Les éditions Actes Sud et Payot & Rivages ont annoncé jeudi 3 janvier la fusion de leurs activités depuis
le 1er janvier. Actes Sud a acquis 100% du capital de Payot & Rivages, maison d'édition qui appartenait à la famille Lamunière depuis trente ans. “L’indépendance éditoriale des deux maisons restera totale. Ce rapprochement a pour
but essentiel de pérenniser l’indépendance de nos maisons et de se donner les moyens de faire face aux nouveaux enjeux de notre profession”. Président de Payot
& Rivages, Jean-François Lamunière, quittera ses fonctions et rejoindra Françoise Nyssen, PDG d’Actes Sud, Jean-Paul Capitani et Bertrand Py au sein du conseil de surveillance des Éditions
Actes Sud, expliquent les deux éditeurs dans un communiqué commun.
Payot & Rivages (environ 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011) compte 25 salariés et publie près de 200 titres par an. Rivages/Noir publie Ellroy, Donald Westlake, James Lee Burke, Dennis Lehane, Pascal Dessaint, J.H.Oppel, etc. : une collection de référence pour les lecteurs. Le catalogue Actes Sud publie chaque année de plus de 600 titres. Actes Sud a réalisé 65 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2011. Plusieurs “éditeurs associés” (comme les Éd.Jacqueline Chambon ou les Éd.Le Rouergue) appartiennent déjà au même groupe.
Le mariage de Camilla Läckberg et de James Ellroy.
Cette info fera-t-elle pousser des cris d’orfraies à certains puristes du roman noir, rugir les gardiens du Temple du polar, s’inquiéter les admirateurs de la collection Rivages/Noir ? C’est possible, et même probable. Pourtant, assurer la diversité du polar, passe assurément par ce genre d’alliance d’éditeurs. Rivages/Noir et Actes Noirs sont deux collections de grande réputation, pas identiques. On doute qu’il y ait à craindre des changements révolutionnaires chez Rivages/Noir. Personne n’y perd son âme, chacun renforce sa pérennité économique.
Contrairement à l’industrie, ce genre de rachat occasionne peu de dégâts pour le personnel. Souhaitons qu’il en soit ainsi dans le cas présent. Mais, ne nous leurrons pas, si le polar se vend très bien, la rentabilité de ces éditeurs est indispensable pour conserver une certaine indépendance. Certes, c’est un aspect intéressant peu les lecteurs, mais nous n’ignorons pas que nous vivons dans un monde de comptables. Les “petits éditeurs” peu exposés le savent bien, au mieux vivotant, au pire déposant vite le bilan. Actes Noir, les “éditeurs associés” publiant des polars et Rivages/Noir se garantissent un avenir dans un univers concurrentiel, voire pléthorique.
On a toutes raisons d'espérer que ce mariage (de raison) soit une belle réussite.