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30 mai 2014 5 30 /05 /mai /2014 04:55

Début 1993, Oliver Cross débute comme ambulancier à la Station 18 de Harlem. Il compte de nouveau tenter l'examen d'entrée en médecine. Ce qui lui vaudra d'être surnommé “Le Légiste” par ses collègues. Ollie admet être moins combatif que sa petite amie Clara, déjà admise en médecine. Chez les urgentistes new-yorkais, il va devoir s'accrocher. D'abord, éviter d'être éjecté comme le jeune Phelps, venu du Tennessee rural, jamais inséré dans le groupe. Sauver un vieil asthmatique dominicain, ne pouvoir rien faire pour une fille tomber d'un immeuble, écarter un clodo alcoolo d'un restaurant propre, appeler les flics si des toxicos mineurs les menacent, tel est le quotidien de leurs interventions. Ollie a de la chance d'opérer en duo avec le solide Gene Rutkovski. Cet ex-militaire est un urgentiste expérimenté, fonceur mais bien moins brutal que leur collègue LaFontaine.

Après quelques erreurs pardonnable, Ollie finit par être mieux apprécié dans leur groupe, quand il réussit à mâter un chien très méchant. Il réalise que savoir doser son altruisme est indispensable dans ce job. D'autant qu'Harlem dans ces années 1990 reste un quartier violent, où l'on ne respecte guère les ambulanciers de la minable Station 18. Comme le flic Pastori, il convient parfois de férocement rappeler à l'ordre des petits voyous. Imaginer rester indifférent à ce qui les entoure est impossible. Surtout quand il s'agit de découvrir un cadavre dans sa vermine, ou même de calmer un jeune suicidaire d'un milieu clean. Après “Le Légiste”, Ollie risque d'être surnommé “La Mère Teresa de Harlem” s'il montre trop d'empathie. À la Station 18, l'ambulancier confirmé Reggie Verdis joue déjà ce rôle de perpétuel Bon Samaritain. Il est vrai qu'il faillit emprunter une voie plus religieuse.

Sa relation avec Clara devient tendue, car elle éprouve de l'animosité pour Rutkovski, et ne comprend guère que c'est un métier où il faut s'impliquer à fond. De son côté, s'il reste discret sur sa vie privée, Rutkovski a sa part de problèmes avec son ex-quatrième épouse. Il conseille à Ollie de ne pas s'éterniser dans ce job, s'il veut une vie équilibrée. Entre Mitch Green, boxeur du niveau de Mike Tyson qu'il faut maîtriser, et un concert des Fugees qui vire très vite à l'émeute, peu de répit pour les urgentistes en cet été caniculaire.

Ce n'est pas le mordant LaFontaine qui calme l'ambiance au boulot. Quand Rutkovski et Ollie interviennent chez une junkie venant d'accoucher d'un bébé sans vie, c'est le début des ennuis. “Mort-né. Une toxico accro au crack séropositive qui a continué à prendre de la méthadone pendant sa grossesse. Tu t'attendais à quoi ?” Sauf que le scénario est autrement interprété par la hiérarchie et par les médias. En espérant que Rutkovski soit réintégré, Ollie fait désormais équipe avec le bienveillant Verdis...

Shannon Burke : 911 (Sonatine Éd., 2014) – Coup de cœur –

Shannon Burke utilisait un contexte new-yorkais proche dans son premier titre paru en français, “Manhattan Grand-Angle” (Série Noire, 2007). Cette fois, se servant de sa propre expérience d'ambulancier à New York, il va très loin dans le réalisme. D'abord, le Harlem décrit ressemble d'assez près à l'enfer : “Des rues sales, des stations de métro délabrées, des poubelles qui débordent, des rats, des terrains vagues un peu partout... Les districts les plus violents étaient le 32e à West Harlem et le 34e à Washington Heights. C'était précisément la zone que notre unité quadrillait, et nous en étions fiers.” Dans de pareilles conditions, une sérieuse force de caractère est indispensable pour tenir. Des extraits de la formation des ambulanciers, cités dans le récit, indiquent qu'on essaie de les préparer. Les cas décrits par l'auteur sont nettement plus “parlants”, bien évidemment.

Cette histoire est puissante, sans lyrisme excessif, par la tonalité de son témoignage. Chez les urgentistes, existe un panel de comportements. Ça va du plus soucieux des autres comme Verdis, au plus cynique tel que LaFontaine (qui affirme “Pour préserver l'objectivité et la distance professionnelle qui s'imposent, le mieux pour un ambulancier, c'est de détester ses patients”). Et des pros vraiment compétents comme Rutkovski, pouvant finir par éprouver des états d'âme négatifs. Plus qu'une vocation, leur métier devient addictif chez la plupart de ces ambulanciers, primordial tout en étant conscients qu'ils ne sauvent pas tant de gens. Parce que dans cette population, soit de purs toxicos, soit de pauvres mal soignés, beaucoup sont à la frontière de la misère avec un pied dans la tombe.

S'il avait cherché à nous apitoyer, Shannon Burke serait passé à côté de son sujet. Bien au contraire, il montre que vivre à Harlem en ce temps-là, c'est accepter d'être en marge. Y compris pour ces urgentistes mal considérés de tous. Toute la dimension sociale du roman noir, dans cet univers vécu où règne l'incessante présence de la mort. C'est remarquable !

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28 mai 2014 3 28 /05 /mai /2014 04:55

Diplômé en théologie habitué à parcourir le monde, Simon Lange est âgé de trente ans. Il vient d'assister aux obsèques de ses parents, qui vivaient au Liban. C'est là qu'il a appris qu'ils n'étaient pas ses géniteurs. À cette occasion, il a rencontré Markus Kershner, un ami de son père possédant un logement à Jérusalem. Cette nuit-là, ivre sur l'Esplanade des Mosquées, Simon finit par avoir des ennuis avec la police. Sorti bien vite, il retrouve le studio de Markus saccagé, l'ami de son père ayant disparu. Ce qui aiguise son besoin d'en savoir plus sur les secrets de Paul Lange, autant que sur ses propres origines. Il se rend à Berlin, où il espère dénicher la trace de Markus. Simon sympathise avec Raphaël, serveur au bar où le disparu est censé avoir ses habitudes. S'il ne sait rien, c'est une inconnue en contact avec Markus qui, dans ce bar, lui donne son adresse.

L'appartement en question a été saccagé, comme le logement de Jérusalem. Simon n'est pas maladroit pour repérer les indices cachés par Markus, dont une liste de chiffres. Un nom le conduit à Sarrebruck, auprès d'un universitaire. Le philologue Pogel est un expert concernant le Coran, et un ami de Paul Lange. Il retrace pour Simon l'historique du livre saint de l'Islam. Si les fondamentalismes nie l'évolution de ces textes, des passerelles existent avec la Bible. Et, tant dans le contenu des versets que dans la chronologie où il sont désormais présentés, il y a plusieurs versions pour les sourates. Des études fort peu diffusées envisagent l'hypothèse d'un Coran plus ancien, plus authentique.

À Paris, Simon découvre l'appartement de ses parents adoptifs occupé par deux tueurs. Il déguerpit au plus vite face au danger. Après avoir fait la connaissance de la belle Sabbah, employée de l'Unesco, et de son chien La Truffe, Simon espère interroger un autre expert du Coran à la BNF. Celui-ci est récemment décédé dans un accident, comme les parents de Simon. Un autre spécialiste lui explique que certains copistes du Coran ont pu prendre des libertés avec le texte. Et que la liste de chiffres trouvée chez Markus correspond sans doute à des versets controversés. Traînant vers Pigalle afin de s'enivrer, Simon se heurte à des intégristes religieux. Qui n'ont peut-être pas croisé son chemin par hasard.

Simon s'arrange pour renouer contact avec Sabbah. Se montrant amicale, elle garde une distance entre eux. Il fait un détour par Arles, où sa tante Marie est employée dans un musée. Bien conscient qu'on le traque à l'échelle planétaire, son périple va l'exposer à de multiples dangers. Outre Sabbah, jamais si loin, il aura assurément besoin de l'aide du mystérieux “Monsieur X”. Habile à masquer son identité, cette personne connaît certains secrets sur les origines supposées de Simon. Son tumultueux voyage ne peut que le ramener au Moyen-Orient, pour affronter une secte très ancienne...

Philip Le Roy : La Porte du Messie (Cherche-Midi Éd., 2014)

La foi religieuse est parfaitement respectable en tant que pratique privée. On a le droit d'être plus sceptique quand elle est présentée comme idéologie politique. Pourtant, c'est le cas de l'essentiel des religions à travers le monde. On assiste ainsi à la résurgence de l'intolérance envers ceux qui ne partagent pas les mêmes idéaux, comme toujours. Ce qui entraîne des persécutions de croyants, quelle que soit leur foi, et des conflits guerriers ou terroristes. Y compris dans les pays occidentaux en paix, certains extrémistes de tous poils attisent la haine, sous prétexte religieux. Certes, les livres saints (la Bible, le Coran) comportent une part de violence. Pourtant, nombreux sont les spécialistes qui ont “déminé” la lecture de ces ouvrages. Parlent-ils vraiment de conquête au nom de leur foi, de s'imposer partout par la force ?

Ici, validé par le théologien Guillaume Hervieux, le romancier Philip Le Roy va encore plus loin dans les hypothèses sur l'origine des religions monothéistes. Plutôt que de publier un obscur essai, une illisible thèse sur le sujet, l'auteur imagine une fiction basée sur les mêmes travaux. Grand prix de Littérature policière 2005 (pour “Le dernier Testament”), il entraîne avec virtuosité son héros dans une succession de situations mouvementées, dans des pérégrinations à haut risque. Heureusement, s'il aime la méditation, Simon est aussi un adepte des arts martiaux, ce qui l'aide à se défendre quand c'est nécessaire. Et des ennemis, il va en croiser des flopées. “Quel est le plus grand danger pour l'Islam ?” telle est la question initiale qui guide l'intrépide Simon. Considérations sur le Coran, suspense agité, voilà une histoire avec deux lectures possibles, ce qui double notre plaisir.

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26 mai 2014 1 26 /05 /mai /2014 04:55

Âgé de cinquante-cinq ans, Thelonious Avogaddro est détective à New York, après avoir fait partie de la police pendant de longues années. Marqué par une vie chaotique, il tente de trouver un peu d'équilibre auprès de la belle Patricia, architecte d'intérieur, de dix ans sa cadette. Amateur de jazz, Thelonious est natif de San Francisco. Son père octogénaire vient de mourir. Il restait son ultime famille. Sans tarder, il traverse les États-Unis jusqu'à la côte ouest. À son arrivée, le policier Flanagan – que Thelonious n'apprécie guère – lui apprend l'arrestation d'Howard Kendrick. C'est l'homme qui, quarante ans plus tôt, fut soupçonné du meurtre de Laura, la sœur de Thelonious. Ce repris de justice junkie vivait avec la jeune femme, qu'il avait entraînée dans la consommation de stupéfiants. Kendrick père, puissant businessman milliardaire, fit intervenir une brillante avocate afin de sortir son fils du pétrin. On lui trouva un alibi, pourtant incertain, et il échappa aux poursuites.

Howard Kendrick partageait désormais la vie de Cassandra Lassiter, productrice de cinéma connaissant un grand succès. Stacy Chapman, jeune employée à domicile de Cassandra, à été poignardée. On a forcé le coffre-fort de la maison, volant une belle somme d'argent. L'ADN de Kendrick, probablement sous l'effet de la drogue au moment du crime, a été retrouvé sur le cadavre de la victime. En arrêtant Kendrick, Flanagan a réussi ce que n'a pas su faire Thelonious en plusieurs décennies. Le détective est prié de donner maintenant à ses ex-collègues l'unique exemplaire restant du dossier sur la mort de Laura. Il compte négocier cet échange, afin que le coupable n'en réchappe pas une fois encore. Cliff Cops, ami Indien de Thelonious, toujours flic, admet que si Kendrick père est moins omnipotent que par le passé, il garde du pouvoir. Le détective le vérifie en lui rendant visite dans le bunker où il habite, une sorte de labo où il se pense invulnérable.

Le crash d'un avion de ligne au-dessus du Golden Gate fait la une de l'actualité. L'enquête est menée par Ricky Tonnot, que Thelonious a bien connu naguère. Malgré une pression médiatique forte, il accumule consciencieusement les éléments dans cette spectaculaire affaire. On apprend bientôt qu'une femme visitait le cockpit à l'heure du crash. Thelonious rencontre l'avocate de Kendrick au temps du meurtre de Laura, puis Suzan Moore, du FBI, qui pourchasse un serial killer. Il fait un détour par la Floride, autant pour passer le week-end avec Patricia, que pour s'entretenir avec un ancien psy au sujet du cas Kendrick. Au retour, la maison du père de Thelonious a été incendiée. Il a des raisons de penser que c'est sur ordre de Kendrick père. En confrontant quatre dates et le portrait de la victime, Stacy étant le sosie de Laura, le détective n'a plus de doutes. Pourtant, la découverte de la vérité sera plus sinueuse...

Chris Costantini : Il n'est jamais trop tard (Éditions Versilio, 2014)

Après “La note noire”, récompensé par le Prix du premier roman au Festival de Beaune en 2009, Chris Costantini a publié deux autres titres remarqués : “À pas comptés” et “Lames de fond” (réédités aujourd'hui chez Versilio). Si certains préféreront suivre la chronologie, il est très facile de débuter par son quatrième roman (“Il n'est jamais trop tard” apparaît un titre de circonstance). En effet, Cris Costantini fait partie de ces auteurs à l'écriture nerveuse, qui plongent illico leurs lecteurs dans le vif du sujet.

Issu de la tradition du polar noir, détective quinqua, amateur de jazz comme l'indique son prénom, Thelonious est un personnage en perpétuel mouvement. Il a ses réseaux d'amis pour obtenir les meilleures infos. Au besoin, il traverse le pays pour quelques précisions. Il ne craint pas d'affronter d'ex-collègues bornés, ni le puissant père du présumé coupable. Sa vie privée ne peut pas vraiment être stable, mais il semble ne pas y renoncer. Côté perso, il garde un douloureux passif, le meurtre non résolu de sa sœur. Côté actualité, il y a ce crash encore tout récent quand il débarque à San Francisco. Lancé dans l'aventure, Thelonious dicte la cadence, accélère au besoin le tempo, et il n'y a plus qu'à le suivre.

Cette écriture “à l'emporte-pièce” (c'est-à-dire qui s'exprime de façon directe, incisive) est celle qui convient le mieux pour ce genre de roman. On est dans l'enquête efficace, dans le suspense percutant, dans la vivacité du rythme. Sans oublier quelques références à la musique, au roman noir et aux mythes du polar (“Comme Hitchcock, les grandes blondes glaciales me faisaient toujours de l'effet”). Une intrigue qui sait captiver ses lecteurs, ça fait toujours très plaisir.

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24 mai 2014 6 24 /05 /mai /2014 04:00

Ce week-end des samedi 24 et dimanche 25 mai 2014, Action-Suspense vous propose de jouer pour tenter de gagner un lot de quatre romans publiés ce printemps (valeur plus de 57 Euros).

 

Les livres à gagner ont été chroniqués ici (cliquez sur les liens) :

Chris Womersley : La mauvaise pente (Albin Michel)

Ryan David Jahn : Emergency 911 (Babel Noir, poche)

Michael Kardos : Une affaire de trois jours (Série Noire)

Luiz Alfredo Garcia-Roza : L'étrange cas du Dr Nesse (Babel Noir, poche)

Grand jeu-concours ce week-end : un lot de 4 polars à gagner

Il suffit de répondre à cette question :

Quelle romancière a publié en 2013 “Le cimetière des chimères” chez Au-delà du raisonnable ?

A droite de l'écran, la case “recherche” peut vous aider en cas de besoin --->

 

Envoyez la réponse à action.suspense@yahoo.fr en indiquant votre prénom, votre nom et votre adresse (qui resteront confidentiels). Le tirage au sort parmi les bonnes réponses aura lieu dimanche 25 mai à 20h30. Jouez vite !

Merci à tous ceux qui ont joué, en particulier de : Olivet (45), Saint-Jeannet (06), Courrière (Belgique), Brossard (Québec), Corse (20), Mouen (14), Ploemeur (56), Vertez (37), Paris (75), Albi (81), Montbazon (37), Perpignan (66), Moirax (47), La Queue-en-Brie (94), Lautrec (81), Noeux-les-Mines (62), Hénin-Beaumont (62), Cambes-en-Plaine (14), Outreau (62), Orléans (45), Bâgé-la-ville (01), Sainte-Marie-aux-Mines (68), Lyon (69), Mouvaux (59), Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse (11), Niort (79), Meaux (77), Bruguières (31), Besançon (25), Bures-sur-Yvette (91), Agneaux (50), Morbecque (59), Vaison-la-Romaine (84), Chein-Dessus (31), Rospez (22), Limoges (87), Pibrac (31), Servian (34), Bussy-Saint-Georges (77), Lure (70), Avignon (84), Murs-Erigné (49), Le Pecq (78), Montgeron (91), Versailleux (01), Auxerre (89), Essey-le-Nancy (54), Lille (59), etc...

La réponse était : Elena Piacentini

La gagnante du tirage au sort parmi les bonnes réponses est :

SANDRINE FAMECHON, d'OUTREAU (62)

 

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23 mai 2014 5 23 /05 /mai /2014 04:55

De nos jours à Cambridge, Monty Danforth est l'employé de la librairie de Roger Williams. Actuellement souffrant, son patron est au repos chez lui à l'extérieur de la ville. Monty doit répertorier le contenu d'un lot de livres, le fonds Greville. Parmi les ouvrages, il trouve un document qui pourrait être précieux. Il s'agit d'un très ancien manuscrit sur parchemin. Le texte n'est pas en hébreu, comme il l'a cru, mais en araméen. Il tente de le photocopier, mais rien n'apparaît au final. Idem lorsqu'il prend une photographie, le document reste vierge du texte. Accompagné d'une enfant blonde d'environ huit ans, un vieux monsieur se présente à la boutique, disant s'appeler Judson Garrett. Il est acquéreur du document de grande valeur. En l'absence de son patron, Monty ne peut prendre de décision.

Dès le lendemain, Monty consulte son meilleur ami, Hank Savage. C'est un scientifique à l'esprit très pragmatique, peu enclin au mysticisme, réaliste sur la nature humaine. Il sort le parchemin du coffre-fort de la librairie afin de le lui montrer. Hank admet l'étrangeté de ce document, dont l'ancienneté ne fait pas de doute pour lui. Monty veut téléphoner à son patron, mais Roger Williams reste injoignable. Plus tard, c'est un “Prince de l’Église” qui se présente à la librairie. Comme Judson Garrett, mais probablement pour d'autres motifs, il tient à obtenir le précieux document. S'il prend un air faussement aimable, ses propos sont plus proches de la menace que du simple conseil. L'esprit troublé, Monty en vient à penser que ce parchemin peut être capital pour l'ensemble de la chrétienté.

Sans nouvelle de Roger Williams, Monty se rend dans le village où réside le patron de la librairie. Il fait là une macabre découverte, et se retrouve encore plus seul pour décider de ce qu'il doit faire du document en araméen. Peu après, Monty est abordé par un troisième homme. Celui-ci se présente comme un érudit, se donnant pour mission d'éclairer tous ceux qui le souhaitent, y compris sur des vérités cachées. Il n'ignore pas que l’Église est prête à faire monter les enchères pour s'approprier le document. L'érudit explique à Monty l'origine authentique du parchemin, sans conteste important. Si c'est le cas, lui dit Hank, une estimation par un expert devient inutile. Mais que faire d'un tel document ?...

Anne Perry : Le mystère de High Street (Ombres Noires, 2014)

La collection Ombres Noires nous présente ici une novella signée Anne Perry. On connaît le talent de cette auteure dans les romans historiques (chez 10-18 : série “Charlotte et Thomas Pitt”, série “William Monk”, etc.). Anne Perry se montre aussi convaincante dans les histoires plus courtes (série “Petits crimes de Noël”). Situé à notre époque, le conte qu'elle nous propose complète l'étendue de son indéniable savoir-faire.

C'est un suspense flirtant avec le genre Fantastique, grâce à une petite dose de surnaturel. En réalité, ce sont des questions religieuses qui sont au centre de cette intrigue. On se met aisément à la place du héros Monty, désemparé face aux inquiétants personnages (hostiles, peut-être) qui souhaitent se procurer l'objet en question. Cette très agréable novella est suivie d'une interview d'Anne Perry, où elle explique l'origine de l'idée exploitée dans ce texte. Une histoire mystérieuse et mystique fort plaisante.

 

- “Le mystère de High Street” d'Anne Perry est disponible dès le 28 mai 2014 -

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22 mai 2014 4 22 /05 /mai /2014 04:55

En 1919, la Grande Guerre est terminée, mais Saint-Nazaire reste la base stratégique de l'Ouest de la France pour l'armée américaine. La présence des troupes alliées, et l'activité portuaire renforcée par cette présence militaire, profitent à l'économie locale. Encore que le personnel du port s'estime mal payé et, plutôt soutenus par la municipalité de gauche, les dockers poursuivent une longue grève. Tous ces jeunes soldats dans les rues de Saint-Nazaire, ça entraîne divers méfaits et arnaques à leur encontre. Ainsi qu'une prostitution féminine très importante, une débauche mal contrôlable. En outre, les trafics clandestins de marchandises variées fleurissent entre le camp de Montoir et la ville.

Ce n'est pas le policier Jules Cagot qui sera capable de mettre fin à aucun de ces troubles. Ancien combattant à la gueule-cassée, il a été réintégré dans la police de Saint-Nazaire, mais n'occupe qu'un emploi subalterne. Jules est sujet à des crises, créant une amnésie partielle, ce qui l'a amené à noter tout ce qu'il risque d'oublier brutalement. Quand le cadavre d'Emma Lenaour est retrouvé dans le marais de Brière, on conclut à un suicide. Militante de gauche, élue au conseil municipal, Emma fut avant-guerre la compagne de Jules. Dans le logement du policier, une sorte d'icône rappelle le souvenir de la jeune femme, à laquelle il lui arrive de parler pour meubler sa solitude et chasser sa douleur.

Joe Delaronde est un Indien de la tribu des Houmas, natif de Louisiane, dans le delta du Mississipi. Homme athlétique, il fut adjoint du shérif avant de devenir soldat. Joe a trouvé quelques indices autour de la mort d'Emma. Son enquête parallèle le mène au camp de Montoir, sur la piste d'un nommé John Greenwood. Le capitaine Brown, supérieur de Joe, est un ancien de l'agence Pinkerton. Si, pour lui, le cas de Greenwood doit se traiter en interne dans leur armée, une autre affaire pose problème. Jackson, un soldat Noir, vient d'être assassiné en ville. Puisque Joe parle une forme de français, le langage cajun, il va s'associer à la police française. C'est Jules Cagot qui enquête sur le meurtre de Jackson.

Le soldat américain disposait de beaucoup d'argent, sans doute le fruit de ses trafics au camp de Montoir. Jules a aussi découvert une forte somme cachée par un inconnu dans l'appartement d'Emma. Un coup monté visant à faire croire qu'elle était corrompue. Jules rencontre le médecin qui a signé le rapport sur la mort d'Emma. Il avoue avoir été payé pour faire croire au suicide. Peu après, la concierge de l'immeuble ou habitait Emma est torturée à mort. Puis c'est Jules lui-même qui est violemment agressé par des voyous. Joe intervient à temps, liquidant les malfaiteurs. Le duo espère qu'un visite au café “Le rocher du Lion” les fera progresser. Néanmoins, la menace mortelle est de plus en plus présente autour de Jules et Joe...

Alain Vince : Lafayette, go home ! (Éd.Terre de Brume, 2014)

Proche des célèbres marais salants de Guérande et des plages de La Baule, la Brière est aujourd'hui un parc naturel protégé de l'urbanisation excessive. En 1919, plus sauvage encore, ce site devait beaucoup ressembler aux bayous de Louisiane. Un Indien tel que Joe Delaronde, venant de la petite ville de Houma, n'aurait certes pas été désorienté dans ce décor. Il se démarque des autres militaires américains, alors qu'il peut pourtant se revendiquer d'un peuple originaire de leur continent. Il s'exprime dans un délicieux langage cajun, dont il a bien raison de dire que c'est du vrai français. L'autre héros, rescapé de la guerre, marqué physiquement et moralement, s'avère plus malheureux. À la limite du fétichisme, il est devenu introverti mais essaie de garder un rôle social. Si Joe et lui collaborent, c'est tout de même l'Indien qui reste le plus efficace.

Même s'il est citadin de longue date, le marais de Brière et Saint-Nazaire sont la région d'origine d'Alain Vince. Dans ce roman, il reconstitue ces lieux tels qu'ils étaient au début du 20e siècle. Ville ouvrière où les tensions sociales furent longtemps fortes, Saint-Nazaire est alors vivante et populaire. Y compris grâce à ces salariés venus des environs, voire de toute la Bretagne. Les quartiers de Méan-Penhoët, de Toutes-Aides, de l'Immaculée, sont probablement moins symboliques de nos jours. Les habitants étaient fiers à contribuer à l'essor de cette ville, à sa “modernité”. Si la création du port datait de la deuxième moitié du siècle précédent, il est vrai que la présence des troupes américaines durant la première guerre mondiale permit un développement encore plus important. Non sans occasionner certains problèmes, ce que suggère cette fiction.

Sans étalage inutile d'érudition, Alain Vince nous plonge dans l'ambiance nazairienne de cette époque. Un contexte plus que singulier, il faut le reconnaître. Soulignons l'habituelle fluidité narrative de cet auteur, qui ne manque pas de talent. Voilà une solide intrigue, au climat sombre, captivante et documentée, un roman noir historique de très belle qualité.

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 04:44
Rendez-vous ce week-end pour tenter de gagner un lot de 4 polars

Ce week-end, samedi 24 et dimanche 25 mai, Action-Suspense vous

propose de jouer pour tenter de gagner un lot de quatre romans publiés ce

printemps (valeur plus de 57 Euros).

Il suffira de répondre à une question assez facile. Vous adresserez vos réponses à l'adresse indiquée. Tirage au sort parmi les bonnes réponses le dimanche 25 mai à 20h30. N'hésitez pas à tenter votre chance !

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20 mai 2014 2 20 /05 /mai /2014 04:55

En cet automne, le célèbre œnologue Benjamin Cooker a rendez-vous sur la Côte d'Azur. L'expert en vins n'est guère attiré par la production viticole provençale, même s'il a des amis du côté de La Londe-les-Maures. L'ambiance de Saint-Tropez n'est pas non plus ce qu'il préfère. Il se rend sur le yacht de Jérôme Khan-Zack, riche homme d'affaire encore jeune, doté d'un bégaiement un brin gênant. Il vit entouré du séduisant skipper Jasmin, de l'homme à tout faire Jules, et ne va pas tarder à épouser Julieta, sensuelle Brésilienne. Jérôme Khan-Zack expose son souhait à Benjamin : en souvenir de ses origines et de son aïeul vigneron périgourdin, il souhaite acquérir un domaine viticole. C'est “La treille bleue” qu'il vise en particulier, propriété appartenant à une dame âgée, Jacqueline Marcarol.

En effet, veuve depuis cinquante ans, Mme Marcarol compte prendre des dispositions afin de léguer ses biens à un monastère des environs. Son notaire étant brusquement décédé, l'acte successoral n'a pu être encore entériné au profit de cette congrégation. Lorsque Benjamin se présente à la propriété, Mme Marcarol ne cache pas son mécontentement à son égard. Certes, son vieux maître de chai Jean Beauvallon n'a pas le prestige d'autres spécialistes, mais elle trouve injuste que l'œnologue n'ait jamais évoqué sa production. Si elle se montre ensuite moins acerbe, la vieille dame restera inflexible quant à sa décision. Y compris face au notaire qui a pris en charge les dossiers de son prédécesseur. Benjamin se demande si ces moines, si peu connaisseurs en vins, sont un choix judicieux.

Son collaborateur Virgile Lanssien a rejoint Benjamin. Ils sont invités à dîner sur le yacht, avec Khan-Zack et sa compagne. L'homme d'affaire revient sur ses origines, sur le destin fatal de ses parents. Natif du Périgord, Virgile va vérifier les affirmations de Khan-Zack, retrouvant même son véritable patronyme. Après une visite infructueuse chez les moines, Benjamin apprend qu'un crime a été commis dans les vignobles de “La treille bleue”. Il fait la connaissance de la journaliste radio Clara Joubert, bien informée car elle est l'amante de l'enquêteur Fabien Lenoir. Le jeune homme retrouvé assassiné est un des proches de Khan-Zack. Ce qui amène le lieutenant Garrouste jusqu'au yacht de celui-ci. Peu après le mariage de Julieta et Khan-Zack, un autre proche de l'homme d'affaires est supprimé...

Jean-Pierre Alaux–Noël Balen : Un coup de rosé bien frappé (Fayard, 2014)

Voici un nouvel épisode de la série “Le sang de la vigne”. C'est toujours avec grand plaisir que l'on retrouve Benjamin Cooker et son assistant Virgile, dans ces histoires à suspense autour de la thématique du vin. Ce sujet supposant des moments agréables, les auteurs veillent à ce que l'ambiance ne soit pas plus oppressante que nécessaire. Certes, il y aura un ou plusieurs meurtres, ainsi qu'une enquête officielle. Mais les héros restent en retrait de l'aspect investigations criminelles. Comme ils examineraient un bon cru, ils préfèrent sentir (ou même humer) le contexte, observer les nuances du comportement de chacun.

Faire l'étalage clinquant de sa fortune à Saint-Tropez, nous éloignerait plutôt des valeurs ancestrales de la viticulture. Si l'écrivaine Colette vécut dans la région (et y fit du vin), elle l'abandonna à cause du succès populaire de cet endroit, relancé plus tard par Françoise Sagan, Brigitte Bardot, et les fameux gendarmes. On s'intéresse davantage ici à ceux qui font autre chose que “des rosés pour barbecue, à boire glacé forcément, tant c'est de la pisse d'âne colorée à la fraise Tagada.” Nos héros risquent de déterrer de noirs secrets, et autres intentions malsaines. Une intrigue fort sympathique, dans la lignée de cette série de romans.

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Spécial Roland Sadaune

Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

http://www.polaroland-sadaune.com/

ClaudeBySadauneClaude Le Nocher, by R.Sadaune

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