Au début des années 2000, grâce à l'éditeur Marc Alpozzo, Franck Thilliez publia son tout premier roman en numérique, “Conscience animale”. C'est en 2005, qu'il rencontre le succès avec “La chambre des morts”. Ce roman est récompensé par le Prix des lecteurs Quais du Polar et par le Prix SNCF du polar français. En 2006, “La forêt des ombres” vient confirmer que Franck Thilliez a gagné un large public. De “La mémoire fantôme” (2007) à “Puzzle” (2013), en passant par “Le syndrome E” (2010) ou “AtomKa” (2012), chaque titre de cet auteur fait partie des best-sellers. Toutefois, ceux qui lancèrent réellement Franck Thilliez (ainsi que Karine Giebel, d'ailleurs), ce furent Jack Pop (1949-2007) et sa compagne (qui signait Woômanh). C'est dans leur collection Rail Noir, aux éditions La Vie du Rail, que Thilliez commence vraiment à imposer son inspiration. Les deux romans qu'il publie alors ont pour héros le tourmenté commissaire Sharko.
Dans “Train d'enfer pour Ange rouge” (Rail Noir, 2004), l'épouse du policier (Suzanne) a disparu depuis environ six mois, sans qu'apparaisse aucun indice. Sharko est chargé d'enquêter sur une série de meurtres. Des jeunes femmes sont victimes d'un tueur cruel les entraînant dans des jeux sadiques, qu'il filme jusqu'à leur mort. On retrouve leurs corps torturés et mutilés, non sans que l'assassin laisse des signes destinés à la police. Il contacte bientôt Sharko, pour lui apprendre que c'est lui détient son épouse. D'après ses dires, elle va prochainement accoucher, alors que Sharko ignorait qu'elle était enceinte. Ces révélations décuplent les motivations du policier. Une piste l'amène dans les milieux du sadomasochisme, un univers très secret, potentiellement menaçant. L'enquêteur s'intéresse aussi à un jeune réalisateur de snuff movies. Une direction erronée, qui va inciter le tueur en série à réagir contre ce réalisateur et ses proches. Même en parvenant à identifier le criminel et à sauver sa femme, l'avenir s'annonce sombre pour Sharko...
Le policier va connaître une seconde aventure dans “Deuils de miel” (Rail Noir, 2006). Il a vécu un drame un an plus tôt, à cause d'un chauffard nommé Patrick Chartreux. C'est dans l'église d'Issy-les-Moulineaux que débute sa nouvelle enquête. Le cadavre d'une femme quinquagénaire y a été retrouvé nu. Chevilles entravées, mais pas de traces de sévices ou de blessures. Son crâne rasé était couvert de papillons, sept gros insectes vivants. L'auteur de cette mise en scène pourrait être un fan d'histoires horrifiques, mais il n'a pas manqué de sang-froid. Il a laissé un laissé un message mystérieux, au sens mystique ou apocalyptique, que Sharko doit tenter de décrypter. Docteur en théologie, Paul Legendre amorce une interprétation du message. Sept fléaux destructeurs, un chiffre qui prend du sens. Même s'il découvre de nouveaux indices, Sharko va s'enfoncer peu à peu dans une sombre atmosphère, non dénuée de folie...
Puissants, noirs et troublants, ces deux romans sont désormais disponibles chez Pocket, réunis en un seul livre. Excellente occasion de découvrir ces premiers thrillers, car il est fort possible que les admirateurs de Franck Thilliez n'aient pas lu ces titres-là. Idem pour les lecteurs connaissant encore mal les œuvres de ce romancier. Par ailleurs, “Puzzle”, le nouveau suspense de Franck Thilliez, vient de paraître aux éditions Fleuve Noir. Nul doute qu'il soit tout aussi intense que les précédents.