Après “La ronde des innocents” (2010), le deuxième roman de Valentin Musso “Les cendres froides” est aussi publié chez Les Nouveaux Auteurs…
En 1999, Aurélien Cochet est enseignant, tandis que sœur Anna termine ses études. Marquée par le décès de leur père douze ans plus tôt, le jeune femme est une dépressive chronique. Leur grand-père Henri reste leur dernière attache familiale. Il vit avec sa compagne Alice, dans une belle demeure du côté de Châlons-en-Champagne. Au décès de leur aïeul, Aurélien doit faire le tri dans la grande collection de films anciens et rares appartenant à Henri. C’est ainsi qu’il découvre une bobine aux images surprenantes. Dans ce film amateur, on voit son grand-père dans une maternité, auprès du personnel, des patientes, et d’un officier SS. Aurélien admet en savoir peu sur l’histoire ancienne de sa famille, à part qu’Henri alla soigner les réfugiés de la Retirada, après la Guerre d’Espagne. Le voir dans ce qui est visiblement un lebensborn, parait plus que déroutant.
À
Châlons-en-Champagne, le lieutenant de gendarmerie Franck Launay et sa collègue Émilie Duhamel enquêtent sur le meurtre d’une octogénaire. La mort de Nicole Brachet ressemble à un home
jacking qui aurait mal tourné. Certes, le domicile de la victime est en désordre, mais qu’aurait-on volé chez cette dame vivant modestement ? Il est souhaitable de reprendre l’affaire à la
base, même si les voisins de Mme Brachet se montrent hostiles et taisent ce qu’ils ont vu. Quand des malfaiteurs soupçonnés de home jacking sont arrêtés, il est évident qu’ils n’ont rien
à voir avec ce cas-là. La voisine peu coopérative finit par donner son témoignage aux enquêteurs. Une piste utile s’annonce enfin. Plus tard, grâce à une jeune amie de Nicole, ils vont
s’interroger sur la disparition du répertoire d’adresses de la victime. Peut-être le nom du coupable y figure-t-il.
Aurélien contacte la jeune universitaire Héloïse Tournier, qui avait rencontré son grand-père. Sa thèse porte sur les enfants franco-allemands illégitimes durant la guerre, et en particulier sur les lebensborn. Si celui de Lamorlaye est connu des historiens, on sait peu de choses sur la maternité de Cernancourt où officia le grand-père d’Aurélien. Henri n’y exerçait plus, quand l’endroit fut détruit par un incendie en 1942 après quelques mois d’activité.
Quand il écoute les réponses de son aïeul, dans un enregistrement réalisé par Héloïse, Aurélien trouve que ses propos sont trop neutres. Peu d’allusions à Mme Guillermeau, influente veuve d’un général, créatrice de cet établissement. Pas un mot sur l’officier nazi Ebner, qui figurait sur le film trouvé par Aurélien. Celui-ci reste intrigué par l’antiquaire Dolabella, ami de son grand-père. Avec Héloïse, il recueille à Cernancourt le témoignage d’un voisin qui observa la maternité à l’époque. Qu’Aurélien reçoive des messages de menace ne l’inquiète que peu. Par contre, sa sœur Anna est hospitalisée après avoir été agressée, certainement en lien avec cette affaire…
Les lebensborn constituent l’élément historique de ce roman. Les nazis ayant
mené des expériences sur les êtres humains, on a entretenu des légendes assez malsaines sur ces maternités spéciales. Ici, en réalité, c’est principalement sur les secrets familiaux que s’appuie
le récit. Pas seulement ceux de ce grand-père admiré par Aurélien et sa sœur. Fut-il un pur salaud, ou bien joua-t-il un rôle plus nuancé, voire positif ? L’état psychologique d’Anna et le rôle
d’Alice, la compagne d’Henri, ont aussi leur part dans le mystère. Quant au lien entre l’octogénaire assassinée et l’aïeul, il reste longtemps énigmatique. On nous parle encore d’une certaine Rachel, jeune juive enceinte durant les années de
guerre. Autant de personnages et de signes participant aux questionnements du lecteur. On aurait sans doute pu souhaiter un rythme plus vif. Certaines explications sont un peu longuettes, alors
que nous avons déjà eu ces détails sous les yeux. Néanmoins, solidement construite, l’intrigue reste plutôt captivante. Un bon suspense psychologique.
Du même Valentin Musso, son premier roman “La ronde des innocents” est réédité chez Points : “Vincent Nimier croyait tout connaître de son frère Raphaël, jusqu’au jour où celui-ci est retrouvé torturé et assassiné sur un sentier des Hautes-Pyrénées. Grâce à une mystérieuse vidéo, il découvre alors que son frère avait une femme et un fils, disparus il y a des années sans laisser la moindre trace. Vincent se lance à leur recherche, mais il ne sait presque rien d’eux, pas même leur nom. Une seule certitude : ils sont en danger de mort et les hommes qui ont massacré Raphaël feront tout pour les retrouver avant lui ! Une course contre la montre qui conduit le lecteur dans l’univers des enfants précoces.” (disponible dès le 12 mai 2011)