Parmi les nouveautés à paraître en format poche dès le 5 janvier, deux titres peuvent retenir l’attention dans la collection Points. Publié au printemps 2010 aux éditions Parigramme, “Mortelles voyelles” de Gilles Schlesser fait partie de ces romans à redécouvrir..
Oxymor Baulay est un journaliste pigiste parisien quinquagénaire. Fauché, largué par son ex-épouse, il est l’amant
de la sophistiquée Louise. Spécialiste des questions de société avec enquête sur le terrain, il réalise un reportage en immersion parmi les SDF de la capitale. Il sympathise avec Vaïda, qui se dit le fils du dernier roi des Gitans. Dans une valise mise au rebut, l’homme a trouvé un manuscrit qu’il veut
échanger contre une cartouche de cigarettes. Curieux, Oxymor accepte la transaction. Intitulé “A noir”, il s’agit d’une drôle d’histoire. “Le roman est articulé autour de cinq meurtres, cinq
femmes assassinées de la même manière. L’auteur a écrit à la première personne et insère de nombreux flash-back sur ses traumatismes d’enfance : nuits entières au cachot, fouet, viols familiaux.
Oxymor frissonne. Ces meurtres sanglants et complaisants lui donnent la nausée…” Il note quelques indices, dont le titre qui s’inspire d’un poème de Rimbaud.
Selon Louise, “ce n’était peut-être pas destiné à être publié, ce n’est pas signé, il peut s’agir d’une forme de confession”, malgré la mention “roman”. Oxymor finit par réaliser ce qui le troublait dans ce texte. Tel un émule de Georges Perec, l’auteur n’utilise jamais le verbe “être”. Paul et Isabelle, couple d’amis bobos, présentent à Oxymor la belle Clara, marquée par un douloureux échec amoureux. Surtout, Paul est éditeur, et s’avoue bientôt très intéressé par la publication du manuscrit. Entre-temps, Vaïda est assassiné dans le campement de gitans. Consultant des documents, Oxymor comprend que les meurtres du manuscrit ont été réellement commis en 1979...
On n’est pas dans un roman observant strictement le déroulement d’un scénario à suspense. Cet exercice de style s’inspire un peu des pratiques de l’Oulipo, recherchant les astuces, pratiquant les textes avec contraintes. Outre sa culture parisienne, le héros est fort intéressant quand il se remémore des anecdotes de la vie littéraire passée, très amusant quand il glisse des exemples de figures de rhétorique dans son propos. En somme, il s’agit de jeux de l’esprit dont le lecteur doit accepter le postulat. Ceci n’empêche nullement l’énigme entraînant des déductions, le mystère amenant des hypothèses…
George P.Pelecanos est depuis longtemps une valeur sûre du roman noir. Nul besoin d'argumenter à son sujet. Son nouveau titre “Mauvais fils” est désormais chez Points.
Incarcéré à Pine Ridge, Chris Flynn est conscient d’avoir collectionné de stupides actes de délinquance. Âgé de
dix-sept ans, il s’est marginalisé en voulant jouer au dur avec son pote Jason. Consommation de drogue, quelques larcins, autant de bastons, un itinéraire qui conduit fatalement dans un centre
fermé tel que Pine Ridge. Bientôt arrêté après un nouvel incident, son sort fut évident
malgré l’avocat ami de son père. Amanda, sa mère très pieuse, est compatissante vis-à-vis de Chris. Thomas Flynn, son père, se montre plus distant. Âgé de trente-neuf ans, Thomas Flynn fut un
temps policier, avant de créer son entreprise de pose de sols et moquettes à Washington. Les jeunes parqués à Pine Ridge sont surtout des Noirs, avec quelques Latinos, Chris étant le seul Blanc.
L’endroit n’échappe pas à la violence et aux trafics, impliquant quelquefois des gardiens. Ali Carter, jeune homme intelligent, ou Ben Braswell, plus rustre mais pas pourri, sont les rares
détenus avec lesquels Chris sympathise. Sans doute est-ce la visite ici d’un écrivain qui fait prendre à Chris quelques bonnes résolutions.
Près de dix ans plus tard. Ali Carter a poursuivi des études. Il est employé dans une organisation sociale, trouvant des jobs aux ex-prisonniers et aux petits délinquants repentis. Chris est employé dans l’entreprise de son père. Il y fait équipe avec Ben Braswell. Un jour, Chris et Ben trouvent un magot planqué sous un plancher. Chris fait entendre raison à son ami, même si celui-ci vit plus modestement que lui. Ils laissent le pactole sur place, et taisent leur découverte. Mais Ben en parle quand même à son douteux ami Lawrence, qui ne tarde pas à entrer par effraction dans la maison et à dérober le magot. Bien la propriétaire ait appelé la police, pour Chris et Ben, l’incident pourrait s’arrêter là. Mais les truands Sonny et Wayne reviennent chercher l’argent planqué…