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18 avril 2014 5 18 /04 /avril /2014 04:55

Quand on est un lecteur intensif, lisant jusqu'à trois livres par semaine, il peut arriver que l'on se trompe. Pas tant sur la qualité d'un roman. En général, on sent très rapidement ce qui fait la force d'un texte, son originalité ou bien sa solidité. Et puis, les vraies daubes sont heureusement fort rares. Par contre, c'est sur l'auteur lui-même qu'on s'illusionne quelque peu, parfois. On se dit qu'il possède un beau potentiel, voire déjà une maturité d'écriture, qu'il sera en mesure d'exploiter dans ses futurs romans. Hélas, soit parce qu'il tient à garder un certain dilettantisme amateur, soit parce qu'il n'est pas en mesure de poursuivre – faute d'inspiration ou de méthode, l'auteur déçoit. Le lecteur intensif s'en veut, de temps à autre, de lui avoir accordé sa confiance.

C'est l'inverse qui s'est produit avec l'excellent Janis Otsiemi. Dès ses débuts, cet auteur gabonais affichait non seulement un grand potentiel, mais une réelle volonté de continuer. Janis a voulu parler du Gabon, à travers le polar. C'est un genre apprécié dans son pays, où il est souvent compliqué pour la population de se procurer des romans. L'éditeur Jimmy Gallier a vite compris les ressources de cet auteur, n'hésitant pas à le soutenir en publiant “La vie est un sale boulot”, “La bouche qui mange ne parle pas”, puis “Le chasseur de lucioles” avant “African Tabloïd”. Les médias nationaux ont fini par découvrir à leur tour le talent de Janis. Sa créativité linguistique, car le langage fleuri ne manque pas d'attrait, mais aussi les qualités de ses intrigues gabonaises.

Être publié en poche, c'est une nouvelle consécration méritée pour Janis Otsiemi. D'autant que ce polar est encore plus corsé que les précédents. Croisant plusieurs niveaux d’intrigues, il gagne en densité. Les portraits sont affinés, eux aussi. On différencie par exemple un truand sans règles, et ses complices agissant par besoin financier. Côté flics, même présentation nuancée. Tout cela permet à l’auteur de nous raconter en finesse le contexte criminel de son pays. Et de souligner que Libreville est très cosmopolite, avec des gens venus de divers pays africains.

Outre l’aspect purement policier, en témoigne la question du SIDA, c’est un roman comportant une bonne part de chronique sociale. Et puis, il y a toujours ce délicieux langage (un deuxième-bureau, c'est la femme clandestine d'un mari; la rompée, c'est la fin de la journée de travail; partager la bouche d’un autre, c’est être du même avis; le bouya-bouya, ce sont les embrouilles). Ce qui ajoute une belle authenticité à l’histoire, bien sûr. Chaque chapitre est même assorti de proverbes locaux. Janis Otisemi nous offre ici un sacré voyage à Libreville !

Janis Otsiemi : Le chasseur de lucioles (Pocket, 2014)

Dans la capitale gabonaise, il y a des flics consciencieux tels Boukinda et Evame, de la Direction Générale des Recherches. Et d’autres comme Koumba et Owoula, toujours prêts à accepter un bakchich pour fermer les yeux, qui fréquentent assidûment les bordels locaux. Joseph Obiang ne devait pas être un flic tellement honnête non plus, lui qui fut mêlé à la disparition d’armes à feu. On a trouvé son cadavre sur la plage du Tropicana. Boukinda et son collègue enquêtent, tout en sachant qu’ils ont peu de chance d’attraper celui qui a abattu ce Obiang.

À Libreville, il y a toutes sortes de bandes, souvent des malfrats d’occasion. C’est le cas de Marco, qui ne gagne guère sa vie en balayant les rues. Quand Bosco lui propose un braquage, avec le garagiste Tom pour complice, Marco hésite car c’est un coup préparé par Sisco. C’est un caïd douteux, que l’on surnomme Lucky Luke, l’homme qui se tire avec le pognon plus vite que son ombre. Et Sisco a été mêlé à de sales affaires, où il y a eu des morts. D’ailleurs, il se garde bien de dire d’où viennent les armes à feu qui serviront au braquage. Marco et ses amis se laissent tenter. Ils peuvent penser qu’ils ont eu raison, car il n’y a pas eu de victimes et le butin se chiffre en millions. L’opération agite quand même les polices de la ville, alors il est préférable qu’ils restent très prudents.

Des prostituées ont été martyrisées et tuées dans des chambres miteuses au motel Le Labyrinthe ou au motel La Semence. Même s’il garde un œil sur le spectaculaire braquage, c’est une enquête pour le flic véreux Koumba. Une bonne occasion de faire raquer les responsables de motels, afin de leur éviter des poursuites. De leur côté, Boukinda et Evame font bientôt le lien entre le meurtre de Obiang et le braquage fructueux. Grâce à leur ami journaliste Gaspard Mondjo, aussi bien informé que la police, ils sont sur les traces de Sisco. Au sein de la bande, la tension monte vite entre Sisco et Marco...

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17 avril 2014 4 17 /04 /avril /2014 04:55

Patrice Alègre, Marc Dutroux, Michel Fourniret et Monique Olivier, Guy Georges, Francis Heaulme, Émile Louis, Thierry Paulin, Mamadou Traoré : sinistre énumération, s'agissant de tueurs en série. Non seulement ils ont fait la “une” de l'actualité, mais on continue ponctuellement de les évoquer. Peut-être parce qu'ils apparaissent tels des loups garous de notre temps, des monstres dont – en particulier – les femmes doivent se méfier. Leurs parcours montrent pourtant qu'ils furent tardivement suspectés. Avec son visage ouvert et sa générosité, qui eût soupçonné le tueur de vieilles dames Thierry Paulin ? Émile Louis, un “pépère pervers”, on a longtemps eu du mal à l'imaginer. Certes, à peu près tous ont fait l'objet d'alertes, ont eu affaire à la Justice ou ont été repéré pour de simples méfaits. Ces meurtriers furent assez habiles pour ne pas se faire prendre trop vite.

Les avocats ne plaident plus, aujourd'hui, “l'enfance malheureuse” de leurs clients. C'est estimé trop usé, cet argument caduque. D'ailleurs, ça n'excuserait nullement les crimes qu'ils ont commis. Les traumatismes de l'enfance, la brutalité et les violences répétées de la part d'un père, ça ne conduit pas forcément à tuer. Adulte, on peut se corriger, ou bien tomber dans l'ivrognerie, garder une grosse part de haine envers la terre entière, sans que ça oblige à devenir assassin. Dans ce livre, les interviews du neuropsychiatre Serge Bornstein et du psychologue Philippe Herbelot, experts auprès des tribunaux, parlent de la pulsion criminelle : “Elle vient des fragilités de l'enfance, qui entraînent chez un sujet une grande sensibilité qui va le faire souffrir toute sa vie.” Toutefois, ces tueurs ne sont pas des victimes à plaindre. Utilisant une séduction parfois trouble, ce sont des chasseurs.

Agnès Grossmann : L'enfance des criminels ("Points Crime", 2014)

Ces huit portraits, débutant par l'exposé de leurs crimes, ne sont absolument pas destinés à absoudre leurs actes. Par contre, “comprendre” leurs motivations est essentiel. Dans le cas de Patrice Alègre, fils d'un CRS souvent absent et d'une blonde coiffeuse aimant faire la fête, on réalise l'hérédité offerte au personnage. Il vit sa mère pratiquer certains actes sexuels avec des hommes de passage, il fut battu par son père alors qu'il essayait de protéger sa mère, néanmoins fautive mais pas à ses yeux. Les psychiatres ont remarqué qu'Alègre tuait autour de moments festifs, après avoir généralement provoqué le refus de jolies femmes. Laxisme de la mère, rigidité du père, relation de cause à effets avec son enfance, ou pas ? Ses fugues et errances d'adolescents, compensées par plusieurs années de vie en couple, la drogue pour attirer quelques-unes des victimes, tout un parcours.

Natif de Metz, entre sa mère et sa sœur, l'enfance de Francis Heaulme fut cruelle. “La vie à la maison était très dure. Ma mère était très malheureuse avec mon père, ma sœur aussi. Nous n'avions le droit de rien faire, nous ne pouvions pas sortir... Mon père battait beaucoup ma mère. Je m'interposais entre eux pour ne pas que ma mère prenne des coups... Mon père buvait, c'était un fauve. Il nous martyrisait à coups de ceinturon.” Non, en effet, ça ne justifie pas de tuer des enfants ou des femmes par la suite. Ça peut quand même expliquer que Heaulme soit devenu un routard, sans véritables attaches. Pour ce qui est de capter l'état d'esprit du tueur, exemple même de ceux n'ayant jamais formulé de vrais regrets, l'enfance est-elle un élément déterminant ? On peut penser que c'est ce qui l'a rendu taiseux, introverti, sans que ce soit une circonstance atténuante.

Devant les psys, Mamadou Traoré a été catégorique : “Mon passé n'a rien à voir avec les faits qui me sont reprochés.” Possible, pourtant cet homme né au Sénégal en 1973 voue une haine tenace à ses parents. Peut-être parce qu'à sa naissance, il pense n'être venu au monde que grâce aux pratiques vaudou de sa mère ? Plus tard, il est déraciné en venant en France, rate sa scolarité, s'avère très éprouvé par le divorce de ses parents. Fugues, mauvaises fréquentations dans des bandes, retour au Sénégal puis de nouveau en France. Beaucoup trop d'instabilité pour un adolescent fragile, mal dans sa vie ? Sûrement, sans qu'il s'agisse d'excuses, il faut le répéter. Tels sont les faits, idem pour Guy Georges, Émile Louis, Thierry Paulin, Marc Dutroux, Monique Olivier et Michel Fourniret (même si celui-ci n'eût pas de parents méchants).

Publié dans la nouvelle collection Points Crime, dirigée par Stéphane Bourgouin, ce livre est préfacé par Christophe Hondelatte, avec lequel l'auteure a collaboré à la télévision. On ne peut qu'avoir peur de tels personnages ingérables. On n'a pas envie de croire qu'ils posséderaient un “bon fond”, une humanité. Pourtant, se faire une opinion à leur sujet, ça inclut de savoir d'où ils viennent. Un ouvrage passionnant.

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15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 16:54
Quiz : devinez le nom de cet écrivain ?
Quiz : devinez le nom de cet écrivain ?

Mercredi 9 avril 2014, j'ai pris quelques photographies au pays d'un auteur très connu, un écrivain qui publie dans divers genres littéraires (dont le polar) depuis bientôt cinquante ans. D'ailleurs, sa région natale sert de décor à bon nombre de ses romans. Ses plus récents livres sont publiés chez Fayard, Héloïse d'Ormesson, Rivages, etc. N'hésitez pas à proposer un nom dans les commentaires...

Quiz : devinez le nom de cet écrivain ?
Quiz : devinez le nom de cet écrivain ?
Quiz : devinez le nom de cet écrivain ?

Un quiz pour le plaisir : dans les commentaires, quelques amis visiteurs donnent la réponse !

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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 04:55

Probablement pas le titre le plus connu de Didier Daeninckx, ce noir suspense est de très bon niveau. Outre l’intrigue criminelle, l'auteur nous promène dans Le Havre. Bien sûr, il aborde aussi des sujets sociaux et historiques, qui lui sont chers. Surtout, ce texte est construit autour des photos de Cyrille Derouineau. Ces images en noir et blanc contribuent à l’ambiance de l’histoire. Belle harmonie entre le texte et les illustrations, ce qui donne un excellent résultat. Un livre à redécouvrir.

Didier Daeninckx : Le crime de Sainte-Adresse  (Terre de Brume, 2004)

Le Havre est la ville natale de Céline. La jeune femme y est aujourd’hui policière. Son collègue Julien est aussi son meilleur ami. Une nuit, on les appelle dans le quartier des Neiges. Un homme d’une vingtaine d’années vient d’être tué rue Cuvier. Céline se lance à la poursuite d’une fuyarde, qu’elle ne peut rattraper. Le lendemain, une Golf abandonnée est remarquée rue de l’aviateur Guérin. Cette voiture belge est celle de la victime. Selon un témoin, l’homme était accompagné d’une jolie femme rousse. Quand Céline la repère, la rousse est pourchassée en voiture et plonge à l’eau, échappant à tout le monde.

Les flics belges qui la traquaient affirment qu’elle est dangereuse. Des renseignements en provenance de Belgique ne prouvent guère que ce couple soit suspect. Rien n’indique que Judith ait tué son compagnon Jean-Loup. Qu’ils aient acheté leur voiture à un minable truand est sans rapport avec l’affaire actuelle. Judith a été vue chez un coiffeur. Céline et Julien interviennent. La rousse s’enfuit encore. Plus tard, elle s’arrange pour que Céline l’écoute. Elle parle d’une précieuse cassette audio, cachée dans la Golf. Quand Judith est abattue par les flics belges, Céline récupère l’enregistrement. C’est cette preuve contre eux que recherchaient ceux qui ont éliminé ces deux témoins gênants...

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13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 04:55

Écrit en 1969, "Meurtre en 3D" est l’un des ultimes Perry Mason (le 80e sur 82) d'Erle Stanley Gardner, décédé en 1970. Une intrigue du même niveau que d’habitude, avec des rebondissements qui restent nombreux et captivants, jusqu’au dénouement. Un roman captivant, traduit par Maurice-Bernard Endrèbe.

Erle Stanley Gardner : Meurtre en 3 D (Un Mystère, 1970)

Ce n’est pas la première fois qu’une cliente s’adressant à l’avocat Perry Mason refusait de lui donner son identité. Il est habitué à ce qu’on lui mente ou qu’on ne lui livre qu’une partie des faits. Pourtant, cette fois il s'en veut de ne pas avoir été assez ferme avec la jeune femme venue le consulter. Aussi charge-t-il le détective Paul Drake de découvrir qui elle était. Pourquoi Diana Douglas transportait-elle dans une mallette une forte somme en billets (cinq mille dollars) ? L’avocat se doute bien qu’il s’agissait d’un chantage, que le code 92-60-92 est destiné à la prise de contact avec le maître-chanteur. Diana venait de San Francisco à la place de son frère, récemment victime d’un accident.

 

Perry Mason remplace à l’hôtel Diana par Stella, employée de Paul Drake. Le maître-chanteur, Cassel, se manifeste. Perry refuse de payer, gagne du temps, trouve l’adresse de cet homme. Deux policiers recherchant Diana veulent l’interroger sur la disparition de vingt mille dollars au siège de la société qui l’emploie. L’avocat doit une fois de plus ruser. Diana Douglas n’a pu prendre le même avion que Perry Mason pour regagner San Francisco. Mais il l’y retrouve le lundi. Il apprend la mort du frère de la jeune femme. Il rencontre ses patrons, Franklin Gage et Homer Gage, l’oncle et le neveu. Le premier est plutôt hypocrite, le second assez sec. L’affaire s’arrangera-t-elle avec le retour de la moitié de la somme disparue ? Des indices concordants désignent Diana comme l’auteur du meurtre de Cassel : elle possédait un mobile, l’arme appartenait à son frère. Sans oublier la carte de crédit perdue. L’avocat ne sera pas moins combatif que d’ordinaire...

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12 avril 2014 6 12 /04 /avril /2014 04:55

Les enquêtes de l'avocat Perry Mason, il est bon d'y revenir de temps à autres. Et celle-là fait partie des plus captivantes. Une affaire aussi compliquée que d’habitude. Elle peut sembler assez claire, mais l'auteur était habile. L’intrigue, la narration et le suspense sont de très bon niveau. Le dénouement mérite d’être bien lu, pour apprécier. Un Perry Mason de fort belle qualité, dont la traduction est due à Henri Thyès. À noter que ce livre fut présenté sous deux couvertures différentes.

Erle Stanley Gardner : Le bigame innocent (Un Mystère, 1950)

En pleine nuit, une blonde sur l’escalier de secours est repérée par l’avocat Perry Mason. Cet objet métallique qu’elle avait en main, était-ce une arme ? Où est-elle passée ? Mason l’invite à entrer dans son bureau. Elle explique qu’elle est employée de la société Garvin, qu’elle attendait son patron, qu’elle a dû s’éclipser. Quand l’avocat sort avec elle de l’immeuble, voulant vérifier son identité, elle s’arrange pour filer. M.Garvin s’adresse à Perry Mason, car sa position est délicate. Il a divorcé d’Ethel Carter pour épouser la belle Lorraine, au Mexique. Or, aucune pièce officielle n’atteste du divorce. Il se demande si son ex-femme a fait semblant d’accepter, et dans quel but elle aurait agi ainsi. Mason découvre bientôt que M.Garvin risque de perdre son poste à la prochaine réunion de sa propre société, sa femme en étant la cause.

L’avocat met son client et Lorraine à l’abri au Mexique, où il ne risque pas d’être poursuivi pour bigamie. Mais le détective Paul Drake lui apprend que ses hommes ont perdu de vue Ethel Carter. Le lendemain, on la retrouve assassinée dans sa voiture à Oceanside. Mason se demande si elle y a rejoint cet homme qu’elle a connu dans le Nevada ? Heureusement, M.Garvin possède un bon alibi, puisqu’il se trouvait au Mexique. La police réussit à faire revenir M.Garvin aux États-Unis, où il sera accusé du meurtre de son ex-épouse. Mais Perry Mason aimerait en savoir plus sur le rôle de plusieurs personnes dans cette affaire. En particulier, celui de la belle blonde prénommée Virginia. La nuit du crime, elle se trouvait encore sur l’escalier de secours. Quant à identifier une des voitures venues sur les lieux cette nuit-là, ça peut entraîner des ennuis pour l’avocat. D’autant que l’accusation paraît prête, et ne fera pas de cadeau. Mason sauvera-t-il son client, cette fois ?

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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 04:55

Aliona Ivanovitch est un jeune médecin et un fervent religieux. De retour d’un congrès le jour du Yom Kippour, une macabre surprise l’attend chez lui. Léopoldine, la 2e épouse de son père Jakob, gît sur le lit d’Aliona. Elle est morte, une étoile de David ensanglantée dans le cœur. Il reconnaît un pendentif appartenant à son épouse Rebecca. Jakob Ivanovitch se trouvait à New York. Une expo photo insolite lui offre une notoriété tardive, qu’il savoure. Ignorant le drame, il rentre à Paris. Il arrose seul son brillant succès, peu étonné de l’absence de sa femme : Léo est une publicitaire connue, très occupée.

Le commissaire Foular aime bien les Juifs du Sentier, qu’il essaie vainement de comprendre. Quand il interroge Aliona, Foular éprouve une certaine sympathie pour lui. Mais la piété obsessionnelle du médecin ne fait pas l’unanimité chez les siens, dont beaucoup n’oublient pas l’époque nazie. Foular est séduit par Salomé, la sœur rondouillarde d’Aliona, qui n’a pas un caractère facile. La seule personne respectée par Salomé, c’est la vieille tante Alice. Le passé reste très présent pour cette rescapée des camps de la mort, mémoire de leur famille.

Rebecca, l’épouse d’Aliona, séjourne chez son père, le rabbin Mardochée. Foular les interroge. Bien qu’elle ne possède pas d’alibi, Rebecca lui semble innocente. Par contre, il est évident qu’elle ne supporte plus la vie commune avec son mari. Salomé rompt avec son amant Théodore, qui fut autrefois celui de sa mère. La défunte a émis le vœu d’être incinérée. Aliona voudrait s’y opposer, par conviction religieuse. Quand tous se réunissent, tante Alice évoque l’enfance de Léopoldine, née Marushka Litvak...

Laura Conti : Le crime parfait (2001)

Publié en 2001 aux éditions Julliard, ce roman est disponible chez Pocket depuis 2003. Un polar, certes, mais agrémenté de nombreuses scènes souriantes. Les notes explicatives en fin de volume sont souvent amusantes. Le sujet toujours sensible de l’identité Juive est donc traité avec légèreté. Toutefois, l’histoire tragique de ce peuple reste présente dans le récit. La narration se veut vive, enjouée, volontairement brouillonne ou imprécise. C'est que, à l'instar du policier Foular, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver dans certaines familles juives. Un roman plutôt drôle et sympathique, tout en rappelant l’importance du passé.

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8 avril 2014 2 08 /04 /avril /2014 04:55

Dernière partie de cette sélection de romans sur le thème des conséquences de la guerre.

Valentin Musso : Les cendres froides (Les Nouveaux Auteurs, 2011)

En 1999, Aurélien Cochet est enseignant, tandis que sœur Anna termine ses études. Leur grand-père Henri reste leur dernière attache familiale. Il vit avec sa compagne Alice, du côté de Châlons-en-Champagne. Au décès de leur aïeul, Aurélien doit faire le tri dans sa collection de films anciens et rares. Il découvre une bobine aux images surprenantes. Dans ce film amateur, on voit son grand-père dans une maternité, auprès du personnel, des patientes, et d’un officier SS. Aurélien admet en savoir peu sur l’histoire ancienne de sa famille. Le voir dans ce qui est visiblement un lebensborn, parait déroutant. Aurélien contacte l'universitaire Héloïse Tournier, qui avait rencontré son grand-père. Sa thèse porte sur les enfants franco-allemands illégitimes durant la guerre, et en particulier sur les lebensborn... À Châlons-en-Champagne, le lieutenant de gendarmerie Franck Launay et sa collègue Émilie Duhamel enquêtent sur le meurtre d’une octogénaire. La mort de Nicole Brachet ressemble à un home jacking qui aurait mal tourné. Certes, le domicile de la victime est en désordre, mais qu’aurait-on volé chez cette dame vivant modestement ?Retour sur la Première Guerre Mondiale...

Michel Quint : Veuve noire (Éd.L'Archipel, 2013)

1918. Âgée de trente ans, Léonie Rivière est veuve de guerre. Mort sur le front, son mari Antoine avait déjà perdu sa fortune par des investissements douteux. Léonie vit seule à Paris, dans ce quartier de Montparnasse où elle croise des artistes tels Modigliani ou Cendrars. Elle survit en écrivant quelques piges pour les journaux. En ce 11 novembre, règne partout une excitation particulière, symbole du conflit terminé. Léonie rencontre Edgar Prouville, séduisant ancien combattant. Celui-ci a vécu un épisode sanglant au printemps 1917, non loin du Chemin des Dames. Bien que sur ses gardes, il est légèrement blessé par un coup de poignard, qui ne s'explique guère. Se disant marchand d'art, Edgar est devenu l'amant de Léonie. Celle-ci préfèrent ne pas s'arrêter à ses idéaux réactionnaires et à sa conception cynique du marché de l'art. Elle accepte de stocker dans son appartement les toiles achetées par Edgar. Elle ignore comment il se procure ces tableaux, dont l'un est signé Modigliani. Finalement, Léonie est engagée par les journaux L'Excelsior et Le Petit Parisien. Elle enquête sur les agences matrimoniales, florissantes avec tant de veuves. En catalogue, l'agence dispose d'une photo appât du sémillant Edgar. Qui se fait appeler dans ce cas Arthur Séverin. Quand Edgar disparait, des traces de sang chez Léonie s'avèrent inquiétantes.

La guerre et ses conséquences (3/3)

Guillaume Prévost : La valse des gueules cassées (10-18)

Printemps 1919. Blessé durant la guerre, François a suivi une formation à l’école de police. Âgé de vingt-six ans, il intègre aujourd’hui la Brigade Criminelle, Quai des Orfèvres. Il est affecté dans le service de l’inspecteur principal Robineau, une figure de la police, proche de Clemenceau et des Anciens Combattants. S’il garde quelques traumatismes, François n’en montre rien. Il est très vite plongé dans une enquête, au côté de son supérieur. Un cadavre est retrouvé dans un atelier vide de la gare Montparnasse. Robineau et François s’aperçoivent bientôt que des travaux souterrains ont été effectués sous le bâtiment en question. Grâce à une facture de quincaillier, François essaie d’identifier la victime. Une autre affaire met à l’épreuve la sagacité du jeune policier. Un vol de diamants a été commis au domicile du couple Maupin, qui rentre d’un voyage en Afrique. Le seul suspect est leur domestique Noir. François ne tarde pas à le disculper. Il trouve le chemin emprunté par les voleurs, établissant un rapport avec le crime de Montparnasse. Un autre meurtre est commis dans un garni, rue de Montmorency. Là encore, l’homme a subi des mutilations au visage qui rappellent celles des soldats blessés, les gueules cassées.

Benoît Séverac : Rendez-vous au 10 avril (Éd. TME, 2009)

Toulouse, au tout début des années 1920. Encore récente, la Grande Guerre a profondément marqué cet inspecteur de police. Sans doute parce qu’on lui confia des missions hors normes. Il ne soigne guère son aspect, ne cherche pas à sympathiser avec ses collègues, abuse des boissons alcoolisées, et c’est un habitué du bordel de chez Lulu. Il a besoin de morphine pour effacer les visions d’horreur qui le hantent. L’école vétérinaire est une des institutions toulousaines. Le Pr Chervin, un des enseignants, vient de s’y suicider dans son bureau. Guignard, le directeur de l’école vétérinaire, est peu coopératif, pressé que le policier boucle une enquête inutile. Rue Monplaisir, la mort de l’huissier Raynal apparaît suspecte. Des voisins ont signalé des cris, et vu une silhouette s’enfuir. Pourtant, le Dr Millot n’a constaté qu’une crise cardiaque, et signé le certificat de décès. Pas insensible à la veuve Raynal, l’inspecteur est prêt à relativiser l’affaire, si le Dr Millot lui fournit de la morphine. A l’école vétérinaire, l’adjoint de Chervin masque mal l’antipathie que lui inspirait son collègue. Cavaignac jalousait sa carrière, car il était aussi compétent que lui.

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