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Pour attirer de nouveaux visiteurs sur Action-Suspense, il y aurait une solution toute simple : un dossier sur l’inusable thème « Sexe et Polar ». En utilisant les mots-clés sexe, voyeur, échangistes, sado-maso, partouze, viol, rencontres, bite et cul, assortis des indispensables salope, pute, soumise, fellation, enculée, et autres vocabulaires distingués, on attirerait sûrement les foules. Mais, il n’y aurait guère d’intérêt à traiter d’un tel dossier. Certes, les serial-killers de romans sont souvent des obsédés sexuels, des pervers mutilant atrocement leurs victimes. Bien sûr, les experts de la police scientifique sont confrontés à des cas où sexe et meurtre vont de pair. Mais il y a bien d’autres sujets plus passionnants à traiter que le sadomasochisme ou les soirées de couples échangistes dans l’univers polardeux.

Toutefois, j’avais écrit voici quelques années un article consacré à la collection Brigade Mondaine, diffusé sur bibliopoche.com à l‘époque. Donc, pour celles et ceux qui voudraient vraiment lire un sujet « sexe et polar », voila ce que je peux leur proposer…


BRIGADE MONDAINE : 30 ANS – 250 TITRES

Au printemps 1975, sort le n°1 d’une nouvelle collection : Brigade Mondaine. Elle est signée par Michel Brice, et proposée par Gérard de Villiers, créateur du célèbre S.A.S. Manifestement, cette série qui débute avec « Le monstre d’Orgeval » est destinée à durer. La maquette de couverture est bien étudiée, les personnages sont calibrés, les thèmes visent un public masculin ciblé. En ces temps où la censure décline, où les mœurs se libéralisent, on ose du roman policier pornographique à peine masqué. Le succès est immédiat.

Les amateurs éclairés du genre policier jettent sur cette collection un regard ironique ou méprisant. En effet, ces porno-polars ne brillent pas par leur originalité quant aux enquêtes et au suspense. Si la part policière n’est pas nulle, elle est minimale. Les intrigues sont plus caricaturales que vraiment médiocres. Toutefois, de temps à autre, on est surpris par une histoire plus habile que la moyenne, par une construction mieux pensée. Mais cela reste l’exception.

Le concept – sexe, drogue, et enquête – ne nécessite aucun effet novateur. Au contraire : la recette, c’est un style narratif simple et clair, percutant et réaliste. Pour apparaître crédibles, les scénarios s’inspirent des « faits de société » du monde actuel autant que des faits divers. On trouve çà et là un peu d’humour facile, ou quelques clins d’œil [dans « Le piège espagnol » (1989, n°93) le héros se nomme Carvalho ; amusant, non ?] Mais cette série n’est guère comique.

« Les scènes pornographiques et sadiques se succèdent, pendant que les deux policiers se demandent bien dans quelle abjection ils sont tombés (…) Le final grand-guignolesque où le méchant se révèle être un tortionnaire est à hurler de rire » (Laurent Greusard, L’Année de la Fiction, volume 12, 2004) « Un retour dans le classique : prostitution, trafic de chair humaine, peur et souffrance, et complicité au plus haut niveau. Rien de bien original » (Jean-Luc Beuvelet, L’Année de la Fiction, volume 11, 2003). Ces opinions sur deux épisodes de la collection (n°229 et n°196) expriment à quel point on est loin de la littérature policière de qualité.

LES PERSONNAGES

Originaire d’Audierne, le policier Boris Corentin est le héros central de la série. Dans la plupart des épisodes, on nous rappelle brièvement son portrait flatteur :

« Carla considéra longuement le long flic allongé dans son lit. Silhouette d’athlète sur lequel les années semblaient ne pas avoir de prise, avec des cheveux bouclés noirs, un visage aux traits réguliers, une mâchoire puissante, un torse aux pectoraux surdéveloppés et un ventre plat au bas duquel saillait une hampe de chair d’une taille impressionnante. Quatre-vingt-cinq kilos de muscle et d’intelligence. L’as des as des Affaires recommandées de la Brigade Mondaine » (N°198, « Le fil du rasoir », 1999)

Aucun souci pour lui attribuer un visage : Boris Corentin est le sosie d’Alain Delon avant 40 ans. Avec un tel physique, il n’a pas de problème pour séduire les plus belles femmes, ni pour les satisfaire sexuellement. Comme lui, elles sont prêtes à tester tous les jeux érotiques. Que ce soit dans son studio parisien, rue de Turbigo, ou chez ses conquêtes, Boris est toujours en forme. Ce sont souvent de précieuses alliées au cours de ses enquêtes. Parfois elles prennent des risques pour lui : le magnétisme d’un pareil amant les incite à mépriser le danger afin de l’aider. Boris a aussi une amie régulière, Ghislaine.

Aimé Brichot est l’adjoint de Boris, autant que son opposé. Voici un portrait de celui que l’on surnomme Mémé :

« Ce cher et adorable anglomane d’Aimé Brichot… Plus impeccable que jamais avec son pantalon de golfeur à carreaux écossais bleus et verts au dessus d’un polo à manches courtes vert prairie. Toujours aussi osseux avec son cou de poulet et sa grosse moustache taillée au ciseaux. Et sa calvitie quasi totale. Et ses bons gros yeux de myope derrière ses lunettes Amor sans monture. Elle observa ses chaussures. Des Churchs à triple semelle lustrées à l’huile de coude. L’élégance, c’était le péché mignon de Mémé, pur Berrichon de Nohant dont le rêve le plus tenace était d’obtenir la nationalité britannique. Aimé Brichot, mari fidèle, père de deux ravissantes jumelles, Rose et Colette, dont on se demandait comment il avait pu si bien les réussir, et du petit Charles, un gamin pourri, mais le cœur sur la main. Mémé, le compagnon d’enquête de Boris depuis si longtemps, et que le hasard du boulot allait plonger, encore une fois, dans une sale affaire. » (n°84, « Maître et esclave », 1988)

Avec son physique quelconque, Aimé est l’indispensable faire-valoir de Boris. S’il ne peut prétendre rivaliser en séduction, il est parfois diablement excité. Mais il ne se laisse quasiment jamais tenter par les divines créatures croisées pendant leurs enquêtes. Son épouse sait prendre l’initiative pour le combler :

« … Jeannette s’était soudain montrée très câline. Défaisant un à un les boutons de la chemise de son mari, et s’amusant à lui agacer les mamelons. A croire que sa crise de fou rire […] avait eu sur elle un effet hautement érotique !

Il y a longtemps que tu ne m’as pas fait l’amour…

Mais enfin Jeannette, avait-il protesté faiblement, il y a à peine trois jours !

Sa femme avait souri d’un air espiègle :

C’est bien ce que je dis : il y a longtemps… »

(n°77, « Le rodéo du plaisir », 1987)

Charlie Badolini est le supérieur de Boris Corentin et d’Aimé Brichot. Leurs relations avec « Baba » (c’est son surnom) sont amicales, voire complices, mais peuvent être agitées. Ce niçois d’origine corse, marié à Suzanne, est un gros fumeur de Celtiques (alors que Boris fume des Gallia) qui empestent son bureau embrumé. C’est toujours de manière claire qu’il présente l’enquête dont le duo devra se charger. Parfois, il se montre même très direct :

« — Bien. Vous allez filer chez une call-girl qui s’appelle Anne Laurent, et qui habite 1bis rue de Boulainvilliers. Elle est morte. Il semble qu’elle se soit électrocutée dans son bain, avec un sèche-cheveux. Vous allez me dire en revenant si c’est un meurtre ou un accident […] S’il s’agit d’un meurtre, je vous demande de me dénicher le coupable sous vingt-quatre heures.

Mais…

Pas de mais ! Excusez-moi, mais je suis un peu sous pression. »

(n°114, « Délit d’initiée », 1991)

S’il est le chef absolu et respecté de son service, Charlie Badolini peut être présenté avec plus d’ironie :

« Et comme il était cocasse, Baba, avec son pantalon d’été de coton blanc de chez Lacoste et sa chemisette du même faiseur ! Privé de ses costumes aux épaules rembourrées, ce n’était plus qu’un quinquagénaire avancé aux épaules étroites, aux bras maigres veinés de bleu, et avec un petit ventre rondelet au-dessous d’une ceinture en faux croco » (n°84, « Maître et esclave », 1988)

Son frère aîné Ange Badolini est assassiné dans « Les chasseurs de Mireille » (1985, n°63).

Parmi les principaux inspecteurs de la brigade, on ne peut manquer de citer Rabert et Tardet. Il sont très fréquemment concernés par les enquêtes en cours. Situons-les entre les Dupont-Dupond de Tintin, et Laurel & Hardy :

« Comme soulevé par une pile électrique, le monumental Rabert s’éjecta de sa chaise et se précipita vers la fenêtre.

Pas possible ! éructa-t-il. Cette fois-ci, Brichot a décidé de nous avoir en nous asphyxiant. C’est la guerre des nerfs, Tardet. On résistera pied à pied.

Tardet leva d’un dossier qu’il étudiait un visage aussi jaune et maigre que celui de Rabert, le coéquipier avec lequel il formait la seconde équipe d’inspecteurs de la section des Affaires Recommandées de la Brigade Mondaine, était rouge à exploser. Prudent, il se tut. Bien trop ambitieux pour jamais emboîter le pas à Rabert dans ses déferlements de moqueries, même si cela relevait de la pure et simple plaisanterie d’amis qui se seraient fait tuer les uns pour les autres » (N°60, « Le maniaque du parking », 1984)

Terminons avec la blonde Ghislaine Duval Cochet, déjà citée. BCBG et voyageuse, elle reste l’amie-amante de Boris Corentin, apparaissant plus ou moins selon les épisodes :

« En ce jeudi matin, l’inspecteur divisionnaire Corentin n’était pas au mieux de sa forme. Il avait des excuses : la veille, il avait fêté avec elle l’anniversaire de Ghislaine, sa volcanique maîtresse. Fête du cœur, mais surtout fête des sens, car le tempérament de Ghislaine demandait autre chose que des mots d’amour : elle exigeait des preuves ! » (n°77, « Le rodéo du plaisir », 1987)

Les relations entre Ghislaine et Boris sont franches et libres, mais…

« Un voile passa devant les yeux de Boris. D’habitude Ghislaine et lui se comportaient comme un couple d’une totale liberté, ne se cachant rien de leurs bonnes fortunes réciproques. Et Dieu sait s’il n’en manquaient ni l’un, ni l’autre. Mais là, Boris n’avait rien dit au sujet de Felisa. Ça resterait son histoire à lui. Son remords aussi, sa blessure secrète, celle qu’on ne peut partager avec personne » (n°141, « L’archange de Florence », 1994)

Finalement, Boris Corentin sait quelquefois de montrer sentimental, aussi.


LES VICTIMES

Dans tous les épisodes, des femmes sont maltraitées, violentées, souillées. S’apitoyer sur le sort de ces malheureuses n’est pas le but. On peut distinguer plusieurs catégories de victimes.

Celles que l’on a droguées. Elles sont ici les plus nombreuses. Les substances administrées contre leur gré modifient leurs réactions quand elles subissent des mauvais traitements. Leur volonté, leur capacité à se défendre étant brisée par les drogues, elles restent passives malgré leur douloureuse situation. Maintenues dans un état second, elles ne sont plus que des objets sexuels. On nous suggère que certaines finissent par y prendre du plaisir. Elles ignorent le risque mortel qui les menace. Leur bourreau en aura bientôt assez de jouer avec elles. A cause de drogues trop fortes, ou de violences insoutenables, le cœur de ces victimes risque de lâcher.

Signalons aussi le cas des intoxiquées en manque, prêtes à tout pour obtenir leur dose, même à endurer les fantasmes les plus avilissants. « Une espèce de frénésie l’avait envahie. Elle allait lui donner ce qu’il voulait. Et ensuite elle aurait ce dont elle avait besoin (…) Il n’y avait plus pour elle d’autre issue. Tout ce qu’elle voulait, c’était sa dose. Les drogués sont très vite prêts aux pires lâchetés, aux pires saloperies. Et quand ils se font horreur à eux-mêmes, le garrot, les ampoules et la seringue, leur font tout oublier » (n°73, « La tentation de Caroline », 1986). On est à peu près sûr qu’elles seront éliminées.

D’autres victimes sont pleinement conscientes quand on les séquestre, les tourmente. Pour leur agresseur, il est beaucoup plus excitant de les humilier ainsi. Soit ces femmes possèdent des critères physiques correspondant à leurs fantasmes, soit il s’agit de vengeance. Elles savent quel sera leur sort : la mort. Elles espèrent une occasion de fuir, rusent parfois quand elles en ont encore la force. On nous dit que quelques-unes se découvrent d’insoupçonnés désirs masochistes. Ces victimes-là ne sont pas toujours sauvées par les policiers.

Il peut arriver que certaines femmes soient, dans un premier temps, « dominantes » – avant d’être réduites à l’état de victimes. Changement de position destiné à attiser les fantasmes, évidemment.

Enfin, il existe aussi de véritables masos, femmes ou hommes. Ces soumises recherchent et acceptent les situations dégradantes. Elles sont tout de même très rares. L’état d’esprit de ces personnes et leurs motivations sont parfois décrits avec justesse, semble-t-il. (Voir « Les amants maudits », par exemple). Victimes, elles le sont également. Car elles ne mesurent pas jusqu’où peuvent les entraîner ces jeux extrêmes.

Les scènes sexuelles sont plus ou moins envahissantes selon les histoires. Tous les degrés du sado-masochisme y sont présentés, les plus simples comme les plus cruels. Certains épisodes sont même sanglants, tendance Gore. C’est avec un grand réalisme qu’on nous décrit en détail les vices les plus noirs, les pires perversions, les situations infernales. La plus banale partouze est mise en scène avec soin, car nous savons d’avance qu’elle va probablement dégénérer.

Faut-il évoquer les coupables, les bourreaux ? A chaque fois, ces malades mentaux sont présentés avec précision. Il s’agit d’obsédés sexuels criminels qui, au moins en partie, vivent en dehors de la réalité. Guidés par des fantasmes occupant toutes leurs pensées, ces fous ne respectent plus rien, ni personne – surtout pas les femmes. Rien n’excuse leur comportement délirant, ni leurs actes d’une cruauté absolue. La quasi-totalité d’entre eux sont tués à la fin de chaque épisode. La « morale » est sauve !


LA GEOGRAPHIE

Bien que basée à Paris, la Brigade Mondaine mène des enquêtes sur l’ensemble de la France. On nous le rappelle dans un grand nombre de titres : « Les ballets roses de Saint-Malo », « La papesse d’Avignon », « Dernier Round à Marseille », « La justicière de Strasbourg », « La pieuvre de Biarritz », ou « La belle du Cap d’Agde ». Les évocations sont parfois plus régionales : « La bête du Lubéron », « Le vampire de Bourgogne », « Le grand prêtre des Ardennes », « Piège à filles au Mont Ventoux », ou « La diablesse des Alpilles ». Nos vaillants enquêteurs sont prêts à traquer le vice et la perversité partout où se cachent ces fléaux. Y compris dans les pays étrangers.

Les destinations exotiques sont appréciées : « Le cygne de Bangkok », « Le harem de Marrakech », « Les amants de Singapour », « Bacchanale aux Bahamas », ou « Cyclone à l’Île Maurice ». On visite aussi l’Europe. L’Italie, avec « Carnaval à Venise », «  La sorcière de Pompéi », « L’archange de Florence ». L’Espagne, avec « Le piège espagnol » ou « La possédée de Séville ». Mais encore d’autres pays européens, avec « La religieuse de Budapest » ou « La sirène du Loch Ness ».

Bien sûr, « Le club des Girondines » se déroule à Bordeaux ; « La séquestrée des Francofolies » à La Rochelle ; « L’ogre de la Baie des Anges » à Nice ; « La scandaleuse de la Croisette » à Cannes…

Situer géographiquement l’action a toujours été un bon moyen d’attirer des lecteurs. La série ne s’en est pas privée. N’ont été cités ici que quelques exemples. Car bon nombre d’autres romans se déroulent dans des régions françaises ou à l’étranger, sans que le titre le souligne toujours.

LES ADAPTATIONS

Plusieurs films ont été adaptés des romans Brigade Mondaine, comme « La secte de Marrakech » d’Eddy Matalon ou « Vaudou aux Caraïbes » de Philippe Monnier. Patrice Valota y incarnait Boris Corentin, Jacques Bouanich tenait le rôle d’Aimé Brichot. Ils étaient entourés de ravissantes jeunes comédiennes, souvent dénudées, oubliées depuis ces productions.

Trois albums de BD sont également sortis, signés par Michel Brice pour les scénarios, les dessins étant de Marcel ( !) Uderzo.

1 – « Le marché aux orphelines » (02/1982) ; 2 – « La cité des disparues » (01/1983) ; 3 – « Le cygne de Bangkok » (12/1983).

LA DUREE

Voilà donc quelques aspects de cette série qui dure depuis trente ans, qui a publié plus de 250 titres. A quoi bon polémiquer sur la vulgarité sexiste de cette collection commerciale ? Aujourd’hui encore, un grand nombre de lecteurs suivent les aventures de Boris Corentin dans le monde du sexe salace. N’oublions jamais que, même si ces romans se disent « fondés sur des éléments absolument authentiques », tout cela n’est que de la fiction, des histoires inventées.

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Roland Sadaune est romancier, peintre de talent, et un ami fidèle.

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