Publié chez XO, “Glacé” de Bernard Minier vient d’être récompensé par le Prix Polar Cognac 2011. Une info du journal Le Parisien (18/10/2011) souligne que la fiction rejoint la réalité. En septembre, l’auteur découvrait que son roman policier avait été vu entre les mains de Xavier Dupont de Ligonnès, suspecté d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants en avril à Nantes. Il a été filmé par les caméras de surveillance de l’hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argents (Var) avec le roman à la main. C’est la dernière fois qu’on l’a vu vivant.
«Les enquêteurs ont pensé qu’il essayait peut-être de faire passer un message et sont allés chercher des points communs avec mon roman», explique Bernard Minier. «Heureusement, personne ne tue toute sa famille dans mon livre», signale l’auteur, soulagé. Des points en commun, quand même : un personnage surnommé Xavier, un autre obsédé par la morale… «Je pense qu’il s’agit d’une coïncidence», estime l’écrivain dans Le Parisien.
L’intrigue de “Glacé” : Dans une vallée des Pyrénées, le commandant Servaz se voit confier une étrange enquête. Quel rapport entre un cheval mort à 2000 mètres d’altitude, un pharmacien pendu sous un pont et des graffitis au fond d’une centrale ? Comment a-t-on pu retrouver sur les lieux l’ADN d’un psychopathe bouclé depuis dix ans dans le centre de rétention unique en Europe qui domine la vallée ?
Cela étant, même avec un mode d’emploi précis, peut-être issu d’un roman, Xavier Dupont de Ligonnès eût été incapable de commettre un crime parfait. Nul comme commercial, hors sujet en tant que chef d’entreprise, zéro sur le plan familial, il mériterait un Prix du Toquard 2011. S'il a éliminé sa femme et leurs enfants, semant des tas d’indices derrière lui, qu’est-ce qu’un tel médiocre peut espérer en fuyant ? Gagner du temps, avant de débuter une nouvelle vie paradisiaque ? Même s’il a été assez stupide ou prétentieux pour en rêver, c’est un scénario auquel seul un ringard comme lui pouvait croire. Pas assez imaginatif ou inventif pour se sortir d’une pareille situation, bien sûr. Il appartient à une classe sociale où l'on cultive peu l'imagination. S’il avait lu "L’adversaire" d’Emmanuel Carrère, l’histoire de Jean-Claude Roman, aurait-il réalisé l’absurdité de sa propre vie de raté ?
Un autre roman présent chez les Ligonnès a intéressé les enquêteurs : Disparu à jamais, d’Harlan Coben. On pourrait d’ailleurs citer bien d’autres titres similaires: Porté disparu, de Jonathan Valin; Portée disparue, de Colin Dexter; Disparue, de Lisa Gardner; Déclarée disparue, de G.M.Ford; La disparue, de Michael Robotham; Disparu en mai 68, de Noël Simsolo; Disparu en mer, de Graham Hurley; La disparue du Père-Lachaise, de Claude Izner; Ce cher disparu, de Susan Isaacs; La disparue de Noël, d’Anne Perry; La disparue de Colliton Park, de Minette Walters; La disparue de Salamanque, de Rebecca Pawel; La disparue de Guingamp, de Yann Venner; Un enfant de chœur a disparu, de S.T.Haymon; La chair disparue, de Jean-Jacques Pelletier; La disparue des Baronnies, de Viviane Veneault; Le disparu des Chartreux, de Jean d’Aillon; La voiture de pompiers disparue, de Sjöwall et Wähloo; L’Aigle a disparu, de Jack Higgins; Une voix disparue, de Laura Wilson. Et sans doute bon nombre d’autres.