des proches. Triste festivité car la Grèce quitte l'Euro pour revenir à la Drachme, sa monnaie d'origine. La même chose se passe en Italie et en Espagne, exclus aussi du système monétaire. Ces pays marchent vers une ruine définitive. En ce début d'année déjà, l'ensemble des salaires est suspendu en Grèce pour trois mois, sans doute bien davantage. Les manifestations de rues sont contradictoires. Les jeunes ont l'espoir que le drachme relancera l'économie. Les vieux croient encore à l'Euro. Tous sont habités d'un même fatalisme. Adriani s'organise pour que, au niveau des repas collectifs, la famille Charitos ne manque de rien.

Katérina défend l'étudiant Kyriakos Demertzis, arrêté comme dealer, qui a avoué. Curieux, pense le commissaire Charitos, car ce jeune n'a pas le profil. C'est aussi d'opinion d'un de ses collègues des Stups. Quand intervient le riche père de l'étudiant, ce dernier ne cache pas son hostilité et refuse l'aide de l'avocat paternel, un des meilleurs du pays. Lorsqu'il rencontre le nommé Pavlos, Charitos obtient une explication. Un ancien hôtel de luxe a été transformé en squat pour SDF. C'est afin de participer au financement de ce squat que Kyriakos Demertzis a vendu de la drogue. Peu après, le cadavre de Yerassimos Demertzis est découvert assassiné dans l'ancien centre olympique de Paleo de Faliro. Sans doute est-ce symbolique, car c'est l'entreprise de la victime qui obtint le marché de la construction du centre. Ce qui contribua largement à faire la fortune de Demertzis-père.

L'extrême-droite grecque organise des commandos violents contre les locaux abritant des immigrés. Parmi ces derniers, ceux qui sont en situation régulière cherchent d'ailleurs le moyen de quitter la Grèce, pays sans avenir. Faut-il attribuer le meurtre de Demertzis à une action terroriste de ces nazillons, ou à l'extrême-gauche ? À moins que, un conflit professionnel étant écarté, il s'agisse d'une affaire privée autour d'une ex-amante ?

Un message fait référence à l’École Polytechnique. Les étudiants s'y révoltèrent contre la dictature des Colonels, en 1973. Demertzis participa à la contestation. “Pain, éducation, liberté” était leur slogan. La plupart se sont embourgeoisés par la suite, ne dédaignant pas la corruption ou les combines politiques et économiques. Demertzis engagea même à un poste de confiance un de ses adversaires de l'époque. On va compter bientôt deux autres victimes, le Pr Theoloyist puis Dimos Lepeniotis. Eux aussi firent partie de la génération de l’École Polytechnique, et oublièrent leur engagement solidaire. Charitos pense que, même si le tueur opère éventuellement seul, il a forcément un complice qui serait à l'origine de ces exécutions...

Petros Markaris : Pain, éducation, liberté (Éd.Seuil, 2014)

Après “Liquidations à la grecque” (2012) et “Le justicier d'Athènes” (2013), le troisième volet de la trilogie de Petros Markaris consacrée à la crise économique accablant son pays. Trois intrigues indépendantes, il faut le rappeler. On retrouve toujours avec grand plaisir l'humaniste commissaire Charitos. Sans pencher du côté de ceux pratiquant une justice vengeresse, il n'ignore pas que la démocratie a causé des déceptions en Grèce. Se rebeller ne fut pas inutile, mais ensuite ? “La génération de Polytechnique a régné pendant dix ans au moins. Après la Dictature, ils ont pris le pouvoir en politique, dans les syndicats, les coopératives agricoles, l'éducation, partout (…) Puis une nouvelle génération est apparue, formée à l'image de la précédente. Elle s'est donc mise à revendiquer sa part, et c'est là que les conflits et les haines ont commencé. Si vous voulez chercher l'assassin parmi cette masse, il va falloir plonger profond, commissaire.” C'est ce qu'il va faire.

L'intrigue policière est donc bien présente, avec une enquête en bonne et due forme. S'y ajoutent habilement des considérations sur l'actualité du pays. L'extrême-droite qui tente de récupérer le désarroi des populations, comme partout... Sans occulter les fautes des Grecs, qui ont abusé de l'Euro : “Tout cet argent qu'on a reçu pendant des années, ces subventions d'un peu partout, cela n'a pas servi à construire du neuf, à investir, à s'équiper, non. On a ajouté des étages à nos maisons... Oui, mais nos grands-pères et nos pères savaient que les maisons supportent un seul étage de plus. Alors, nous nous sommes payés trois voitures par famille, des maisons de campagne, des piscines, des canots pneumatiques. Les fondations n'ont pas tenu et la maison s'est effondrée.” Ce qui n'empêche pas les sourires, avec notamment Adriani, la débrouillarde épouse de Charitos. Ce troisième acte du roman noir de la Grèce d'aujourd'hui est franchement réussi.

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5 mars 2014 3 05 /03 /mars /2014 05:55

Célibataire âgé de trente-cinq ans, Jake Fisher est professeur dans une petite université, le Lansford College. À part avec son ami Benedict, prof afro, il n'est guère liant. Voilà six ans, Jake séjourna en résidence d'auteur dans le Vermont. Sa relation avec Natalie Avery, qu'il avait rencontrée là-bas, fut brutalement interrompue par le mariage de celle-ci. Elle épousa Todd Sanderson, copain de longue date. Natalie exigea que Jake ne cherche plus à le revoir, ce qui fut le cas. Jake apprend que Todd Sanderson, ancien du Lanson College, vient d'être abattu à l'âge de quarante ans, lors d'un cambriolage chez lui. Il se rend aux obsèques, dans l'espoir de renouer avec Natalie. Mais la veuve est une autre femme, mère des deux grand enfants de Todd, qui était médecin. Au retour, Benedict lui donne la seule explication valable, erreur sur la personne. Jake persiste à penser qu'il ne se trompe pas.

Quand il téléphone à la sœur de Natalie, elle prétend ne pas connaître Jake. Il retourne à Kraftboro dans le Vermont. On lui certifie que la propriété où il séjourna est déserte depuis toujours. Le mariage de Natalie et Todd, auquel assista Jake, n'a pas été répertorié dans les registres de la chapelle locale. À l'université, Jake a accès au dossier scolaire de Todd. Ce fut un étudiant brillant, avant d'être confronté à des problèmes. Le professeur Trainor, qui aida Todd à rebondir, explique en détail à Jake la sale affaire familiale dont il s'agissait. Jake reçoit un mail venant sûrement de Natalie : “Tu avais promis”. Par ailleurs, il a repéré un fourgon Chevy immatriculé dans le Vermont. Il a demandé de l'aide à Shanta Newlin, une collègue professeur qui a de solides relations, car elle fit partie du FBI. Elle apprend à Jake qu'il n'existe bizarrement nulle part la moindre info concernant Natalie Avery.

L'homme du fourgon Chevy se manifeste bientôt. Il dit s'appeler Bob, de Kraftboro. Avec son complice Otto, ils questionnent Jake au sujet de Natalie, avant de tenter de l'enlever. Si Jake s'en sort, un étudiant a été blessé. Mécontent, le président de l'université exige qu'il prenne un congé immédiat. Jake en profite pour se rendre chez la veuve de Todd. Il y remarque un tableau, autrefois peint par Natalie. Grâce à Shanta Newlin, Jake apprend qu'il y eut une précédente disparition brutale et mal expliquée dans la famille de Natalie. Ça faisait suite à une sombre affaire touchant l'université. À l'appel d'une commerçante de Kraftboro, Jake retourne dans le Vermont. Là-bas, il est confronté à un barbu nommé Jed, décidé à en savoir plus sur la mort de Todd et à préserver certains secrets du passé. Jake doit faire face à bien d'autres difficultés encore, avant d'approcher la vérité. Une maison près d'un lac sera la dernière étape de sa quête, avec plusieurs morts à la clé...

Harlan Coben : Six ans déjà (Éd.Belfond Noir, 2014)

Quoi de plus mystérieux qu'une femme fantomatique ayant disparu, à moins qu'elle n'ait jamais existé que dans l'imagination d'un prof romantique ? Les amateurs de polars n'aiment guère que, au risque du mélodrame, l'amour intervienne trop dans une affaire criminelle, mais ce n'est ici que le prétexte initial. Il serait parfaitement stupide de nier le savoir-faire de cet auteur expérimenté. Harlan Coben n'ignore pas que la fluidité du récit reste le meilleur atout d'un suspense réussi. Homme cultivé, capable d'initiatives et de réactivité, sans être doté de qualités impressionnantes, le héros nous apparaît bien évidemment sympathique. On le sent motivé, quels que soient les obstacles dressés entre la disparue et lui. Morte ou vive, il retrouvera sa Natalie, soyons-en sûrs.

Quant à la manière de calibrer son intrigue, Harlan Coben sait doser avec soin les effets. D'abord curieuse, la situation devient franchement énigmatique, avant de présenter de sérieux dangers. Une progression dramatique classique et efficace. Sans s'attarder sur de vaines hypothèses, le jeune prof se lance dans une aventure riche en péripéties, sinueuse dans ses rebondissements longtemps obscurs. Très bel exemple d'un polar entraînant, qui mêle enquête et menace, suspense et action.

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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 05:55

Dans les Vosges, aujourd'hui. D'une belle allure, Martel a longtemps dilapidé sa jeunesse, claquant tout son fric. Après un temps dans l'armée, il s'est assagi, s'occupant de sa mère avant de la placer dans une coûteuse maison de santé. Martel est syndicaliste à l'usine Velocia, fabriquant des fournitures pour l'automobile. La crise s'y fait de plus en plus sentir, confortant le rôle social de Martel. Il gagne un bonus en assurant la sécurité de spectacles locaux avec son jeune collègue Bruce, adepte du bodybuilding. Insuffisant à surmonter son endettement. Alors il a piqué dans la caisse du CE. Il risque de gros ennuis. C'est alors que la direction déménage sans prévenir une machine de l'usine. L'excitation gagnant le personnel, il va manœuvrer pour masquer son détournement. Il doit se méfier de la belle Sonia Meyer, la DRH pas si conciliante, qui pourrait entraver ses projets.

Circulant dans sa vieille SAAB, Rita Kleber est inspectrice du travail. Elle est restée amie avec son ex-compagnon Laurent, architecte aisé qui habite près de chez elle. Elle exerce son métier avec fermeté, mais humainement, sans chercher à nuire aux entreprises de la région. Elle est assez attirée par Martel, le beau syndicaliste. Par hasard, Rita recueille une jeune inconnue, probablement étrangère, fuyant elle ne sait quoi.

Le vieux Pierre Duruy habite une bâtisse isolée, qu'on nomme La Ferme. Il s'est installé là peu après la guerre d'Algérie. Il fit partie des commandos d'exécuteurs de l'OAS, qui eurent tout intérêt à faire oublier leurs exactions. Bientôt veuf, disposant d'une part du trésor de l'Organisation, il éleva sa fille dans ces conditions. Duruy est le grand-père de Bruce. Et de Lydie, jeune délurée qui s'est acoquinée avec une bande de copains de son lycée professionnel.

C'est de La Ferme que s'est échappée la jeune inconnue. Elle prétend s'appeler Victoria, dix-huit ans. Rita préfère éviter de la confier à la police. La fille risque de beaucoup plaire à son frère artiste, Gregory, qu'il vaudrait mieux calmer. Martel et Bruce ont accepté un job bien payé pour le compte des frères Benbarek, les caïds du secteur. Il s'agissait d'aller à Strasbourg kidnapper une prostituée. Ils ont été payés, mais la pute a disparu. Bruce va tenter de la retrouver, sympathisant avec un apprenti et un jeune chômeur qui l'ont vue. S'impatientant, les Benbarek s'en prennent à Martel. Armé, il a bien l'intention de réagir. Victor Tokarev, le mac russe de la prostituée, ne peut rester passif sur ce coup. Il envoie son homme de main, Jimmy Comore, du côté d'Épinal. Alors que l'usine est sur le point de fermer et que la neige s'étale sur les Vosges, l'affaire autour de Victoria pourrait entraîner quelques victimes...

Nicolas Mathieu : Aux animaux la guerre (Actes Noirs, 2014) – Coup de cœur –

Certains romans nous présentent des héros d'exception, des personnages au charisme ou au destin remarquables. Ici, l'auteur a choisi l'inverse. Évoquant un coin de France qu'il connaît, il dresse le portrait de gens modestes, issus de la population ordinaire. Des ouvriers d'une usine obsolète passée de deux cent-cinquante à quarante salariés, qui va droit vers la fermeture. Un syndicaliste sans autre pouvoir que de claquer l'argent du CE. Une inspectrice du travail qui, à titre privé comme dans son métier, est pleine de bonne volonté mais influe peu sur les événements. Un combinard tel le jeune Bruce, dépassé par ses plans bancals. Des adolescents du lycée pro, dont le présent est aussi cafouilleux que l'avenir est incertain. Des truands d'une envergure bien relative, quand même dangereux. Plusieurs générations, dont un ancien de l'OAS dont la famille s'effiloche, ou de vieux ouvriers nostalgiques des glorieuses luttes d'antan.

Voilà le quotidien de tous ces gens-là, le reflet réaliste d'une bonne partie des Français. Dont ceux qui croient pouvoir se débrouiller alors qu'ils sont définitivement largués. La crise n'est pas seule responsable de leurs maux. Derrière les discours volontaristes, les décideurs économiques et politiques ont, de longue date, choisi d'ignorer cette population de base. Alors ils vivotent, chacun pour soi, sans perspective ni fric, rêvant à peine d'une vie meilleure. Ou s'engagent dans des histoires probablement foireuses.

Nicolas Mathieu réussit à décrire avec crédibilité cette France actuelle sans la caricaturer, sans la montrer plus médiocre qu'elle n'est. Certes, l'ambiance est sombre, fort peu souriante. Néanmoins, s'agissant d'un premier roman, l'auteur maîtrise avec une belle habileté son intrigue, l'univers de ses personnages. Bien qu'ils soient nombreux, on les situe sans difficulté. En particulier grâce à une souplesse narrative de bon aloi. Un vrai roman noir sur un aspect de notre pays, de nos régions, aujourd'hui.

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1 mars 2014 6 01 /03 /mars /2014 05:55

PolarLens s'est imposé comme un des plus grands rendez-vous littéraire au Nord de Paris. C'est une manifestation incontournable ancrée dans le paysage culturel régional où se côtoie un public très éclectique, lecteurs occasionnels ou passionnés du genre. Un salon convivial et chaleureux qui accueille des auteurs reconnus, mais qui se veut également un tremplin pour des auteurs débutants avec un Prix Littéraire décerné pour un premier roman policier. Un salon qui propose une offre littéraire riche et variée s’ouvrant à la diversité du polar...

Festival PolarLens, les 29 et 30 mars 2014

Les invités de PolarLens 2014

Marie-Caroline Aubert (marraine de l'édition), Nadine Monfils, Elena Piacentini, Claire Favan, Danielle Thiery, Nathalie Garance, Lucie Brasseur, Blandine Lejeune, Dorothée Lizion, Estelle et Richard Brichet, Claire Le Luhern, Olivia Koudrine, Jeanne Desaubry, Carole Martinez, Frédérick Rapilly (Prix littéraire de la ville de Lens 2013 pour Le chant des âmes), Romain Slocombe, Franck Thilliez, David-James Kennedy, Marin Ledun, Bernard Minier, Guillaume Prévost, Louis Sanders, Alexis Lecaye, Jean-Hugues Oppel, Patrick Raynal, Hervé Jourdain, Jean Poderos, Chris Costantini, Jean-Marc Demetz, Richard Albisser, Jean-Pierre Bocquet, Gilles Bornais, Bernard Boudeau, Dirck Degraeve, Jean-Blaise Djian, Boris Dokmak, Dominique Dyens, Michel Embarek, Dominique Forma, André Fortin, Jean-Louis Guidez, Miles Hyman, Stéphane Bourgoin, Henri Loevenbruck, Philippe Masselot, Jean-Christophe Macquet, Michael Mention, Stéphane Michaka, Xavier Milan, Michael Moslonka, Olivier Norek, Jean-Louis Thoaurd, Patrick S.Vast, Jacques Saussey, Pierre Saha, Remi Stefani, Luc Watteau... et Bruno Jacquin.

Salon du livre policier de la ville de Lens - Salle Bertinchamps - rue Denis Cordonnier – 62300 Lens - Animations et entrée gratuites

Samedi 29 mars : 10H-12H30 / 14H-19H

Dimanche 30 mars : 10H-12H30 / 14H-18H

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28 février 2014 5 28 /02 /février /2014 05:55

À Bordeaux, on la connaît sous le nom de Clara Langlois. Âgée de vingt-cinq ans, c'est une étudiante en Histoire de l'Art, et une littéraire. Elle a des amis tels Inès Miranda, originaire du Chili, ou le jeune Louis. Voilà quatre ans, depuis un 29 février, que Clara vit en couple avec François Ménard. Ils habitent dans une maison isolée de la presqu'île d'Ambès, à moins d'une demie-heure de Bordeaux. Elle a baptisé leur villa Bahia, en référence à un titre de Véronique Samson. À part leur récent voisin M.Rives et son chien, il n'y a guère de passage par ici. François est un scientifique, de dix ans plus âgé que Clara. Ce jour-là, elle trouve un message dans ses affaires scolaires : “Je t'ai trouvée”. Dans le même temps, un certain Jean-Marc Royer est assassiné dans la région. Bien que Clara n'ait aucun lien avec lui, elle a parallèlement décrit la scène du meurtre dans un texte, pour ses études.

Quand le chien de M.Rives est retrouvé poignardé sur leur terrasse, l'angoisse qui habite déjà Clara augmente. François s'arrangera pour faire disparaître le cadavre du chien et les traces de sang. Toutefois, il va devoir révéler à sa compagne que l'univers qu'il a construit autour d'elle est faux. Selon un protocole médical discutable, François a utilisé en grande partie l'hypnose pour gommer son vrai passé, substitué par un autre. En réalité, son père Yvan Royer était médecin à Chartres. Le jour où il fut assassiné, le tueur kidnappa Clara. Elle était alors âgée de seize ans. Se faisant appeler “Lycaon”, son ravisseur la séquestra durant quatre années. On la retrouva dans un squat, l'esprit à demi perdu, après qu'elle ait réussi à s'enfuir. Malgré le traitement médical appliqué par François, des zones d'ombre subsistent. Déjà sujette à des cauchemars, Clara éprouve d'inquiétantes réminiscences.

Capitaine de gendarmerie à Chartres, Marianne Brunel enquêta sur le meurtre du père de Clara. Ayant compris que Lycaon se manifestait à nouveau, elle rejoint Bordeaux. Malgré les signes qu'elle estime identiques, le commissaire Girard n'est pas convaincu qu'existe un lien. D'autant qu'à l'époque de l'affaire Clara, on suggéra que Marianne était l'amante d'Yvan Royer, qu'elle aurait dû être écartée du dossier. François juge préférable d'isoler sa compagne pour le moment. Ce qui n'empêche pas Clara de ressentir la présence du tueur, pas loin d'eux. Après avoir interrogé Inès Miranda, Marianne Brunel s'invite chez le couple. L'animosité mutuelle entre Clara et la capitaine de gendarmerie est restée intacte. Quand elle lit la presse concernant le meurtre de son père, Clara constate qu'on l'y traita tel un monstre. François semble toujours son unique protecteur, mais elle ne sait à qui se fier...

Luc Bossi – Isabelle Polin : Trouvée (Éd.Fayard Noir, 2014)

Il peut arriver qu'une personne, ignorant un mince détail de son passé, s'invente quelque mystère autour de cet épisode insignifiant. Léger trouble psychologique sans conséquence, que l'intéressée est capable de corriger. Par contre, si c'est tout votre parcours perso qui a été modifié par un tiers, qu'elle qu'en soit la raison, voilà une situation qu'il sera complexe de surmonter. Car il ne s'agit pas seulement des faits que vous avez traversés, mais aussi de votre comportement d'avant. Fut-elle naguère Clara l'innocente ou Clara la violente ? Le personnage de Lycaon a-t-il existé, où n'est-il qu'une abstraction lui ayant permis de s'expliquer ? Résurgence d'une agressivité issue du passé, ou véritable retour d'un diabolique lycanthrope ? Telles sont quelques-unes des questions par les auteurs.

Pour que soient convaincantes les intrigues à but angoissant, on ne peut se borner à une poignée d'interrogations et à une ambiance superficielle. Ni même exagérer la paranoïa du personnage central. C'est là que Luc Bossi et Isabelle Polin se montrent très habiles. En entrant très rapidement dans le vif du sujet, sans tergiversations oiseuses. En présentant une “normalité” apparente, et en jouant sur les images sombres restant dans le cerveau de Clara. En portant le soupçon sur tous ceux qui approchent la jeune femme, sans qu'ils semblent si dangereux. Cet équilibre franchement réussi alimente une intrigue qui nous fait bientôt frissonner. On suit avec passion les méandres de ce suspense, concocté avec précision et écrit avec soin.

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