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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 04:55
Des forêts et des âmes, le prochain titre d'Elena Piacentini

Vous avez probablement apprécié le précédent roman d'Elena Piacentini “Le cimetière des chimères”. Peut-être connaissiez-vous déjà les quatre aventures vécues par le policier Pierre-Arsène Leoni (Un Corse à Lille, Art brut, Vendetta chez les Chtis, Carrières noires). Les éditions Au-delà du raisonnable vous proposent aujourd'hui de découvrir en exclusivité le sixième tome des enquêtes de Pierre-Arsène Leoni, “Des forêts et des âmes”. Il s'agit d'une pré-vente au tarif avantageux de 17,10 € (les 5% éditeur et les frais de port offerts, comme Fnac & Amazon). Eh oui, les petits éditeurs ne bénéficiant pas d'une diffusion toujours stable se doivent d'être offensifs et inventifs.

Dès maintenant, vous pouvez pré-acheter “Des forêts et des âmes” par chèque à l'ordre de : Au-delà du raisonnable. Il suffit de l'adresser à l'éditeur, à cette adresse : 17, rue de la Moselle 75019 Paris. Le nouveau roman d'Elena Piacentini vous sera envoyé par courrier, entre le 21 et le 25 juillet 2014. (Paiement en ligne en place à compter du 26 juin sur la page d’accueil du site des éditions Au-delà du raisonnable). N'attendez-pas pour commander ce livre !

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 05:20

Il s'agit d'un recueil de dix-neuf nouvelles. Jetons un coup d'œil sur une dizaine d'entre elles...

-“Les gros mensonges”. Jason Updike est l'un des pseudonymes d'un auteur de polars français, qui écrit des romans au kilomètre. Un sacerdoce alimentaire, dit-il. La série Tom O'Flaherty détective compte déjà douze titres. Le prochain est en écriture. Pourtant, un scénario est tellement virtuel qu'on n'est pas à l'abri des surprises.

-“La défaite du dormeur”. Le lycéen Karim est amoureux de la belle Iola. De nos jours, le romantisme façon Rimbaud peut entraîner de fâcheuses conséquences.

-“L'alibi d'os”. Ou le résumé frappant d'une mauvaise rencontre.

-“Cutter”. L'équipe du shérif intervient pour le meurtre d'une femme découpée. Une mise-en-scène macabre dans un lieu isolé. Le coupable, un tueur en série pas encore détecté, est l'un des agents du shérif. Une nonne fantomatique se met à hanter son esprit.

-“Marie-France”. En cette année 1985, Djemi, son amante Kanitha et leurs copines du Celtic sont de fervente militante lesbiennes. Touche pas à ma pote, c'est leur credo. Pour l'instable Djemi, un univers enthousiasmant. Toutefois, le destin ne sera pas tendre envers plusieurs d'entre elles, Djemi en tête.

-“Las des haines”. Léon Rava est un biologiste amateur juif, qui néglige son entourage. Ses expériences génétiques sur une bactérie, et la mémoire de sa chatte Mireille vont bientôt faire de lui un autre homme, ou plus sûrement un monstre.

Max Obione : Les gros mensonges (Éd.du Horsain, 2014)

-“Orphans”. À Growthcastel, en Grande-Bretagne, sont confinées quelques orphelines de la maladie, parias des soins médicaux. La visite d'une princesse charitable n'ajoute qu'une dose d'hypocrisie au sein de ce zoo humain. Étant quoi qu'il advienne des victimes, il n'est pas exclu que certaines finissent par se rebeller, quitte à ce que l'issue soit dramatique.

-“Choc”. Dans les années 1950, c'est le départ en vacances familial dans la 203 paternelle, vers la côte normande. Les passagers d'une Triumph TR3 sont victimes d'un accident mortel. La vue des corps abîmés marque le jeune garçon. Au point d'en faire un criminel.

-“No passaran !”. L'action armée anti-fascistes, digne des républicains espagnols de jadis, c'est un scénario trop peu crédible aujourd'hui.

-“Arte Nera”. Pour passer le temps, deux amis s'invitent à un prétentieux vernissage parisien. Observer les réactions ridicules des initiés, écouter leur vocabulaire abscons, ça offre un certain plaisir. Un vieux monsieur à l'accent alémanique, rencontré là, s'avère mille fois plus intéressant et émouvant.

 

Certains textes s'inspirent ici d'une chanson des Béruriers Noirs, d'une autre de Little Bob, voire d'un célèbre conte de Charles Perrault (devenant un érotique léger). Tel est l'un des buts du recueil de nouvelles, proposer une diversité de sujets. En variant autant que possible les petites intrigues et la tonalité de ces histoires. L'essentiel est de faire mouche à chaque fois, de capter illico l'attention du lecteur, de le surprendre un peu sans doute.

C'est bien ce que réussit à faire Max Obione dans toutes ces nouvelles. Qu'il s'agisse d'un thème imposé (la santé, par exemple, pour “Orphans”) ou de sujets librement choisis, on sent que l'auteur veut à la fois se faire plaisir et convaincre ceux qui le liront. L'écriture est d'une belle souplesse, atout favorable s'il en est. On fait ici et là appel à l'étrangeté, on passe parfois de l'ironie à l'émotion, ce qui ne manque pas de charme. Ce nouveau recueil de Max Obione est diablement excitant.

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 09:30

Chaque année, l'association “813 - les amis des littératures policières” attribue ses Trophées (romans français, romans étrangers, et bédés) et son Prix Maurice Renault (documentaire). Pour le second tour 2014, les votes se font jusqu'au 20 septembre, les résultats seront donnés le 5 octobre. Voici les sélectionnés :

Trophée du roman francophone : Sandrine Colette (Des nœuds d'acier), Paul Colize (Un long moment de silence), Ian Manook (Yerruldeger), Elsa Marpeau (L'expatriée), Elena Piacentini (Le cimetière des chimères).

Trophée du roman étranger : Victor del Arbol (La maison des chagrins), Sam Millar (On the Brinks), Jo Nesbö (Fantômes), Martyn Waites (Né sous les coups), Don Winslow (Dernier verre à Manhattan).

Trophée Bande-Dessinée : Guardino et Diaz Canales (Blacksad5: Amarillo), Hureau et Rabaté (Crève saucisse), Ellroy, Hyman, Matz et Fincher (Le dahlia noir), O.Balez et A.Le Gouëfflec (J'aurai ta peau, Dominique A.), Backderf (Mon ami Dahmer), Brüno et Nury (Tyler Cross).

Prix Maurice Renault : François Guérif (Du polar), Claude Mesplède (Trente ans d'écrits sur le polar), C.Thiébault et M.Demets (Polar), La tête en Noir (bulletin/fanzine), Action-Suspense (blog).

Trophées 813 : la fin d'une règle approuvée par les adhérents ?

Dans le cadre du Prix Maurice Renault, seraient donc nominés François Guérif et Claude Mesplède. (L'étant moi aussi, je précise que je préfère qu'il soit décerné à quelqu'un d'autre). Ces deux anciens présidents de 813 ont, chacun, déjà reçu plusieurs prix dans le cadre de ces Trophées. 813 nous répond que Frédéric Prilleux, juge arbitre de ces votes, avait disqualifié les deux livres en question, respectueux du règlement : "Unicité du prix : un auteur ne pourra être primé qu’une seule fois" On ne peut faire plus clair et limpide, pas d'interprétation possible.

Le Conseil d'Administration de l'association 813 en a débattu, réintégrant ces ouvrages. Au prétexte que “Du polar” devrait davantage à Philippe Blanchet. J'ai en main ce livre publié en mars 2013 dans la collection Manuels Payot. Aucune ambiguïté sur l'intitulé : "François Guérif - Du Polar" (sous-titré Entretiens avec Philippe Blanchet). Hormis une petite page introductive de Ph.Blanchet, tout est de François Guérif. Ce livre est répertorié partout sous son nom. Quant il produisait le magazine Polar, qui lui valut déjà un ou plusieurs Trophées, il ne s'occupait pas non plus de chaque aspect technique, je pense.

Guérif bénéficiant de cette entorse au règlement, Mesplède en a profité aussi. Par ailleurs, James Ellroy ayant déjà reçu le Trophée 813 pour son roman “Le Dahlia noir”, la version bédé de ce livre ne peut évidemment pas concourir ("Unicité du prix : un auteur ne pourra être primé qu’une seule fois"). Troisième concession face à une règle explicite.

Force est de constater que le Conseil d'Administration de 813 permet de nouveau le cumul, renonçant (de facto) à ce principe d'unicité des Trophées, adopté voilà quelques années et approuvé par les adhérents. Une décision prise en petit comité, cette fois sans consulter les membres de l'association. On peut éprouver du respect pour certains dirigeants de 813, tout en déplorant ces méthodes irrégulières.

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 04:55
Dominique Dyens : Intuitions (Pocket, 2013)

La famille Royer habite depuis toujours à Bois-Joli, ville huppée des Yvelines. À quarante-sept ans, la blonde Nathalie est agent immobilier. Son époux Patrice est avocat. Ils ont un fils de vingt-deux ans, Grégoire, expatrié à New York pour faire carrière dans la finance. Leur narquoise fille Amélie est âgée de seize ans. Les Royer sont catholiques pratiquants, comme il sied dans la bonne bourgeoisie de Bois-Joli. Ils reçoivent ponctuellement leurs relations, qu'ils appellent leurs amis, pour des dîners. La jeune Amélie n'est pas dupe de ces apparentes amitiés-là, ni du poids de l'hypocrisie régnant dans ces milieux. Nathalie et Patrice n'ont plus d'activité sexuelle, ce qui développe des fantasmes chez l'épouse. Elle sent que la vie paroissiale ne lui apporte plus autant de joie spirituelle qu'avant.

Nathalie n'est guère optimiste sur son avenir. Surtout qu'en ce mois de septembre 2008, après la faillite de la banque Lehman Brothers, la crise économique prévisible risque d'être catastrophique. Les familles de leur catégorie sociale pourraient être les plus touchées. À New York, Grégoire a rencontré la jolie brune Gala. Française, elle se nomme en réalité Victoire Mallet de Puysere. Comme lui, elle est originaire des Yvelines, issue d'une famille aisée. Malgré ses moments migraineux, Gala séduit bientôt Grégoire, au point qu'ils vont former un vrai couple. C'est par SMS que le jeune homme annonce son futur mariage à sa famille, et leur retour en France. Une bonne nouvelle pour Nathalie et Patrice, puisque les parents de Gala appartiennent à des milieux fortunés comparables au leur.

Amélie s'avoue plus sceptique. Pour son frère, s'agit-il d'une histoire d'amour, ou bien de se marier pour assurer sa position sociale dans leur univers ? Amélie se désespère de voir Grégoire si conformiste, à l'image de leurs parents. Sans être ouvertement rebelle, elle se sent moins sclérosée que sa famille. Après un dîner chez les Mallet de Puysere, manière d'officialiser le couple Grégoire-Gala, Nathalie se montre carrément plus réticente face à cette union. Une impression qu'elle ressasse : “L'idée que Grégoire épouse cette fille lui donne la nausée. Le pire est qu'elle n'a aucune explication. Juste cette terrible intuition. Le regard de Gala la taraude. Et la glace d'effroi.” Elle compte mener son enquête.

Patrice Royer n'est pas à l'aise face à cette situation, non plus. Car Marie-Laurence Mallet de Puysere n'est nullement une inconnue pour lui. Et il n'oublie pas que son épouse a été par le passé victime de troubles psychologiques, qu'il ne faudrait pas raviver. Avec l'aide d'anti-dépresseurs ou de l'hypnose, elle devrait calmer ses obsessions contre Gala. Bien au contraire, Nathalie utilise Internet pour se documenter au sujet de sa future belle-fille, usant volontiers de subterfuges. Il est vrai que le parcours de Victoire Mallet de Puysere apparaît plus perturbé que celui des autres enfants de cette famille. C'est en Suisse qu'elle va trouver quelques réponses à ses questions...

Dominique Dyens : Intuitions (Pocket, 2013)

On pourrait se dire que les gens décrits par l'auteure, soit n'existent plus vraiment, soit sont moins caricaturaux qu'elle le suggère. Ce serait à tort, car cette bourgeoisie vivant “entre soi” est réellement présente dans notre société. On s'y considère comme une élite, supérieure au reste de la population. On a reçu la meilleure éducation, on ne connaît pas le moindre souci financier. On a fait de beaux et solides mariages, on a des enfants dont l'avenir est assuré dans les mêmes cercles. On fréquente assidûment la même paroisse, on choisit ses amis selon des critères identiques. Un ordre parfait règne au sein de ces sortes de communautés, à l'écart de la masse. On appartient fièrement au clan des nantis.

Et pourtant, tout ça n'est généralement que fausses certitudes, apparences de sérénité heureuse, façades de respectabilité sociale. Nul besoin de la tempête d'un scandale pour que s'écroulent certains de leurs châteaux de cartes. Il suffit d'une goutte d'eau faisant déborder le vase de leurs secrets de famille. Faire semblant devient alors embarrassant pour eux qui savaient si bien simuler. Encombrante, la maîtresse de monsieur. Gênants, les fantasmes de madame. Énigmatiques donc suspects, la future bru et sa famille.

Si ce roman est classé en “littérature”, il n'est pas interdit de le rapprocher de l'esprit du polar. Derrière l'ironie, la narration laissant une belle part aux sourires, se cachent en effet des facettes beaucoup plus sombres. Équilibrés, ces gens ne le sont pas tant. On assiste à un projet de meurtre, d'ailleurs. Le suspense ne manque pas, dans l'attente de révélations douloureuses. Certainement, un roman qui devrait plaire aux amateurs de polars.

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 04:55
Delphine Solère : Les risques de l'improvisation (Michalon Éd. 2014)

Élysée Gaumont est un saxophoniste parisien quinquagénaire. Le jazz entraînant un mode de vie peu sain, il a été victime d'un AVC. Une convalescence s'imposait. “Le saxophone, pas de problème. Deux mois à patienter tout au plus. Vous savez, le plus dangereux pour un musicien de jazz, ce n'est pas l'instrument, c'est la cigarette et le whisky qui vont avec !” a conclu son médecin. C'est ainsi qu'Élysée Gaumont est parti pour Marseille. Vélo, fruits et légumes, thés amers, tel est le régime qu'il doit respecter. Pendant ce temps, il compose des musiques sur les paroles, assez niaises, d'un futur chanteur. Encore un qui va faire deux disques à la fois, son premier et son dernier. Alors qu'il est monté à vélo jusqu'à Notre-Dame-de-la-Garde, surgit un problème aux conséquences dangereuses.

Une jeune fille blonde n'est pas venue récupérer sa bicyclette, près de la basilique. C'est un vélo coûteux, qui semble appartenir à une Mme Escebarria. Élysée se renseigne auprès de son ami Vauchillon, qui dirige une formation de jazz. Celui-ci connaît effectivement Lopez Escebarria, milliardaire qui s'est enrichi dans la production de poulets, remarié à une jolie Italienne. Un nommé Castagnade contacte Élysée afin de récupérer le vélo de la jeune blonde. Le jazzman a l'occasion de vérifier que ce n'était pas l'épouse d'Escebarria, plutôt sa fille née d'une précédente union. Et que le vélo est bien revenu dans la propriété du milliardaire. Quelques jours plus tard, Élysée apprend par la radio que Lopez Escebarria a trouvé la mort dans des circonstances bizarres.

Élysée fait part de ses soupçons au policier Ceccaldi. Ce qui ne perturbe guère le flic, qui obtient de Castagnade une explication plausible, semble-t-il. Puisqu'il en est ainsi, Élysée préfère rejoindre en Bretagne son amante Déborah, contorsionniste qui va se produire dans un festival à Lorient. Dans le village où elle habite, le voisin producteur de poulets (pour un concurrent d'Escebarria) lui fait visiter ses installations. “Les premières victimes de ce système sont les producteurs eux-mêmes”, Élysée le comprend bien. Spectacles, huîtres et plage à Doëlan, le temps qui passe ferait presque oublier au saxophoniste sa mésaventure marseillaise. Quand Déborah et lui rentrent à Paris, Élysée a l'impression que son appartement a été visité. Une parano qu'il soigne auprès de Déborah.

Vauchillon et ses jazzmen ont un contrat pour jouer sur un yacht à La Ciotat. Peut-être un moyen d'en savoir plus pour Élysée, qui se joint à eux. Une blonde jeune femme parmi les invités sur le yacht, Sandra, attire le saxophoniste chez elle. Évitant le piège in-extremis, Élysée est bientôt rejoint par Déborah à Marseille. C'est probablement dans la basilique qu'ils doivent chercher des réponses. À trop insister sur cette piste, Vauchillon, Déborah et Élysée doivent fuir, se réfugiant à Avignon. Pourtant, des dangers les attendent encore...

Delphine Solère : Les risques de l'improvisation (Michalon Éd. 2014)

Musique et polar sont cousins, issus de mêmes traditions populaires. Des ambiances rock ou jazz accompagnent assez souvent les romans à suspense. Il est donc sympathique et légitime qu'un musicien soit le héros d'un polar. D'autant plus s'agissant d'une comédie policière. Une formule à ne pas galvauder, car placer une intrigue sous le signe de l'humour ne signifie pas qu'elle sera plus futile ou superficielle, voire moins captivante. La tonalité ne joue pas autant sur la noirceur, voilà tout. On notera ici que les titres des chapitres font référence à des morceaux de jazz. Le tempo narratif se doit d'être rythmé : les tribulations du saxophoniste Élysée Gaumont ne manquent évidemment ni de péripéties, ni de mystères.

En plus de l'énigme criminelle, on sourit par exemple des efforts du héros à faire coller des musiques avec les textes de chansons qu'on lui impose. Soulignons encore que c'est un sacré pédaleur, quoi qu'il en dise. Car du Faouët à Lorient ou à Doëlan, il y a quand même une quarantaine de kilomètres dans un décor très vallonné, ardu y compris pour les pros du vélo au célèbre Grand Prix cycliste de Plouay. Si le Morbihan reste une étape calme (mais pluvieuse bien sûr), c'est dans la région marseillaise que se jouent les aspects périlleux de l'affaire. Élysée ne peut guère compter sur la police pour l'aider. Un suspense mouvementé, drôle et fort agréable.

Des chroniques sur ce roman chez Unwalkerschez Yv et chez l'Oncle Paul.

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27 juin 2014 5 27 /06 /juin /2014 04:55
Laurent Rivière : Morvan de chien (Éd.de l'Escargot Savant, 2014)

Originaire de Nevers, Franck Bostik est policier depuis huit ans. Son père envisageait pour lui une grande carrière de footballeur. Durant un temps, Franck fut animateur sportif dans sa région. Il débuta ensuite comme flic à Police-Secours dans le 93. Puis, il fut affecté à un commissariat de quartier dans Paris. Franck pratique la police scientifique, laissant les arrestations à ses collègues. Il vit avec sa compagne Cécile, comédienne aux activités aléatoires, et son chien Paf. Un couple déséquilibré, proche de la rupture, pas seulement à cause de leur séduisante voisine Laure. Sa mère, qui habite Nevers, alerte Franck sur la disparition d'un jeune de dix-huit ans, qu'il a connu à l'époque où il était entraîneur. On le nommait “Patte-de-poulet”, mais il s'appelle Mathieu Lechartier.

La rupture avec Cécile étant inévitable, Franck s'accorde quelques jours de congés. Tant pis si son supérieur a besoin de lui. Avec le chien Paf, il prend la direction de la Nièvre. Ils vont loger chez Mathilde Lechartier, la sensuelle mère quadragénaire du disparu. Elle est l'amante du patron facho d'une discothèque locale, le Blue Box. En fait, celui-ci a essayé de se montrer bienveillant envers Mathieu, mais le jeune homme ne l'a jamais accepté. Franck interroge le voisin Simon, animateur au club de football qui traîne une mauvaise réputation, ainsi qu'un ado boutonneux du coin, le jeune mécano Alex. Il enquête aussi au Café de la Paix, dernier endroit où l'on ait vu Mathieu à Nevers.

Deux ou trois pistes se dessinent. Selon la police locale, un SDF prénommé Thomas mais qu'on appelle Le Sanglier pourrait être impliqué. Il y aurait aussi une fille au look gothique, qui fut vaguement amie avec Mathieu. Une autre fille, chanteuse d'un groupe rock métal, copine du jeune homme, semble moins concernée. Par ailleurs, on a peut-être vu Mathieu à la gare de Château-Chinon peu avant qu'il disparaisse. Ça reste assez confus de ce côté. Avec l'ado Alex, Franck visite les squats des toxicos et des clodos de la ville, fuyant même un tatoueur agressif. Ils finissent par retrouver la gothique Anaïs, dans les vapes mais en vie. Bien qu'on l'héberge chez Mme Lechartier, la jeune fille n'est guère coopérative.

L'amie rockeuse confirme une partie de l'emploi du temps de Mathieu, le soir où l'on perdit sa trace. Franck repère finalement Le Sanglier planqué dans une tour de la cathédrale de Nevers, blessé suite à une altercation. Il se montre méfiant, sa mémoire apparaît sélective. Néanmoins, il donne au policier une nouvelle piste, dans les forêts du Morvan rural. Dès le lendemain, Le Sanglier l'accompagne dans ces paysages naturels mais rudes. Ils ne sont pas loin de Château-Chinon, où Franck tente de trouver des témoins à la gare. C'est au hameau des Bardiaux que l'affaire prend un tournant décisif...

Laurent Rivière : Morvan de chien (Éd.de l'Escargot Savant, 2014)

Tout le monde n'a pas la chance de voir son roman préfacé par Claude Mesplède, le grand spécialiste des littératures policières. Comme toujours, ce dernier vise juste quand il dit : “Laurent Rivière a bien retenu ses lectures et l'intérêt de son roman tient à son efficacité, à son écriture sans fioriture, à ses personnages attachants, tout simplement parce qu'ils sont humains.”

Oui, c'est un suspense sans le moindre temps mort que nous a concocté Laurent Rivière. Il est proche du behaviorisme, limitant au maximum les états d'âme et autres aspects psychologiques, s'en tenant pour l'essentiel aux faits vécus ou observés. Le policier est là pour mener une enquête, fut-elle officieuse. Pas pour consoler la belle Mme Lechartier, mère du disparu, ni pour empêcher la gothique Anaïs d'attenter à sa propre vie. C'est cette “efficacité” soulignée par Claude Mesplède, qui donne son tempo au récit.

L'un des côtés importants du roman noir, c'est la description sociale. Il s'agit de présenter aux lecteurs personnages et situations issus de la vraie population, de la vie réelle. Un restaurant où le menu est en langage morvandiau, un décor forestier qui fait frisonner, un éducateur sportif victime de rumeurs, et de nombreuses scènes donnent à l'histoire cette véracité indispensable. Ce sont les gens du cru que l'on côtoie ici, pour de bon, ceux dont on parle trop peu.

Ça n'empêche pas quelques passages souriants : “J'ai eu envie de boire un verre de gnôle. J'ai goûté la «Pomme». Un demi verre. Rhaaa... Bon sang. Y a pas que d'la pomme ! La gnôle du tonton flinguait.” Voilà de l'excellent “roman noir à la française”, formule nullement péjorative, car le résultat est très excitant.

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26 juin 2014 4 26 /06 /juin /2014 16:19
Grand prix de Littérature policière 2014 : les sélectionnés

Voici la liste des 28 titres sélectionnés pour le Grand prix de Littérature policière 2014, qui sera attribué cet automne.

 

14 ROMANS FRANCAIS

Chainas, Antoine « Pur » Gallimard (Série noire), sept. 2013

Marc Charuel « Chiens enragés » Albin Michel, février 2014

Couao-Zotti, Florent « La traque de la musaraigne » Jigal (Polar), fév. 2014

Grand, Emmanuel « Terminus Belz » Liana Levi (policier), janv. 2014

Guez, Jérémie « Du vide plein les yeux » La tengo, nov. 2013

Hervouët, Daniel « Le grand sacrifice » Rocher (Ligne de feu), mars 2013

Ledun, Marin « L’homme qui a vu l’homme » Ombres noires, janv. 2014

Manook, Ian (Patrick Manoukian) « Yeruldelgger » Albin Michel, oct. 2013

Maravelias, Eric « La faux soyeuse » Gallimard (Série noire), mars 2014 

Mathieu, Nicolas « Aux animaux la guerre » Actes sud (Actes noirs), mars 2014

Ragougneau, Alexis « La madone de Notre-Dame » V.Hamy, janv. 2014

Sanders, Louis « La chute de Mr Fernand » Seuil (Seuil. Policiers), fév. 2014

Suaudeau, Julien « Dawa »  R. Laffont, mars 2014

Vix, Elisa « L'hexamètre de Quintilien » Rouergue (Rouergue noir), avril 2014

Grand prix de Littérature policière 2014 : les sélectionnés

14 ROMANS ETRANGERS

Berg Alex « La marionnette » Actes sud (Actes noirs), mai 2014

Burke, Shannon « 911 » Sonatine, mai 2014

Camilleri, Andreas « La danse de la mouette » Fleuve Editions, janvier 2014

Cook, Thomas H. « Le dernier message de Sandrine Madison » Seuil, mars 2014

Desai, Kishwar « Témoin de nuit » L’Aube (Aube noire), sept. 2013

Gonzales Ledesma, Francisco « Des morts bien pires » Rivages, avril 2014 

Hobbs, Roger « Ghostman » R. Laffont (Best-sellers), fév. 2014

McKinty, Adrian « Dans la rue j’entends les sirènes » Stock, oct. 2013

Mishani, Dror «Une disparition inquiétante » Seuil (Seuil policiers), mars 2014

Pötzch, Oliver « La fille du bourreau » J. Chambon, juin 2014

Rash, Ron « Une terre d’ombre » Seuil (Cadre vert), janv. 2014

Stokoe, Matthew “Empty Mile” Gallimard (Série noire), janv. 2014

Unsworth, Cathi "Zarbi" Rivages (Rivages/Thriller), mars 2014

Waites, Martyn « Né sous les coups » Rivages (Rivages/Thriller), août 2013

Les titres inscrit en bleu ont été chroniqués ici : cliquez sur ces liens.

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25 juin 2014 3 25 /06 /juin /2014 04:55
Maurizio de Giovanni : La méthode du crocodile (Ed.10-18, 2014) – Coup de cœur

L'inspecteur Giuseppe Lojacono est Sicilien d'origine. Voilà environ un an qu'il a été muté au commissariat San Gaetano, à Naples. Une sanction qu'il doit à la calomnie d'un mafieux l'ayant accusé de complicité. Son épouse et leur fille Marinella ont dû être mises à l'abri dans l'Île. À cause de sa femme, Lojacono n'a actuellement plus de contact téléphonique avec Marinella. Il végète au bureau des plaintes, avec le brigadier Giuffrè, écarté de toutes les enquêtes. Qu'on ironise en le surnommant Montalbano l'agace prodigieusement. Le soir, il dîne à la trattoria de Letizia. Elle n'est pas insensible au charme de ce quadragénaire aux yeux bridés, qui lui donnent l'air d'un Chinois.

Cette nuit-là, Lojacono est de service quand un jeune de seize ans est abattu dans la cour de son immeuble. Fils unique d'une infirmière de milieu modeste, Mirko Lorusso faisait un peu de trafic de drogue auprès d'ados de son âge, pour le compte du petit caïd Antonio. Ce jeune à scooter n'était pas sérieusement un délinquant. Sur place, Lojacono remarque la douille du projectile qui a tué Mirko, ainsi qu'un mouchoir en papier humide. C'est la substitut du procureur Laura Piras qui est chargée de l'affaire. Lojacono est vite écarté de l'enquête par son supérieur. Letizia connaît la mère de Mirko, et estime qu'il s'agit d'une famille honnête. Lojacono ne croit pas que la Camorra soit impliquée dans ce cas.

Âgée de quatorze ans, Giada de Matteis appartient à un milieu aisé. C'est en rentrant chez elle après son cours de violon, en début de nuit, qu'elle est abattue. La méthode étant similaire, il ne peut s'agir que du même assassin. Les médias se sont déjà emparés de cette affaire, donnant un surnom au tueur : le Crocodile. À cause des mouchoirs humides de larmes. Pour Lojacono, c'est surtout quelqu'un de très bien préparé, utilisant la même méthode de chasse que les crocodiles. Si le policier assiste aux obsèques de Giada, il est toujours exclu de l'enquête, tandis que Laura Piras met la pression sur Di Vincenzo, son supérieur. Le brigadier Giuffrè est convaincu que Locajono serait plus compétent.

Donato Rinaldi est un étudiant de vingt-trois ans, fils d'un médecin réputé qui a beaucoup d'influence sur lui. Pas question de rater ses examens pour une amourette. Néanmoins, ce soir-là il est sur le point de sortir, quand le Crocodile l'abat dans le garage de la maison. Le père ne le découvrira qu'au matin. Comme Lojacono, Laura Piras ne croit pas dans la piste mafieuse. La substitut finit par associer l'inspecteur sicilien à l'enquête officielle.

Lojacono a noté que les trois jeunes victimes étaient des enfants uniques élevés par un seul parent. Pendant ce temps, dans sa chambre d'hôtel, un vieux monsieur – quasiment anonyme dans cette ville grouillante de vie – continue à écrire une sorte de longue lettre racontant son périple meurtrier napolitain. Son ultime cible pourrait être la petite Stella...

Maurizio de Giovanni : La méthode du crocodile (Ed.10-18, 2014) – Coup de cœur

Maurizio de Giovanni s'est fait connaître en France avec sa série publiée chez Rivages/Noir, ayant pour héros le commissaire Ricciardi. Ici, il s'agit des enquêtes à Naples d'un second policier, Giuseppe Lojacono (gentiment appelé Peppuccio, par la restauratrice Letizia). Étant Sicilien, ses collègues se moquent en le nommant Montalbano, personnage créé par Andrea Camilleri. De la part de l'auteur, un hommage au Maître, à n'en pas douter. Il a été victime d'une dénonciation calomnieuse, mais ce qui le perturbe principalement, c'est de ne plus avoir de contact avec sa fille. Il en cauchemarde, d'autant que l'affaire criminelle en cours concerne également des jeunes des mêmes âges que Marinella.

Le fait qu'il soit en position de faiblesse, confiné dans un bureau, inutile au service, en proie à des états d'âme, rend évidemment sympathique ce policier. La magistrate Laura Piras, qui s'implique dans son métier suite à une déception sentimentale, est aussi plutôt attachante malgré sa dure carapace de pro. Par ailleurs, on suit la rédaction de la lettre du vieux monsieur, clé essentielle de ces crimes. Même si l'on ne connaît pas Naples, l'auteur nous situe les quartiers en fonction des classes sociales qui y résident. La Camorra ne peut pas être totalement absente d'une histoire se déroulant dans cette ville, bien sûr. Sans doute bien servie par la traduction, la fluidité narrative de Maurizio de Giovanni est un régal. En effet, les courtes scènes très vivantes s'enchaînent avec harmonie. Un polar authentique, de fort belle qualité.

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