Le jeune Eddie Hunter et son oncle quadragénaire Ambrose ont, pendant quelques temps, travaillé dans les fêtes foraines. Ils se sont ensuite installés à Chicago. Ils sont employés par Ben Starlock, dont l'agence de détectives est sérieuse. Enquêteurs compétents, Ed et Am envisagent de créer bientôt leur propre société. Ils habitent l'immeuble de Mrs Brady, où l'ambiance est chaleureuse. Leurs proches voisins sont Chester Hamlin, un passionné de photographie, et Karl Dell, féru d'astrologie. Estelle Beck, amie de cœur d'Eddie depuis le temps des fêtes foraines, les a suivis à Chicago et loge aussi dans l'immeuble.
Alors qu'il avait rendez-vous avec un client cet après-midi-là, l'oncle Am a disparu. Il n'est pas dans ses habitudes d'agir ainsi. Ne cachant pas son inquiétude, Ed alerte leur patron Ben Starlock. Ensemble, ils passent une partie de la nuit à rechercher Am. Ed va bousculer un peu le directeur de l'hôtel, où Am devait rencontrer le client fantôme. Informée de la disparition, Estelle se souvient vaguement d'une anecdote racontée par Karl Dell. Celui-ci confirme qu'un auteur farfelu imagina jadis que plusieurs disparus prénommés Ambrose avaient été victime d'un certain “Ambrose Collector”. S'il admet que ceci est fantaisiste, Karl Dell propose plus concrètement d'établir l'horoscope de l'oncle Am dès que possible.
Dès le matin suivant, Ben Starlock mobile toute son équipe de détectives pour retrouver Ambrose. Karl Dell ne peut être suspecté, possédant un alibi assez valable. Starlock fut contacté par des propriétaires de boites de nuit, pour une nébuleuse affaire autour d'une loterie clandestine. S'il refusa, il peut y avoir un rapport quand même, car le client qu'Am devait rencontrer est impliqué dans ces combines de loteries. Estelle s'est faite engager au Blue Crocodile, le club en question. Ed s'y rend, mais il est vite convaincu que ces gens-là, pour préserver leur bizness, n'ont aucun intérêt à se mêler de kidnapping ou de meurtre.
Ben Starlock et ses détectives restent bredouilles sur toute la ligne. Quand un des amis d'Ed est assassiné, le capitaine Frank Bassett (de la Brigade des Homicides) se charge de l'enquête. Ses hommes et lui ne vont guère trouver d'indices, les éventuels suspects ayant des alibis corrects. Il y a bien ce nombre 420 inscrit par la victime, mais ce ne semble pas être le numéro gagnant du jour à la loterie clandestine. Ed reprend un des dossiers de son oncle, une affaire concernant un type au pedigree de récidiviste, nommé Tommy Reynal. Ce qui conduit Ed sur la piste d'un voyant qui se fait appeler Ramah Sing...
Les romans et nouvelles de Fredric Brown (1906-1972) englobent les genres populaires de la science-fiction à la littérature policière. Il créa dès ses débuts ce tandem de détectives devenus célèbres, Ed et Am Hunter. Ils sont les héros de sept histoires : Crime à Chicago, 1947 – Le fantôme du chimpanzé, 1948 – Un cadavre au clair de lune, 1949 – Le monstre vous salue bien, 1950 – La mort a ses entrées, 1951 – Le cher disparu / Regrets éternels, 1959 – Les dessous de Madame Murphy, 1963. Ces romans furent publiés (dans le désordre) à partir de 1983 aux éditions Clancier-Guénaud, sous l'égide de François Gérif. Sauf “Le fantôme du chimpanzé”, paru en 1978 chez Red Label, puis chez NéO en 1986, publié par F.Guérif. Plusieurs titres de la série ont été réédités (1993-1995) chez 10-18.
“Le monstre vous salue bien” n'apparaît pas forcément comme la plus originale aventure du duo Eddie et Ambrose Hunter. Un minimum de descriptions, un maximum de dialogues, des appels téléphoniques répétitifs, beaucoup de va-et-vient. Néanmoins, il s'agit là d'un roman d'enquête satisfaisant, à défaut d'être inspiré. Le jeune Ed suit vainement diverses pistes, tournant effectivement autour des faits ayant causé la disparition de son oncle. Il est question d'astrologie, de voyance, mais on nous détaille aussi le fonctionnement des paris clandestins d'alors. L'anecdote initiale, sur le “collectionneur d'Ambrose”, est due à Charles Fort (1874-1932). Quasiment inconnu en France, ce littérateur recensa quantité de faits étranges ou inexpliqués. Ses versions anti-scientifiques faisaient appel au paranormal et à des raisonnements absurdes, mais amusants. On lui attribue l'invention du mot “téléportation”. Si le présent roman n'est donc pas le plus exceptionnel de Fredric Brown, c'est quand même une occasion de redécouvrir cet écrivain.