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22 septembre 2018 6 22 /09 /septembre /2018 04:55

Domfront, bourgade du département de l’Orne, au milieu des années 1980, en été. Âgée de 14-15 ans, Martine Garnier est la fille d’Élise et Robert Garnier, installés depuis quelques temps au bourg de Saint-Front. Une famille dont la réputation n’est pas très bonne par ici. D’autant moins que Martine – que l’on surnomme La Renarde – a pris l’habitude de se baigner nue dans l’étang de Mortrée. Que ça excite le jeune Blaise Lemarchand, dix-huit ans, c’est assez normal. Mais des adultes comme le maraîcher Meunier ou le géomètre Jean-Noël Mornay ne sont pas non plus insensibles aux exhibitions de Martine. Veuf, père de deux grands enfants, Mornay fait figure de petit aristocrate local, alors qu’il mène une vie discrète.

Les baignades de Martine pouvaient exciter également le boucher Henri Masson. Celui-ci est abattu par arme à feu lors d’une tournée de livraisons, près de l’étang. L’enquête sur ce meurtre est confiée à l’inspecteur Maurice Hilaire. Il connaît bien la région de Domfront, où habite encore sa cousine Lucette. Même si le jeune juge Alain ne lui fait guère confiance, et si la mort du boucher ne l’émeut pas du tout, Hilaire mène ses investigations dans les règles. Il se renseigne auprès de la gendarmerie, interroge ceux que la victime a pu rencontrer peu avant d’être tué – Meunier et Mornay – ainsi que la veuve du boucher. Masson n’étant pas un sentimental, Hilaire doute qu’il s’agisse d’un crime passionnel. Sa version privilégie la thèse d’un rôdeur, ce qui ne plaît nullement au juge Alain.

Quand le policier Hilaire retourne à Domfront, un témoin âgé lui parle des exhibitions de Martine Garnier à l’étang de Mortrée. Voilà un angle nouveau pour son enquête, bien des gens d’ici ayant leur opinion sur le jeu malsain de l’adolescente aguicheuse. Mornay émet un avis prudent : “C’est un curieux petit animal que La Renarde, inspecteur. J’avoue que j’ai du mal à la définir.”

Après le boucher Masson, la mort continue à planer sur Domfront, et autour de Martine Garnier. Sans doute, le jeune Blaise et elle sont-ils innocents, entamant une petite amourette. Mornay risque d’apparaître tel un coupable idéal. Un notable assez fortuné, ça réveille les vieilles jalousies et il devient facile de le désigner. Mais si son supérieur, le commissaire Lemonnier proche de la retraite, est partisan des solutions un peu trop faciles, le policier Hilaire cherche de vraies preuves. En attendant, peut-être, les confessions écrites de l’assassin…

Michel Cousin : La Renarde (Fleuve Noir, 1986)

Né en 1928, Michel Cousin publia de nombreux romans sous son nom ou sous pseudos, dans les collections policières des Presses de la Cité et chez Fleuve noir. De 1973 et 1984, sous le pseudonyme de Michel Germont, il écrit 21 romans pour la collection Spécial-Police. Sous le même pseudonyme, il publie également des romans d'espionnage. On lui doit la série Contact, dix titres publiés chez Fleuve Noir entre 1984 et 1986. “La Renarde” est un des derniers titres publiés, en 1986, par Michel Cousin.

C’est la France encore rurale d’alors, qui sert de décor à cette affaire criminelle. Même si la notion d’insécurité est de plus en plus exploitée à l’époque, on imagine mal un crime crapuleux. On est ici dans un petit coin de Normandie où l’on tue pour des motifs ordinaires, ou presque. Un policier comme Maurice Hilaire, qui n’a rien d’un cador aux méthodes percutantes, convient parfaitement pour enquêter. Autour de la délurée Martine, existent sûrement certains secrets de famille. C’est donc un polar dans la bonne tradition que propose l’auteur, ce qui est très agréable à lire.

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20 septembre 2018 4 20 /09 /septembre /2018 04:55

Fils bâtard d’une jeune femme morte en accouchant, Lockhart Flawse a été élevé par son grand-père – sévère maître d’un vaste domaine dans le Northumberland (entre Angleterre et Écosse). Assisté par le vieux M.Dodd, l’aïeul Flawse – nonagénaire – vit encore dans l’esprit de l’époque victorienne, son manoir très isolé n’étant équipé d’aucun confort. Non déclaré à l’état-civil à sa naissance, Lockhart a été éduqué par des précepteurs, mais il ne connaît rien de la vie à l’extérieur de leur propriété. Encore moins au sexe. Le vieux M.Flawse décide d’un voyage d’agrément sur un paquebot pour le rejeton (le bâtard) de sa fille et lui. C’est sur ce navire que le duo rencontre Mme Sandicott, une veuve de cinquante-six ans – et sa fille Jessica, du même âge que Lockart, dix-huit ans.

Si Jessica est naïve et romantique, sa mère s’arrange pour séduire le riche M.Flawse. Le mariage de Lockart et Jessica, ainsi que celui de son grand-père avec Mme Sandicott, sont célébrés à bord du paquebot. Ce qui évite toute formalité à M.Flawse. La mère de Jessica suit son nouveau mari jusque dans le Northumberland, réalisant bien vite que le mode de vie de l’aïeul n’a rien de confortable. Elle espère bien moderniser la demeure de M.Flawse, mais celui-ci s’y oppose, étant seul maître des lieux et des gens. La mère de Jessica comprend que son époux ne cherche qu’à la gruger, quand il négocie au sujet du testament qu’elle va devoir approuver. Par ailleurs, M.Flawse est obsédé par l’idée d’identifier le père inconnu de Lockhart, qui passerait un mauvais moment si l’aïeul le retrouvait.

Le jeune couple s’est installé à Sandicott Crescent, une rue londonienne dont Jessica est l’héritière. Pas forcément un cadeau, car il lui est impossible de vendre les maisons dont elle est désormais propriétaire. Lockhart et Jessica sont totalement inexpérimentés en matière de relations sexuelles. Lui s’énerve rapidement quand un médecin ose aborder la question. Elle, sentimentale à l’extrême, n’éprouve pas non plus de besoins sexuels. Pour Lockhart, toute tentative afin de s’adapter à Londres serait définitivement un échec. Il sème la pagaille chez son employeur, ne respecte pas le Code de la Route, etc. Par contre, si le couple veut vendre les maisons de Jessica, il va devoir ruser. Et il se montre plutôt habile pour que les locataires soient bientôt dans l’obligation de s’en aller.

Au manoir, entre le vieux M.Flawse et son épouse, c’est à qui tuera l’autre – sous l’œil indifférent de M.Dodd, qui joue de la cornemuse sans s’occuper d’eux. La question testamentaire reste au centre des préoccupations de l’aïeul et de sa femme. Entre-temps, Lockhart a mûri et, lorsque Jessica et lui reviennent dans le Northumberland, il espère bien succéder au grand-père à la tête de leurs biens. Sauf que M.Flawse y met une condition : qu’il retrouve son père naturel, sinon ce bâtard n’aura droit à rien. Lockhart s’y entend encore mieux que le vieux pour faire la chasse aux agents des impôts, mais même une enquête auprès d’habitants ayant connu sa mère ne l’aide guère à identifier son géniteur. Néanmoins, Lockhart n’est plus le rustre qu’on a voulu faire de lui…

Tom Sharpe : Le bâtard récalcitrant (Éd.10-18, 1999)

Lockhart appuya à fond sur l’accélérateur, et ils passèrent aussitôt à cent soixante à l’heure. Derrière, la voiture de police mit sa sirène en marche et grimpa à cent quatre-vingt.
— Ils nous rattrapent, chéri. Jamais nous ne pourrons nous en sortir.
— Oh que si, répondit Lockhart en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur. Leurs poursuivants étaient à quatre cent mètres derrière eux, et se rapprochaient rapidement. Lockhart emprunta une sortie menant à une route secondaire, tourna à toute allure dans un petit chemin puis, tirant le meilleur parti de ses instincts de chasseur, fonça à travers une barrière et se précipita dans un champ labouré. Derrière eux, la voiture de police s’arrêta ; des hommes en sortirent. Mais Lockhart avait déjà disparu. Trente kilomètres et quarante haies plus tard, il traversa de nouveau l’autoroute et poursuivit son chemin vers l’est en empruntant des petites routes.

S’ils n’appartiennent pas à la Littérature Policière, les romans satiriques de Tom Sharpe (1928-2013) sont un réel bonheur de lecture. Racontées sur une tonalité propre à l’auteur, les histoires s’avèrent désopilantes. Quand la caricature est aussi drôle – avec une bonne dose d’amoralité, cela donne des scénarios hilarants dotés d’une cascade de péripéties. On rit de bon cœur et sans complexe.

Dans “Le bâtard récalcitrant”, Tom Sharpe dessine de savoureux personnages : un vieillard retors et pontifiant se croyant toujours au temps de ses glorieux ancêtres, une veuve espérant faire avec lui un riche mariage et rapidement hériter, un couple de jeunes absolument inadaptés à toute vie sociale. Le vieux châtelain (plus lubrique qu’il ne l’affiche) domine son petit univers, mais son petit-fils est loin d’être un imbécile. Il s’agit d’un roman comique, mais surtout d’une suite effrénée d’aventures agitées.

Un véritable régal, que l’on dévore avec grand plaisir. Écrit en 1978, ce livre fut traduit en français pour les éditions Ramsay en 1990, puis réédité en format poche chez 10-18 en 1999. Tous les titres de Tom Sharpe méritent d’être lus et relus, et ce “bâtard récalcitrant” ne fait pas exception.

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 14:55

C’est en 1948 que le romancier et critique Maurice-Bernard Endrèbe créa le Grand Prix de Littérature Policière, récompensant les deux meilleurs romans policiers français et étrangers parus dans l’année. Voilà donc 70 ans qu’existe ce prix littéraire, les choix des jurys ayant évolué avec les époques et les styles de polars, mais la sélection restant toujours rigoureuse. Cette année encore, une vingtaine de roman d’excellent niveau, tant français qu’étrangers, étaient en lice. Le Grand Prix de Littérature Policière a été attribué le mercredi 19 septembre 2018, à la BILIPO. Les vainqueurs ont été chroniqués chez Action-Suspense.

Grand Prix de Littérature Policière 2018 : les lauréats

Prix roman français 2018 :

Marion BRUNET L’été circulaire (Albin Michel)

devant Marin Ledun “Ils ont voulu nous civiliser” (Flammarion)

Grand Prix de Littérature Policière 2018 : les lauréats

Prix roman étranger 2018 :

Jake HINKSON Sans lendemain (Gallmeister)

devant Peter Farris “Le diable en personne” (Gallmeister)

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18 septembre 2018 2 18 /09 /septembre /2018 04:55

Marnie Duchamp avait onze ans en cet été 1979. À Rivière-aux-Trembles, petit village de la campagne québécoise, Michael Saint-Pierre, douze ans, était son meilleur copain. Émule de Superman, Mike était autant son alter-ego que son héros. Tous deux avait trouvé leur coin isolé, le Bassin magique, au cœur de la forêt voisine. Leurs jeux d’enfants cessèrent brutalement avec la disparition inexplicable de Michael. Pour les adultes et la police, les réponses de Marnie ne valaient pas grand-chose. Sans la soupçonner ouvertement, on ne voyait en elle qu’une "rescapée", trop imaginative ou peut-être malsaine. “La disparition de Michael a imprimé sur mon visage la marque du diable, et je suis dès lors devenue une paria, une intouchable, une enfant dont il ne fallait pas s’approcher.” Finalement, son père et elle préférèrent déménager de Rivière-aux-Trembles.

En 1992, au Québec, Bill Richard est un auteur de livres destinés aux enfants, connaissant un beau succès. Celle avec laquelle il a partagé le plus de complicité, ce n’est pas son épouse Lucy-Ann, mais leur fillette Billie – neuf ans. Pixie, le chat de sa fille, comptant beaucoup aussi dans leur vie. Quand la gamine disparut mystérieusement, le choc fut intense pour Lucy-Ann et Bill Richard. Ça n’arrive pas qu’aux autres, ce genre de drame. Hyper nerveuse, Lucy-Ann accusa son mari d’être responsable de cette disparition – le couple se séparant bientôt. L’enquête de police n’avançait guère, les deux flics en étant chargés suspectant fortement Bill. L’acharnement du policier Ménard était déstabilisant, en plus de l’épreuve que subissait Bill. En 2009, sans jamais oublier l’image heureuse de sa fille, il tenta de rompre avec ce passé, partant s’installer à Rivière-aux-Trembles.

Pendant vingt-trois ans, Marnie a été fleuriste à New York, le souvenir de Michael Saint-Pierre ne s’effaçant pas. Ce n’est qu’au décès de son père, qui lui avait transmis la passion des fleurs, que Marnie revient à Rivière-aux-Trembles. Se résoudre à l’absence définitive de son ami est encore difficile. Le père de Mike s’est fait une raison, concluant : “La forêt a pris Michael, c’est tout.” Quant à Bill Richard, arrivé au village le jour des obsèques du père de Marnie, il perd le chat Pixie et s’enfonce dans la solitude. Certes, sa philosophie de l’existence et continuer à écrire des contes pour enfants l’aident à surmonter le vide. Mais si Billie est toujours près de lui en pensées, quel avenir envisager ? Dans la forêt, Bill remarque une croix érigée en mémoire d’un certain Michael. Auparavant, il n’avait jamais porté attention à ce cas de disparition d’enfant.

Un autre duo de policiers harcèle maintenant Bill. Ils enquêtent sur la disparition récente du petit Michael Faber. Comment démontrer, malgré son stoïcisme affiché, qu’il n’est pas du tout un assassin d’enfants ? “Les hommes seuls n’ont pas la cote et on se les imagine aisément dans la peau d’un satyre ou d’un pédophile. Mon statut d’homme seul faisait de moi un marginal dont il valait mieux se méfier.” Ayant traversé des situations similaires, Bill et Marnie ont bien des choses en commun…

Andrée A.Michaud : Rivière tremblante (Éd.Rivages, 2018)

Sur la croix qu’ombrageait ici les arbres, quelqu’un avait gravé un nom, Michael, avec un canif ou un burin. Aucune fleur ne l’ornait cependant. Au lieu de ça, on y avait suspendu un petit hibou de paille et d’écorce qui se balançait dans le vent. La corde fichée dans sa tête s’était enroulée autour de son cou, et il ressemblait à un pendu qui se serait trompé de longueur de corde et aurait été obligé de se coller la tête au plafond pour ne pas se rater. Ce hibou était carrément sinistre avec ses petits yeux jaunes qui semblaient capter autour de lui le moindre mouvement, la moindre anomalie dans le paysage. Quand il s’est immobilisé face à moi, j’ai eu l’impression qu’il me regardait, tentant d’évaluer si une anomalie telle qu’un homme au milieu de la forêt méritait qu’on s’y attarde, puis le vent l’a fait pivoter en même temps qu’un frisson courait sur la rivière.

Vous adorez les thrillers explosifs, les romans noirs percutants, les polars anxiogènes ? Alors, ce livre n’est pas pour vous. Malgré les faits tragiques, douloureux, cruels, il existe une sorte de douceur, d’empathie, de tendresse dans cette fiction. Andrée A.Michaud est une conteuse hors-pair, une remarquable romancière. Elle explore ici les sentiments de ses personnages avec humanité. Alternativement, Marnie et Bill retracent avec lucidité les épreuves endurées. Quand disparaît son enfant ou son meilleur ami, on n’en sort pas indemne. Ce qu’exprime l’auteure sans apitoiement, sans qu’il s’agisse de compassion, mais en leur donnant la parole.

Si le contexte est énigmatique, sans doute criminel, voilà un roman littéraire de niveau supérieur. On retrouve les ambiances blues et jazz chères à l’auteure, ses références cinématographiques également. Y compris dans les identités de quelques protagonistes. Sa description des paysages sylvestres, de la magnifique nature du Québec, contribue à la fascination. Le décor apaise-t-il vraiment les tensions ? Bill et Marnie étant dans le malheur, Andrée A.Michaud fait preuve d’une réelle bienveillance à leur égard. Il ne faut pas hésiter à découvrir ses trois romans disponibles aux Éd.Rivages.

Andrée A.Michaud : Rivière tremblante (Éd.Rivages, 2018)
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17 septembre 2018 1 17 /09 /septembre /2018 04:55

Née dans un milieu aisé qu’elle ne renie pas, Agnès Naudin est une mère célibataire d’une trentaine d’année. Adepte de la méditation et du yoga, elle a choisi d’entrer dans la police. Au sein de la Police de l’Air et des Frontières, elle a connu ses premières expériences formatrices de ce métier. Agnès Naudin est capitaine à la police territoriale de protection de la famille dans l’Ouest parisien. Elle retrace "à chaud" son année 2017, tant sur le plan professionnel que privé. L’un ne va pas sans l’autre. Elle est longtemps restée marquée par le suicide de son amie Aurore, mais il y a aussi des moments très heureux — tels le mariage de son frère en Normandie, ou des séjours chez des amis à travers la France.

Ce que craignait Agnès Naudin a fini par se présenter : la mort suspecte d’un bébé, confié à une nourrice. Nul ne peut y rester insensible. Traditionnelle, l’enquête débute par l’audition des proches : la mère et le père de l’enfant, puis celle de la nourrice. Cette dernière est une personne sérieuse, expérimentée. Assister à l’autopsie du bébé est le moment le plus pénible dans ce genre d’affaires. Sans préjugés, avec une neutralité sans froideur, la policière examine les faits et les témoignages. 

Le cas suivant s’annonce plus compliqué. Dans une famille d’origine gabonaise, une fillette de onze ans – enceinte – aurait été violée par son beau-père, le mari de sa mère. Il est vrai que cette gamine paraît plus âgée, déjà mûre. Elle-même née d’un viol, elle n’a rejoint sa mère en France que l’année précédente. La situation de Claude Balé, le beau-père soupçonné qui semble d’abord être en fuite, n’est pas claire du tout, c’est sûr. Mais cela fait-il de lui un pervers ? Le témoignage de la mère est précis, exprimé avec beaucoup de mots choisis. La policière la sent "trop comédienne", pas si fiable. Les autres enfants du couple sont également auditionnés. Agnès Naudin ne peut se contenter d’impressions, il faut des éléments concrets – tel l’ADN. 

À l’automne, c’est un dossier de viol conjugal qui est soumis à la policière. La victime ne souhaite pas vraiment porter plainte, mais avoir la possibilité d’en finir avec un contexte sans doute malsain. D’origine mexicaine, elle n’a jamais été acceptée par la famille de son époux. Depuis quelques temps, ce dernier aurait eu des fantasmes que la victime n’était pas prête à assumer. La sexualité des hommes et des femmes n’est pas la même. Le rapport psychologique confirme la version de cette personne. Malgré tout, le mari n’est apparemment pas un excité, ce dont il est nécessaire de tenir compte.

Agnès Naudin : Affaires de famille (Cherche Midi Éd., 2018)

“Tu prends les affaires trop à cœur.” Mais je ne traite pas des "affaires", je traite des "humains". Et pour les comprendre, je ne peux le faire qu’avec le cœur, en laissant mon cerveau procéder à l’analyse. Je ne sais pas comment faire autrement. Et je ne suis pas sûre de vouloir le faire.

Une année dans la vie d’une jeune capitaine de police, comme un "journal de bord" : un témoignage vivant sur le vécu dans une brigade de protection de la famille. C’est avec une belle clarté qu’Agnès Naudin nous livre ce récit-vérité. Nos politiques préfèrent souvent parler de l’efficacité d’une police répressive, vanter son efficacité. Ça existe, et cette forme-là joue son rôle pour notre sécurité. Néanmoins, d’autres aspects sont moins spectaculaires, mais essentiels. La police actuelle doit parfois dénouer des problèmes relevant davantage du social que du banditisme, de la pure criminalité.

Bébé secoué, viol sur mineure, sexe imposé dans un couple : trois types d’affaires peut-être plus courantes qu’on se l’imagine. Pour la policière, un équilibre personnel s’avère indispensable – ce qu’elle trouve en grande partie à travers le yoga. Évacuer les frictions entre services et envers des collègues moins sympathiques, ça fait partie des aléas de ce métier – cela ne paraît pas insurmontable à Agnès Naudin. Comprendre, ou tenter de le faire, voilà ce qui importe. Ces policiers font partie des témoins de notre époque, cette sorte de livre permet certainement d’en approcher la sociologie. D’une façon positive dans ce cas, assombrir les réalités ne résolvant rien.

Un regard aussi lucide que possible sur aujourd’hui, sur une des facettes de notre société. Incontestablement, Agnès Naudin a écrit là un livre à ne pas manquer.

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16 septembre 2018 7 16 /09 /septembre /2018 04:55

Promise Falls se situe à l’Est des États-Unis. Pas exactement une ville moyenne prospère et tranquille. Récemment, plusieurs étudiantes du Thackeray College ont été agressées, sans que la police locale identifie le coupable. L’inspecteur-adjoint Angus Carlson est chargé de poursuivre l’enquête. On ne peut pas dire que les responsables du Thackeray College se montrent coopératifs. Quant à Barry Duckworth, chef de la police de Promise Falls, il persévère dans ses investigations concernant le meurtre de la jeune Olivia Fisher, une affaire terriblement énigmatique. Duckworth a compris que le nombre 23 avait un sens dans les derniers événements criminels s’étant produits ici, mais il reste incapable d’en trouver la signification.

Par ailleurs, l’ancien maire Randall Finley ne renonce pas à briguer à nouveau ce poste, même si c’est un véreux avéré. Il a engagé l’ex-journaliste David Hartwood pour l’aider à reconquérir la mairie de Promise Falls, pensant que la population a déjà oublié ses turpides passées. Finley pense que le promoteur immobilier Frank Mancini peut être un soutien de poids. Quant au détective privé Cal Weaver, il vivote sans enthousiasme, contraint à la passivité, faute d’avoir une clientèle régulière. C’est alors qu’un nouveau drame frappe Promise Falls, de manière inattendue.

Ce soir-là, c’est l’ultime séance du cinéma en plein air – le drive-in Constellation – avant se fermeture définitive et sa vente à Frank Mancini. À 23h23, l’écran du cinéma explose, causant quatre victimes parmi les spectateurs dans leurs voitures. Erreur de l’entreprise de démolition ou attentat terroriste ? Aucune de ces deux versions n’est vraiment logique. Tandis que l’ex-maire Finley en profite pour soigner sa notoriété, l’inspecteur Barry Duckworth cherche à comprendre ce qui s’est passé. Peut-être qu’une experte en explosif pourra l’y aider ? Le détective privé Cal Weaver est, de son côté, contacté par Lucy Brighton, fille d’Adam Chalmers, une des victimes. Par dessus tout, elle redoute que sa propre fille (Crystal) soit psychologiquement marquée par la mort de son grand-père, avec lequel elle avait des relations privilégiées.

Visitant avec Lucy Brighton la luxueuse maison d’Adam Chalmers, Cal Weaver fait une troublante découverte : la bibliothèque murale du défunt masque une pièce secrète. Cette chambre est dédiée au sexe, Chalmers ayant filmé sur DVD ses ébats pervers. Quelqu’un s’y est introduit, dérobant les films pouvant probablement l’incriminer. Cal Weaver n’est pas insensible au charme de Lucy, mais c’est avant tout un professionnel consciencieux. Il mènera l’enquête jusqu’au bout, s’intéressant entre autres à la nouvelle épouse de Chalmers. Quant au défunt, ancien biker devenu écrivain, il n’est pas exclu qu’il ne se soit pas assagi autant qu’il y paraissait. Pour les deux autres victimes, c’est à la police locale de fouiller au sujet d’éventuels motifs de crime. Et, pendant ce temps-là, le meurtrier d’Olivia Fisher rôde toujours, l’agresseur d’étudiantes aussi…

Linwood Barclay : Faux amis (Éd.Belfond, 2018)

Il ne faisait aucun doute que Randall [Finley] n’était pas le bienvenu. Duckworth avait été obligé de le chasser du parking du drive-in la veille au soir, quand ce moulin à paroles opportuniste avait tenté de se faire prendre en photo en train d’aider les gens. Il aurait presque souhaité qu’il refuse de quitter les lieux. Il aurait adoré lui passer les menottes et le pousser sans ménagement à l’arrière de sa voiture.
En comparaison, Trevor était un visiteur plus opportun. Cela faisait pourtant presque quinze jours qu’il n’avait pas vu son fils, et cette dernière visite ne s’était pas bien déroulée. Trevor avait passé la nuit chez eux, débarquant au volant d’un fourgon Finley absolument identique à celui garé dans l’allée. Lorsque Duckworth avait appris que Randy avait donné du travail à son fils, il avait tout de suite été sur ses gardes.

Linwood Barclay nous invite une fois encore à explorer les mystères de Promise Falls. Peu importe qu’il s’agisse ou non d’une "suite" de “Fausses promesses”, car l’auteur ne manque pas d’habileté pour nous suggérer les faits précédents, et nous présenter (sans être répétitif) les principaux protagonistes. Bien que les personnages soient assez nombreux, on ne s’y perd pas. En effet, la limpidité narrative reste – avec la construction de l’intrigue – le meilleur atout de ce roman. Il suffit de suivre le récit, en somme.

Si cette affaire est émaillée de quelques morts violentes, Linwood Barclay allège l’ambiance par des moments plus souriants, sans en négliger l’aspect meurtrier. Tout est question de dosage, et l’auteur s’y entend pour garder un bel équilibre narratif. D’une certaine façon, c’est aussi le portrait d’une ville américaine ordinaire. Une histoire très agréable à lire, par un romancier confirmé.

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15 septembre 2018 6 15 /09 /septembre /2018 04:55

Robert Munch est un artiste de cirque, un trapéziste renommé. Cette nuit-là, il choisit de se suicider, pour des raisons complexes. Mais deux hommes interviennent et le sauvent. Il s’agit du sexagénaire Norman Litman et de son assistant, Pierre. Litman est un agent des services secrets, très expérimenté, qui se charge de convaincre Robert Munch de remplir une mission pour son compte. Il devra se substituer à Red Black, un voleur auquel Munch ressemble un peu, auquel on va donner le visage de ce cambrioleur. Ce qui intéresse Litman, c’est que Robert Munch est un athlète capable d’escalader un mur d’immeuble jusqu’au neuvième étage. Sur place, il devra dérober des documents secrets de la plus haute importance. Munch accepte cette mission, non sans en connaître les dangers.

Le trapéziste s’installe dans le logement de Red Black, rencontrant bientôt Lola, voisine de chambre. Grimper neuf étages par l’extérieur d’un immeuble, même avec une excellente condition physique, Munch s’avoue qu’il ne faudra pas flancher. Il y parvient, puis regagne la chambre de Red Black, où il planque les documents volés. Imaginée par Litman, la seconde partie de l’opération oblige Munch à encore ruser. Il reçoit la visite d’un certain Dan, intermédiaire pour les acheteurs des documents. Le faux Red Black réclame le double de la somme qu’on lui a promise. Ce qui devrait susciter des réactions de la part des acheteurs. Peu après, un homme armé d’un couteau agresse Robert Munch dans la chambre de Red Black.

En réalité, l’agresseur est Joe Lermon, un ex-complice du vrai Red Black, qui s’est mis au service de Dan. Joe n’est pas dupe : il comprend illico que ce n’est pas son ancien ami qui est en face de lui. Munch maîtrise rapidement Joe. Néanmoins, ce dernier risque de révéler la vérité à Dan, ce qui ferait capoter le plan de Litman. Mais Joe paie bien vite son intrépidité en voulant reprendre la situation en main. C’est alors que Munch s’aperçoit que les documents secrets lui ont été volés. Il n’y a qu’une explication possible. Retrouver Dan lui paraît la seule solution pour se sortir de ce guêpier. Que Munch soit toujours en vie à ce stade de l’opération, ça ne correspond pas à ce qu’avait prévu Litman. Il va falloir faire appel à Pierre pour rétablir les choses. Mais, pour le moment, Robert Munch n’a plus envie de mourir…

André Lay : Les étoiles s’éteignent (Fleuve Noir Espionnage, 1956)

Cramponné d’une main au tuyau, il se pencha sur le côté, et de l’autre poussa la fenêtre. Un frisson le parcourut. La fenêtre ne cédait pas. Ses cheveux se hérissèrent sur son crâne. Il ne savait pas quelle fenêtre allait céder.
Alors commença vraiment pour lui le plus dangereux de son numéro. En équilibre sur un pied, retenu par une main, il longea la corniche, tâtant de l’autre toutes les fenêtres qu’il rencontrait. Collé contre le mur fouetté, par le vent, il avançait lentement. Chaque pas le rapprochait de la chute. Il savait que, s’il ne trouvait pas, il n’aurait pas la force de refaire le même chemin. Enfin, après des tâtonnements qui lui semblèrent durer des siècles, une fenêtre céda sous sa poussée avec un faible grincement. Une seconde plus tard, il était dans le couloir, le dos au mur, passant sur son front en sueur un mouchoir, reprenant péniblement son souffle.

André Lay (1924-1997) débuta aux éditions Fleuve Noir avec la publication de son premier roman, “Le diable est au fond du sac” (1956). Jusqu’en 1987, ce pilier du Fleuve noir a écrit cent quarante-deux romans, principalement pour la collection Spécial-Police. Il créa le personnage du commissaire Vallespi, truculent policier au Venezuela, héros de dix-huit romans de 1968 à 1977. Cette année-là, il lança une nouvelle série ayant pour héros le Shérif Garrett, qui vivra vingt et une aventures (dans un bled du désert Mohave – ou Mojave, à l’ouest des États-Unis) jusqu'en 1987. Une série drôle, et même "déjantée", mais moins originale que les Vallespi. “Les étoiles s’éteignent” (1956) est le seul roman qu’André Lay publia dans la collection Espionnage du Fleuve Noir, ce qui en fait une curiosité.

Certes, l’intrigue utilise un contexte avec des agents secrets, et des documents qui seraient du domaine de l’espionnage. À vrai dire, c’est plus sûrement un roman d’aventures à suspense, doté de belles péripéties, où l’action est privilégiée. Avec un caractère humain, car on ressent une réelle empathie pour Robert Munch. Une histoire solidement construite, vivante car racontée avec cette fluidité qui rend passionnants les romans de cette époque. Hormis cet "Espionnage", André Lay est un auteur à redécouvrir aussi et surtout pour ses nombreux polars.

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14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 04:55

Fred Kassak est décédé le 12 avril 2018 à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Il publia une douzaine de romans de 1957 à 1971, se consacrant par ailleurs aux scénarios de pièces radiophoniques et de téléfilms (dont les célèbres "Cinq dernières minutes"). Les adaptations de plusieurs de ses romans (en particulier par Michel Audiard) donnèrent des films très drôles, mais beaucoup moins fins que les œuvres originales de Fred Kassak.

En 1995, Le Masque publia un recueil de dix nouvelles inédites de l’auteur. S’il s’agit bel et bien d’histoires criminelles, c’est la tonalité souriante qui domine. Si l’on dit que ces textes sont humoristiques, ne confondons pas avec une prose rigolarde trop facile. Ce sont des nouvelles dites "à chute" (avec une surprise finale) qu’a concoctées Fred Kassak. Des textes qui, en plus de ses romans, prolongent notre délicieux plaisir de lire cet auteur…

Fred Kassak : Qui a peur d’Ed Garpo ? (Le Masque, 1995)

Petit survol des nouvelles de ce recueil.

 

Iceberg – Le hasard a fait se rencontrer Bernard et Irène. Il est tombé amoureux d’elle, le coup de foudre. Il l’invite souvent dans sa villa normande, en bord de Manche. Mais Irène vient toujours avec Georges, celui qui compte le plus dans sa vie. Bernard doit trouver le meilleur moyen de supprimer "accidentellement" ce gêneur qu’est Georges.

Une fois, pour voir – Médecin de campagne, noble métier. Sauf quand on l’exerce dans un coin perdu, à proximité d’une centrale nucléaire. S’il force son enthousiasme, son épouse vit nettement plus mal leur situation. Ce jour-là, alors qu’ils ont mangé dans le jardin, elle décide de tuer son docteur de mari qui fait la sieste. Son propre témoignage suffit à disculper l’épouse, du moins provisoirement.

Le bon motif – Au cours d’une promenade en forêt sur son cheval, Maurice Gambier est désarçonné, sa chute provoquant une mortelle fracture du crâne. À environ soixante ans, ce genre d’accident est vite fatal. Gambier avait contracté une assurance-vie au profit de son épouse, d’origine Polynésienne. Charles Dubignac, responsable du "règlement des sinistres" pour la compagnie d’assurance, n’a nullement l’intention de débourser un sou. Tous les prétextes et arguties seront bons pour ça. Avec l’approbation et le soutien de son collègue Ledoux, séduisant quadragénaire. Après avoir traité cette affaire, Dubrignac pourra partir en vacances dans des décors paradisiaques.

Et qu’on n’en parle plus ! – Il est l’ami et le complice de Géant-Hardi. Mais il s’est aperçu que, bien que se mettant autant en danger que lui, c’est toujours ce diable de Géant-Hardi qui tire profit et notoriété de leurs actions meurtrières. Rester anonyme dans l’ombre de ce soi-disant ami, ça suffit ! Tandis qu’ils se lancent ensemble dans une nouvelle mission, il va éliminer Géant-Hardi. Personne ne le soupçonnera, ne s’intéressera même à lui. Si on retrouve le cadavre bien longtemps après, ça n’aura plus d’importance.

Miracle au printemps – En ce splendide dimanche printanier, il ne croise que des couples, pas la moindre femme seule à séduire. Il rentre donc s’enfermer dans son studio-coin-cuisine, rien d’excitant à son programme de la journée. Quand sonne le téléphone, c’est un faux numéro. Une femme qui continue à appeler, à se tromper, à s’excuser de son erreur. Agacé au début, il finit par y voir un signe du destin, une chance. Tous deux prolongent leur conversation téléphonique. Idylle naissante ou début de la fin, pour lui ?

Dédicace – Il est légitime qu’un romancier penser à écrire en exergue de son nouveau livre une dédicace pour son épouse, puisqu’elle l’a aidé à exploiter une idée à laquelle personne n’avait pensé avant lui. Sans elle, il ne serait probablement pas allé au bout de cette histoire de crime parfait. Le "tapuscrit" du roman est prêt.

L’âge des problèmes – Il a décidé de divorcer, pour se remarier avec une femme beaucoup plus jeune que lui. Quand il l’annonce à son épouse, elle ironise sur les très nombreux problèmes de santé du mari vieillissant. Énervé, il lui assène en pleine tempe un coup de cendrier en verre de Murano. Simuler un accident de voiture mortel ne devrait pas être tellement difficile.

Qui a peur d’Ed Garpo ? – Cet écrivain sexagénaire réputé, oncle et parrain du jeune Edgar, procure à ce dernier un logement et un job à Paris. Le filleul est un admirateur de l’œuvre d’Edgar Poe, dont il a adapté en bédé une des nouvelles. L’écrivain, lui, n’a que mépris pour cet “histrion littéraire mené par la seule recherche de l’effet. Un fabriquant de fantasmagories sanglantes et morbides…” Il recommande vaguement la bédé d’Edgar à son éditeur. Qui, ne tardant pas à trouver fantastique cette version BD, la publie sans délai. Énorme succès, qui éclipse les ouvrages de l’oncle d’Edgar. Ce qui attise la paranoïa de l’écrivain, sa jalousie. La bande-dessinée, symbole de "sous-culture", plus populaire que la véritable littérature, c’est insupportable. L’oncle met au point un plan – qu’il estime quasiment infaillible – pour supprimer son filleul.

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