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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 04:55

En trois parties, une sélection de romans sur le thème des conséquences de la guerre.

Jean-François Coatmeur : On l'appelait Johnny (Denoël, 1979)

Le cargo du commandant Berthier va bientôt quitter la rade d'Abidjan. Avec l'accord du second, le capitaine Marzin, il accepte un passager clandestin, Blanck. Mêlé à un complot, ce Français pas très clair doit fuir le pays. De nuit, il embarque avec trois amis : Petrovian, sa sensuelle maîtresse métisse Ina Desroze, et Charles, le frère d'Ina. Malgré cet imprévu, le commandant s'arrange pour les loger à bord. La compagnie impose un autre passager, officiel celui-là : Lagouge, comédien en tournée. Situation difficile à gérer, d'autant que Blanck donne des ordres, et qu'Ina s'exhibe sous les yeux de l'équipage. Charles sympathise avec le comédien. Pétrovian se méfie de tous. On découvre Blanck pendu dans sa cabine. L'assassin est un certain Johnny, rôdant sur le navire. Des indices laissent à penser que ce meurtre est en rapport avec une affaire datant de 1943. Près de la Pointe du Raz, un groupe de résistants fut victime des nazis. Seuls Blanck et Johnny en réchappèrent.

Sylvie Rouch : Corps-mort (Après la Lune, 2006)

François Laguigne est de passage du côté de Granville, dans le Cotentin. Son père, qui l'avait abandonné en bas âge, y est mort voici quelques jours, à l'hospice. Natif d'ici, ce père absent fut marqué par de sombres origines familiales. En juin 1940, le grand-père de François tenta de passer en Angleterre. Mais il échoua à Guernesey. A son retour en 1945, Charcot et Taupin dominaient la région. Ces deux-là étaient des trafiquants et des collabos, il pouvait le prouver. Quand il fut tué par Charcot, on ne condamna pas l'assassin. Aujourd'hui, les fils de ces profiteurs sont toujours puissants dans le secteur.
Caïn, ivrogne local, a repéré une tête empalée sur un pieu dans les moulières. On la retrouve bientôt. Le lieutenant de police Laroche enquête. L'aide de la gendarme Coisel, connue pour son caractère affirmé, lui semble utile. Depuis qu'il a lu les carnets de son grand-père, François Laguigne veut lui rendre justice.

Christine Desrousseaux : Drame au Cap Gris-Nez (Ravet-Anceau, 2006)

Lucette habite Wimereux, station balnéaire ancienne. Cette jeune fille, pas laide mais sans grâce, issue d'une famille de bistrotiers, est aide-jardinière au Parc du Moulin… Étudiante en astronomie, fille d'un pianiste réputé, la jolie Gaëlle séjourne dans cette région qu'elle connut étant enfant. Dès leur rencontre due au hasard, Lucette est attirée par Gaëlle. Une relation trouble s'installe entre elles. Ce qui suscite des jalousies. Née dans un milieu aisé, méprisant ouvertement Lucette, Irène Botz entend accaparer Gaëlle. Bien que gênée par la différence sociale, Lucette reste proche de son amie - ce qui agace Irène. La grand-mère et la mère de Gaëlle sont toutes deux mortes à l'âge de 24 ans, similitude qui intrigue Lucette. Propriétaire de l'ex-villa de la famille de Gaëlle, Mme Blanche confie une boite de souvenirs à Lucette. Celle-ci examine les objets, les photos, s'intéressant au cas de l'aïeule de Gaëlle. D'origine Russe, Anna se maria avant-guerre à un Français. Son mari fut tué au début du conflit. On interna bientôt la jeune veuve en hôpital psychiatrique, et on en profita pour la spolier.

La guerre et ses conséquences (2/3)

Hugo Buan : Cézembre noire (Pascal Galodé Éd., 2009)

Cézembre est une île de la baie de Saint-Malo. En cette veille de week-end du 11 novembre, elle est quasiment inaccessible à cause d’une violente tempête. Ceux qui s’y trouvent sont réfugiés dans la barge-hôtel de la famille Darec (Léon, le grand-père ; Marie-Line, sa fille, la gérante ; Noël, le fils de celle-ci). Outre deux scientifiques américains, les Monsiret et consorts sont des dirigeants de société en séminaire. Berthy, un malchanceux congénital, est obligé de se rendre sur Cézembre. Pour rembourser une dette de poker, il doit jouer au tueur à gages. Exécuter le contrat devient un vrai enfer pour cet amateur. À part Hale-la-patte, ancien para d’Indochine muni d’une jambe artificielle, personne n’oserait braver les éléments. C’est ainsi que le duo échoue sur l’île. Dans le même temps, le commissaire Lucien Workan (du SRPJ de Rennes) est chargé d’une mission à Cézembre. Les deux Américains sont bien des scientifiques, mais surtout des agents de la CIA. Workan doit essayer de savoir ce qu’ils font là. C’est sans doute en rapport avec le fait que l’île fut bombardée au napalm à la fin de la 2e Guerre. Sous la tempête, Workan embarque pour un séjour agité en rapport avec l'Histoire.

Sylvain Pettinotti : Les oubliés du Vercors (Éditions L'Ecir, 2006)

Juillet 2004, à Saint-François-en-Vercors. Léo, 14 ans, est en vacances avec sa jeune sœur et leur père instituteur. Lors d'une sortie VTT, Léo et ses copains (Michael et Antoine) trouvent dans une cache la sacoche d'un soldat allemand de la seconde guerre mondiale. L'objet rejoint l'exposition sur la Résistance organisée par son père dans l'école. Cette nuit-là, l'église est cambriolée, l'expo vandalisée, et la sacoche volée. Léo pense que le site historique d'une ruine autrefois incendiée a été aussi visité. Il mène sa petite enquête avec ses amis. Ingrid, jeune et belle Alsacienne logeant à l'hôtel, sympathise avec eux.
Plusieurs personnes ont des comportements suspects, que ces jeunes vont surveiller.

Jean-Luc et Didier Arlotti : Nous ne nous verrons plus sur terre (Éd.du Valhermeil, 2005)

A Versailles, le commissaire Sivincci dirige une bonne équipe d'enquêteurs. Le suicide d'un retraité, Albert Magenaud, semble incontestable. Il s'est asphyxié avec les gaz d'échappement de sa voiture. Quant à la mort de Georges Landrageon, elle paraît accidentelle. Dans les deux cas, on relève sur les lieux des traces de fuel et de salpêtre. Ces hommes du même âge étaient tous deux natifs de La Roche-Guyon. On interroge le vieux curé local. Georges et Albert étaient adolescents durant la 2e Guerre Mondiale. Ils avaient un autre copain, Louis. La région abritait des gens recherchés, se cachant dans des boves, grottes bien dissimulées. Quand Rommel s'installa en avril 1944 au château de La Roche-Guyon, la situation se compliqua. Louis Pélardin, l'ami des défunts, est bientôt retrouvé dans la luxueuse maison de retraite où il s'est retiré.

- Ce dossier comportera une dernière partie -

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6 avril 2014 7 06 /04 /avril /2014 04:55

Aucune guerre n'est propre. Toutes causent des victimes. Parmi les soldats au combat, mais aussi dans la population civile. Durant la Seconde Guerre Mondiale, nombre de morts dans les familles juives déportées et chez les Résistants les plus actifs. Chaque guerre se termine un jour, suscitant généralement la liesse de ceux qui ont enduré l'époque noire. Le conflit est terminé. On efface l'ardoise, sans autre répercussion, ni effet secondaire ? Des périodes comme l'Épuration montrent qu'il y eût forcément le besoin d'une contrepartie féroce, violente. Et ensuite, tout est oublié dans un tranquille retour à la normale ? Non, les romanciers savent que l'esprit de vengeance n'est jamais éteint par le temps. En voici quelques exemples, des histoires s'étalant dans le temps, toutes liées à la guerre...

Joseph Bialot : La station Saint-Martin est fermée au public (Fayard, 2004)

Début mai 1945, des soldats américains sauvent la vie d’un déporté, véritable zombie agonisant sur les routes allemandes. L’inconnu ayant perdu la mémoire, ils le baptisent Alex. Le jeune homme amnésique est hospitalisé à Metz. Jeune veuve âgée de trente ans, l’infirmière Agnès veille tout particulièrement sur lui. Alex comprend et parle le français, mais son esprit occulte le passé. Le numéro matricule tatoué sur sa peau montre qu’il fut prisonnier à Auschwitz. Sans doute retrouverait-on son nom dans les archives nazies, mais la pagaille qui règne ne le permettra pas avant longtemps. Dans le même service neurologique, Alex fait la connaissance de la suicidaire Clotilde. Le traitement sous narcose lui apporte des bribes de souvenirs. Il fut enfermé dans des camps français, à Gurs puis à Drancy, avant d’être envoyé avec tant d’autres en Pologne. Des images du camp de Majdanek s’imposent bientôt. Tel ce jour de représailles pour les nazis, où il faillit mourir par pendaison. Épargné par les circonstances ou un peu de chance. Alex se souvient encore d’avoir fait partie de ces animaux humains voués à l’abattage, qu’on transféra finalement à Auschwitz Birkenau en cet été 1943.

Pierre d’Ovidio : L’ingratitude des fils (10-18, Grands Détectives, 2011)

Mi-janvier 1945, des gamins jouant dans les ruines d’un immeuble de Malakoff trouvent un cadavre dans les décombres. C’est à l’inspecteur Maurice Clavault, du commissariat de Vanves, qu'est confiée l’enquête. Le jeune policier est peu apprécié de son chef. Si Maurice a été libéré prématurément du stalag où il fut prisonnier, et s'il entré dans la police, c’est grâce à sa mère Réjane qui a fait intervenir ses relations. Toutefois, on ne peut lui reprocher d’avoir collaboré avec l’occupant... Après la première guerre mondiale, les frères Samuel et Lev Litvak ont fuit la Lituanie. Ces Juifs s’installèrent en France. Ils créèrent un commerce de pièces automobiles d’occasion. Lev partit en Amérique. Samuel poursuivit leur activité, se maria avec Irène, qui lui donna deux enfants. Ayant échappé à la Rafle du Vel d’Hiv, Samuel mit sa famille à l’abri dans un village de la Creuse... Maurice dispose de fort peu d’indices. Un corps partiellement brûlé, la main noire du cadavre, un message mal déchiffrable laissé dans sa bouche : A PARM. Aucun témoin ne s’est manifesté.

La guerre et ses conséquences (1/3)

Hubert Monteilhet : Choc en retour (Éditions de Fallois, 2009)

À Vaison-la-Romaine peu avant la Seconde Guerre Mondiale, “Le Mas des Sources” est devenu une référence gastronomique grâce à la passion du cuisinier Urbain Desgenettes. En juin 1944, alors qu’il vient de se marier avec Irène, Urbain est dénoncé à la Gestapo. Déporté en Allemagne, puis prisonnier des Russes, il n’est de retour dans son restaurant que fin 1948. C’est aujourd’hui son cousin Gustave qui est chef de cuisine au “Mas”, toujours dirigé par Irène. Tant qu’il s’occupait de sa propre auberge, Gustave n’était qu’un piètre cuisinier, mais il s’est amélioré. Sœur de celui-ci et ex-amante d’Urbain, Angélique est toujours employée ici. Urbain découvre qu’Irène aurait eu deux filles jumelles, dont le père serait Gustave. Étonnant pour lui qui connaît la froideur sexuelle de son épouse. Le commissaire Amédée Fontanège s’interroge toujours sur la dénonciation qui envoya Urbain en déportation. Suspecter Irène n’aurait pas de sens, puisque la jeune mariée s’est retrouvée dans l’embarras. Accompagné d’Angélique, Urbain s’accorde des vacances pour un safari au Ruanda. Là-bas, il en apprendra plus sur le passé.

Alain Emery : Le clan des ogres (Astoure Éditions, 2009)

Mai 1951. Fidèle adjoint du capitaine de gendarmerie Fabre, ancien résistant dont la prestance en impose à tous, le brigadier Craspin est le témoin de sa nouvelle enquête. Les quatre membres de la famille Barallon ont été massacrés chez eux, à la Maison Noire. L’assassin attend les gendarmes, mais refuse de s‘expliquer. Il s’agit de César Gavilli, un Italien installé de longue date dans la région, un colosse surnommé l’Enclume. Il semble éprouver une certaine sérénité, comme s’il avait fait justice. Bientôt, Fabre et Craspin reconstituent l’ensemble des faits. Dénoncé en 1943 pour le STO, le fils de César fut arrêté par la gendarmerie, puis abattu alors qu’il tentait de s’enfuir. Toutefois, en consultant les archives, on s’aperçoit que le rapport officiel est vraiment douteux. Devenu aubergiste, un des anciens gendarmes concernés confirme que lui-même ignore une partie des faits. C’est l’adjudant Merlot, toujours en poste, qui connaît la vérité. Pourtant, il est probable que le coupable ait été manipulé. L'affaire n'en restera pas là.

Bernard Morin : Trahison à Guerlédan (Ed.Alain Bargain, 2006)

Automne 1962. Quinquagénaire ayant besoin de repos, Edgar Morn séjourne au cœur de la Bretagne, non loin du lac de Guerlédan. Sa logeuse s'occupe de Pierre et Gaëlle, neveu et nièce orphelins. Gaëlle, 17 ans, est comme Edgar passionnée d'histoire et de littérature. Elle prend plaisir à en débattre avec lui, qui est plus expérimenté. La seconde Guerre Mondiale date d'à peine vingt ans. Elle laisse encore ici de douloureux souvenirs. Un groupe de maquisards fut abattu dans les gorges du Daoulas, trahis par le résistant Job Thoraval. Celui-ci est mort, mais sa famille est toujours détestée de la population.
Ancien de la Résistance, Edgar Morn est convaincu de l'innocence de Thoraval. C'est la vraie raison de sa présence à Lannérec. Il s'informe auprès de ceux qui vécurent le maquis. Si certains doutent de la trahison de Job, d'autres confirment. Pourtant, Job semblait se méfier de ce rendez-vous dans les gorges.

- Ce dossier comportera deux autres parties -

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 04:55

Voilà plus de deux ans et demi que le commissaire parisien Georges Dupin est en poste à Concarneau. Il commence à s'adapter au sud-Finistère, à en apprécier les charmes. En ce début d'été, un meurtre vient d'avoir lieu non loin de là, à Pont-Aven. Dupin n'ignore pas que cette bourgade est connue pour avoir autrefois abrité une grande colonie d'artistes, dont Paul Gauguin. Justement, c'est à l'hôtel Central, qui fut le repaire des peintres, qu'on a assassiné le patron. Âgé de quatre-vingt-onze ans, Pierre-Louis Pennec était un homme de haute taille au corps mince musclé et aux cheveux gris. Il était le descendant de Marie-Jeanne Pennec, qui hébergea jadis les artistes. Veuf depuis vingt ans, Pennec a un demi-frère, André, ancien indépendantiste parti faire de la politique sur la Côte d'Azur. Il a aussi un fils, Loïc, qui est marié et qui doit diriger l'hôtel à son décès.

Patron du Central depuis 1947, c'était une vocation pour Pierre-Louis Pennec. Toujours assisté par Francine Lajoux, à son service depuis trente-sept ans, il continuait à s'occuper de la bonne marche de son établissement. Il avait des habitudes régulières, comme le montre son emploi du temps des derniers jours. À part quelques appels téléphoniques vers Paris, et une discussion animée avec un inconnu, rien à signaler. Selon son médecin traitant, qui est également celui du policier, Pennec souffrait d'un sérieux problème cardiaque. Loïc Pennec affirme que son père était un homme d'affaires avisé, mais certes pas avide de richesses. Une de ses maisons est occupée par Fragan Delon, son ami de toujours, et l'autre par Francine Lajoux. La notaire confirme que, dans son testament, il a aussi été généreux envers d'autres personnes que sa famille.

Entre son adjoint l'inspecteur Le Ber assisté des autres policiers locaux, et Nolwenn qui gère le secrétariat du commissariat, Georges Dupin peut faire évoluer l'enquête à sa guise. Il fait davantage confiance à Francine Lajoux, qu'à André Pennec ou qu'à Frédéric Beauvois, directeur de l'association s'occupant du musée de Pont-Aven. Ce dernier a lancé plusieurs initiatives destinées à valoriser le souvenir des peintres ayant vécu ici. Pennec a financé tout ou partie de ces projets, parfois coûteux comme la climatisation des salles d'exposition. La nuit suivant celle du crime, on a fracturé un accès pour y entrer sans rien emporter. Dupin a besoin d'un expert extérieur à la ville, connaissant en détails l'histoire des artistes passés à Pont-Aven. En effet, il serait surprenant que le meurtre soit sans lien avec la peinture. C'est Marie Morgane Cassel qui va jeter un regard de pro sur cet aspect de l'affaire...

Jean-Luc Bannalec : Un été à Pont-Aven (Presses de la Cité, 2014)

Nombre d'auteurs bretons ont déjà écrit des polars dont les intrigues se placent dans cette région, en particulier du pays bigouden aux confins morbihannais. On compte quelques romans, enquêtes actuelles ou contextes historiques, s'inspirant des peintres qui jadis s'installèrent à Pont-Aven. Outre Gauguin, c'est là que beaucoup d'artistes (y compris des Impressionnistes et certains Américains) affirmèrent leur style, leur touche personnelle, on le sait.

Ce qui fait d'abord la singularité de ce livre, c'est que l'auteur n'est pas Breton, mais Allemand. Jean-Luc Bannalec est un pseudonyme (Bannalec est une commune à une douzaine de kilomètres de Pont-Aven). Néanmoins, l'auteur fréquente le secteur depuis assez longtemps, pour en connaître les lieux, les paysages, les ambiances. D'ailleurs, le récit débute à Concarneau, au café de l'Arsenal, qui garde la mémoire du nommé Maigret.

Si son patronyme vient du chevalier Auguste Dupin, le détective créé par Edgar Poe, il n'est pas douteux que Georges Dupin tienne son prénom de Simenon, ni que sa méthode soit très proche de celle du commissaire Maigret. L'enquête se déroule sur quatre jours, avec interrogatoires en bonne et due forme, pistes qui se dessinent progressivement, et personnages aisément identifiables grâce à des portraits nuancés. Sans être hautement comiques, certains passages nous permettent de sourire. C'est surtout la véracité des décors, et du passé de cet endroit, qui offre un charme supplémentaire au sujet policier. L'auteur s'inscrit dans la belle tradition classique du roman d'investigation, et nous offre un joli séjour du côté de Pont-Aven.

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 04:55

Suite à un incendie criminel visant sa maison, Didier Daeninckx déménage quelques objets collectés ces dernières années. Parmi eux, une œuvre du peintre expressionniste allemand Heinz von Furlau. Il s'agit d'un dessin à l'encre de Chine, sur support imprimé. Daeninckx se souvient l'avoir acheté à Port-Vila, au Vanuatu. Il se remémore le voyage qu'il fit avec son épouse dans l'Océan Pacifique, de l'Australie et de Nouméa à cet archipel indépendant autrefois appelé les Nouvelles-Hébrides. Il y prit goût au kava, fort breuvage rituel obtenu par macération d'une racine de poivrier. Fureteurs, son épouse et lui visitèrent un entrepôt exposant des choses hétéroclites. C'est là que Daeninckx dénicha ce petit tableau insolite, une vue d'un port d'Allemagne, vaguement signé d'un artiste oublié.

Les Archives nationales du Vanuatu ont été détruites par un séisme, phénomène fréquent sur ces îlots volcaniques. Mais leur directeur connaissait bien le cas d'Heinz von Furlau, né en 1889 à Berlin. Le peintre participa à une mission d'exploration sur un navire militaire, en 1912. Bien que sous tutelle allemande, l'archipel restait mal connu, autant d'un point de vue racial que religieux. D'ailleurs, le médecin du bord en profita pour pratiquer des expériences préfigurant les futures théories nazies. Von Furlau observait les peuplades locales ainsi que la vie sur le navire. Lors d'une sortie à terre, le peintre fut fait prisonnier par un groupe de papous. Plusieurs mois durant, il utilisa un livre de classe afin de faire le portrait de ces autochtones. La plupart de ces dessins ont disparu, hélas.

Daeninckx et son épouse ont poursuivi leur périple exotique de Nouméa au Viêt Nam, avant de rentrer en France. Pourtant, l'écrivain continua ponctuellement à s'intéresser à Heinz von Furlau. Grâce aux travaux d'universitaires, on savait de lui qu'il participa à la Grande Boucherie de 1914-1918. Peut-être même croisa-t-il Apollinaire sur les champs de bataille. Il peignit les visages tourmentés et les scènes de guerre, toujours témoin de son époque. En 1919, l'Allemagne d'après-guerre était au comble de l'instabilité. Von Furlau se réfugia en Suisse, chez Rainer Maria Rilke. À l'automne 1924, ayant vendu l'appartement familial, le peintre retourna en Océanie. Pour découvrir les ultimes détails concernant cet artiste, c'est en Belgique que Didier Daeninckx devra s'adresser...

Didier Daeninckx – Joe G.Pinelli : Le tableau papou de Port-Vila (Cherche Midi Éd, 2014)

On connaît le principe de l'auto-fiction, où un auteur se met en scène dans des situations inventées ou inspirées d'un épisode de sa vie. C'est un peu ce que fait ici Daeninckx, mais l'exercice est plus complexe. En effet, à l'origine de ce livre, il y a cette magnifique série d'illustrations de Joe G.Pinelli, qui sont attribuées à un peintre méconnu, Les carnets Von Furnau. L'artiste en question “pourrait” avoir existé. Il se peut qu'on découvre parfois, en déblayant un vieux grenier ou chez un brocanteur, des œuvrettes d'apparence sans valeur. En y regardant de plus près, se dégage néanmoins un effort de style qui donnera envie de se pencher sur le cas du peintre inconnu. Telle est la démarche supposée par Daeninckx, le postulat de cette histoire. Que les travaux de l'artiste datant d'une période tumultueuse se soient éparpillés ou perdus, ça ne nous étonnera donc pas.

On n'a plus à vanter le talent narratif de Didier Daeninckx, écrivain chevronné. Belle idée de situer la base du récit au Vanuatu, cet archipel si singulier où l'on parle le bichlamar, improbable jargon pourtant compréhensible. Quant à Joe G.Pinelli, c'est avant tout un personnage fort attachant. Même dans des festivals du livre toujours assez animés, rien ne semble déranger sa quiétude : il continue à dessiner au gré de son inspiration. Pinelli est un véritable illustrateur, de ceux qui savent transcrire en image ce que le lecteur a pu imaginer. Oui, le faciès de tel portrait, on le voyait ainsi. Oui, le décor du village ou ce sombre port germanique, c'est tout-à-fait ça. On ne se lasse pas d'admirer encore et encore les remarquables tableaux de cet ouvrage. Un livre différent et enthousiasmant.

- “Le tableau papou de Port-Vila” est disponible dès le 10 avril 2014 -

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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 04:55

Début 1946, âgé d'à peine trente ans, Charles Bareuil fait partie de la Légion Étrangère. Il a, comme tous les militaires qui l'entourent, de bonnes raisons d'avoir intégré ces unités si particulières. Entre Corses mafieux, Russes devenus apatrides, anciens nazis, beaucoup sont des vétérans ayant connu les combats de la guerre, dans divers camps. D'une famille de soldats qu'il n'admirait guère, avant le conflit qui s'annonçait, Charles Bareuil suivit sa compagne Elena en Yougoslavie. C'est en Croatie que son destin le rattrapa, à la mort de la jeune femme. Tireur d'élite déjà bien entraîné, Bareuil devint un véritable guerrier. Dès la fin des hostilités, sa seule option fut d'entrer à la Légion Étrangère. Formés en Afrique du Nord, les régiments sont bientôt acheminés vers l'Indochine.

Sous la direction du général Giap, les troupes Viet Minh sont omniprésentes sur le terrain, pouvant généralement compter sur la solidarité des villageois. La guérilla, le harcèlement, les autorités militaires françaises n'en mesurent pas l'efficacité. Après un long voyage, où il a fallu décourager d'éventuels déserteurs, les Légionnaires débarquent à Saigon. Pour Bareuil, une étape qui lui vaudra une altercation avec une femme de colon. On ne tarde pas à prendre le train vers l'Annam, dans le sud du pays. Bien que confronté à la guérilla, peut-être Bareuil croit-il pouvoir tisser des liens amicaux avec les populations proches de leur camp. Initiative qui risque de finir par une embuscade mortelle. C'est plutôt au Tonkin qu'on a désormais besoin des Légionnaires, dans la région frontalière de la Chine.

Bareuil y retrouve entre aux l'impitoyable sergent Von Heigl, soldat chevronné qui ne nie pas son passé nazi. En janvier 1947, ils vont devoir “nettoyer” la route entre Haiphong et Hanoi. Les missions qu'on leur confie sont les plus dangereuses. Quand le régiment de Bareuil est la cible des Viet Minh, c'est un massacre auquel il réchappe de peu. Alors qu'il est hospitalisé, il ne peut oublier ce soldat blanc qui combattait avec leurs ennemis. Dans les rapports de l'armée, il finit par découvrir l'identité de Joseph Botvinnik, Russe d'origine ayant rejoint les troupes du général Giap. Ce n'est pas dans les bordels vietnamiens qu'il repérera sa trace. En effet, Botvinnik participe à une réunion de l'état-major Viet Minh, lorsqu'il s'agit de contrer les Français du côté de Cao Bang.

Au printemps 1948, Bareuil et son ami Gordov sont affectés à une nouvelle unité, toujours dans cette zone sensible qu'est le Tonkin. Lorsqu'il rencontre la jeune Hoa, Bareuil pense trouver l'amour, bravant le règlement pour la rejoindre clandestinement la nuit. Pendant ce temps, assisté de son fidèle Tran qui le considère tel un Tigre légendaire, Botvinnik ne reste pas inactif. Les cinq années qui suivent, jusqu'à Diên Biên Phu, seront décisives...

Jérémie Guez : Le dernier tigre rouge (10-18 Éd, 2014)

Il n'appartient à personne de “refaire l'Histoire”, d'encenser quelques-uns ou d'accabler tels autres, de justifier une guerre coloniale ou d'admettre la réponse meurtrière des ennemis d'alors. Un brave héros prenant fait et cause pour les populations d'en face, ou au contraire agissant comme un baroudeur sans merci ? Jérémie Guez ne tombe certes pas dans ce manichéisme. Le temps a quand même permis de rétablir un équilibre dans la manière de présenter ce conflit. “[Leur histoire] ils y sont attachés, c'est juste qu'ils n'en parlent pas. Leur temps est différent, ce n'est pas le même que le nôtre, nous ne le comprenons pas... Les hommes n'ont pas besoin de prétextes pour faire la guerre... Tout ce que je sais, c'est que ceux qui pensent qu'on gagnera facilement se trompent.”

Lauréat du Prix SNCF du polar en 2013, remarqué pour sa trilogie (Paris la nuit, Balancé dans les cordes, Du vide plein les yeux) évoquant l'univers parisien actuel, Jérémie Guez a fait partie des talents prometteurs du polar français. Avec “Le dernier tigre rouge”, non seulement il confirme ses véritables qualités d'auteur, mais il se lance avec succès dans une écriture assez différente. Ici, c'est tout le contexte indochinois de ces années-là qu'il dépeint, il ne s'agit pas uniquement du sort de Charles Bareuil. Bien sûr, ce dernier est au centre et subira maintes avanies. Mais on jette aussi un regard chez les communistes du Viet Minh, sous les ordres du général Võ Nguyên Giáp (1911-2013). Précis tout en évitant l'érudition encombrante, c'est avec fluidité que Jérémie Guez nous raconte cette palpitante épopée guerrière.

- Inédit, “Le dernier tigre rouge” est disponible dès le 3 avril 2014 -

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30 mars 2014 7 30 /03 /mars /2014 09:59

Cette année, les 12 et 13 avril, trente-trois auteurs seront présents au festival Mauves en Noir, à la rencontre des lecteurs. Après les hispaniques et les anglo-saxons, l'invité spécial de cette année est le monde arabe, avec la venue de l'égyptien Ahmed Khaled Towfik.

Les auteurs annoncés : Bernard Besson, Jean-Luc Bizien, Raymond Castells, Robert Darvel, Régis Descott, Pascal Dessaint, Michel Douard, Paul Fauray, Michel Embareck, Sylvain Forge, Dominique Forma, Jérémie Guez, Nicolas Jaillet, Emmanuelle Petit, Claire Le Luhern, Anne Rambach, Marin Ledun, Sophie Loubière, Renaud Marhic, Jonathan Munoz, Jean-Hugues Oppel, Max Obione, Jean-François Pasques, Frédéric Paulin,  Jean-Bernard Pouy, Jean-Jacques Reboux, Barouk Salamé, Hervé Sard, Jean Songe, Ludo Sterman, Jules Stromboni, Hubert Tézenas, Ahmed Khaled Towfik. 

Près de Nantes - Festival Mauves en Noir – les 12 et 13 avril 2014

Samedi 12 avril

14h30 Table ronde avec les auteurs du Prix de la Ville, proclamation du lauréat.

15h00 Début du salon du livre.

15h30 Espionnage avec Eric Dumont (ancien militaire et membre du COS) et Bernard Besson (expert en intelligence économique), rencontre animée par Fondu Au Noir.

17h00 Garde à vue, par les Docteurs Polar.

17h30 Garde à vue avec Hubert Tézenas, par Jeanne Guyon (revue 813).

19h00 Remise des prix et vin d’honneur.

20h00 Dîner. 12 €. Réservation association@mauvesennoir.com

21h00 Soirée jeux au coin du bar.

Dimanche 13 avril

(fermeture du salon du livre entre 12h et 14h, restauration ouverte)

11H00 Garde à vue avec Dominique Forma, par Jeanne Guyon (revue 813).

14H30 Match de dessin : rendez-vous au bar avec les dessinateurs Jonathan Munoz et Jules Stromboni, animé par les Docteurs Polar.

15H00 Rencontre avec Ahmed Towfik, animée par Christophe Dupuis.

16H00 Polar et musiques de films, influences, proposé par Sophie Loubière.

Festival Mauves en Noir : Théâtre du Vallon - 1 avenue de Bretagne - 44470 Mauves sur Loire - Depuis Nantes : direction Angers par la D723.

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 05:55

Avec ses rencontres autour des Littératures Policières, son concours de Nouvelles, et ses diverses animations, la 4e édition de “Vaison la Nouvelle invite le Polar” est annoncée du 12 au 18 avril 2014, une manifestation organisée par l'Association ACAL et le Village Vacances Touristra de Vaison-la-Romaine. Au programme : Rencontres et Dédicaces, Conférences, Projections, Remise des Prix du Concours National de Nouvelles ainsi que du Prix Soleil Noir, un concert Jazz et Littérature, un jeu de rôle grandeur nature pour la jeunesse, des lectures en balade, des ateliers d'écriture, des jeux.

Les invités 2014 de ce festival :

Romain Slocombe, Claude Mesplède, Eléna Piacentini, Danielle Thiéry, Ingrid Desjours, Johanne Le Ray, le traducteur Pierre Bondil, le dessinateur Max Cabanes, Pascal Dessaint, Marcus Malte, Jean-Hugues Oppel, Dominique Forma, Roger Martin, ainsi que Virginie Teychené et Gérard Maurin.

Vaison-la-Romaine (Vaucluse) – Festival polar du 12 au 18 avril 2014
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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 05:55

Depuis 1949, San-Antonio est éternellement présent dans l'actualité de l'édition. C'est de nouveau le cas en cette année 2014, puisque Pocket lance une nouvelle présentation des romans culte de San-Antonio. Dès cette fin mars, on pourra ainsi lire ou redécouvrir “Du plomb dans les tripes”, “Sérénade pour une souris défunte” et “Passez-moi la Joconde”, trois ouvrages datant d'il y a une soixantaine d'années. Les années 1950 sont à l'honneur pour ce retour du commissaire, entraîné dans de trépidantes et souriantes aventures. Fin avril, ce sera le tour de “Berceuse pour Bérurier”, “San-Antonio renvoie la balle” et “San-Antonio chez les Mac”. Plusieurs autres titres savoureux sont programmés pour l'été, ainsi qu'à la rentrée. À chaque décennie d'origine, s'appliquera un habillage graphique différent. En effet, les premières couvertures rappellent celles de ces années-là.

Évoquons ici “Passez-moi la Joconde”, une des dix premières aventures de San-Antonio. Il évolue dans des contrées que l'auteur connaissait bien, entre la région lyonnaise et Grenoble. Il n'est peut-être pas inutile de préciser que le rythme narratif est soutenu, notre héros allant de surprises en rebondissements. En effet, San-Antonio est le roi du langage fleuri, mais ces intrigues des années 1950 sont avant tout mouvementées. Clins d'œil à noter, pour les initiés : le nom de famille Vinay désigne une commune d'Isère, mais également un éditeur lyonnais de l'époque (qui publia entre autres André Héléna)... Est aussi évoqué le roman “Kaputt” de Curzio Malaparte, or nous savons que Kaputt fut un des pseudos de Frédéric Dard.

San-Antonio : Passez-moi la Joconde (Pocket, 2014)

Un petit survol de l'intrigue de “Passez-moi la Joconde” :

En 1954, le commissaire San-Antonio émarge aux Services Secrets. Pour ses premières vacances depuis longtemps, il prend la direction du Dauphiné. Ex-officier durant la guerre et ancien journaliste, son ami Duboin tient un hôtel dans la région de Grenoble. Promesse d'un séjour farniente. Pourtant, une explosion détruit la voiture de San-Antonio, avec ses deux passagers, quelques jours plus tard. Tout ça à cause du collier d'un chien mort qu'il avait trouvé sur la route avant d'arriver. San-Antonio bigophone au Vieux, qui lui donne carte blanche afin d'éclaircir le mystère. Il se rend à La Grive, le bled où il avait ramassé le chien et son fameux collier.

Éboueur et poivrot, le nommé Dédé finit par lui avouer qu'une femme trentenaire l'a déjà contacté pour les mêmes motifs. C'était une inconnue à vélo, qui semblait aimer la couleur bleue. Sûr qu'il n'en faut pas davantage à San-Antonio pour dénicher la piste de cette personne. Il aboutit bientôt dans une propriété des environs, qui paraît déserte. C'est sous la forme d'un épouvantail, qu'il va découvrir dans le jardin le cadavre d'un métèque, le compagnon de la femme. San-Antonio obtient même le nom des locataires de la propriété, les Vinay, de Lyon. Apprenant qu'un camion Mac passa par là durant la nuit en question, le commissaire suppose que le collier du chien devait faire sauter le poids-lourd.

Par une gentille postière boitillante, San-Antonio identifie la DS des Vinay. Laquelle semble avoir été volée à un Lyonnais nommé Compère. Sauf que ce M.Compère n'est pas si clair. Il possède un entrepôt, que San-Antonio ne se prive pas de visiter clandestinement. Dans le sous-sol, on y a caché un gros rouleau de papier. En cet après-guerre, c'est une matière première qui a de la valeur, certes. Surtout si l'on peut imprimer des biftons sur le fameux papier. Par l'intermédiaire de son ami Duboin, San-Antonio contacte le détective lyonnais César. Celui-ci confirme qu'un camion chargé d'un gros rouleau de papier fit le trajet entre Grenoble et Lyon, ladite nuit. Lorsqu'il retourne à l'entrepôt, le commissaire y découvre le cadavre de Compère, abattu par balles. San-Antonio va encore traverser quelques périls avant de résoudre l'affaire !

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