Né en 1923, Pierre Courcel a publié ses romans policiers (et d’espionnage) au Fleuve Noir de 1963 à 1983. C’est loin d’être l’auteur le plus original de la collection Spécial-Police, il faut l’avouer. Affaires de meurtres assorties d’un vol, disparitions inexplicables, ou basses vengeances, tels sont les thèmes habituels de ce romancier. Épouses et maris, ou amants et maîtresses, constituent généralement les suspects principaux des enquêtes. Celles-ci sont menées par des policiers traditionnels, consciencieux, interchangeables, presque anonymes tant ils possèdent peu de relief. Intrigues balisées, racontées sobrement, donc. Le chassé-croisé entre suspects reste souvent l’élément un peu palpitant de ces histoires. Le contexte de l’époque peut aussi être un atout favorable. Quatre exemples pour illustrer la production de Pierre Courcel.
Dernière revanche (1975)
Homme d’affaires et séducteur sans scrupules, Marc Verrerie a vendu sa société à Jean-François et Frédérique. Peu après, on le retrouve assassiné. Un forte somme d’argent a disparu. Jean-François et Frédérique sont frère et sœur. Tous deux avaient de lourds griefs à l’encontre de Marc. Frédérique avait subi de sa part une tentative de viol. Jean-François le savait, comme il n’ignorait pas que Marc était l’amant de Joëlle, sa petite amie. Stéphane, le fiancé de Frédérique, est un jaloux. Il n’était pas si loin du lieu du crime, cet après-midi là. Possible qu’il y ait eut bagarre entre eux, mais pour le meurtre et le vol, c’est plus incertain. Cécile, la petite amie de Marc, commençait-elle à percevoir l’hypocrisie de celui-ci ? Le rôle de Joëlle n’est pas forcément clair, non plus. D’autres proches de Marc sont autant soupçonnables pour le commissaire Mazaire. Les témoignages sont tous douteux, il l’a bien compris…
Redoutable banco (1976)
Pour Brice, il est temps de récupérer les sommes que lui doit son patron, Michel Coutures. Si, dans un premier, il se fait éjecter par celui-ci, Brice ne reste pas sur cet échec. Il y retourne, armé cette fois. Assommé d’un coup sur la tête, Brice découvre à son réveil que son patron a été abattu par son fusil à lui. Quand il sort pour alerter la police, arrive l’épouse de Coutures, Fabienne. Le commissaire Casaux enquête. Beaucoup de gens avaient des motifs de supprimer Coutures, qui n’allait pas tarder à s’enfuir avec son pactole. Fabienne, qui prévoyait le divorce, a pu mentir sur l’heure de son retour. Syvaine, la secrétaire, était informée du gouffre financier qui s’annonçait. Régis, l’associé de la victime, était écarté de la gestion depuis six mois. Julien, un menuisier auquel Coutures devait de d’argent. Et aussi Lamothe, entrepreneur en bâtiment, pour des sommes encore plus importantes. Brice est désormais moins soupçonné. Il ne croit pas en la culpabilité de Fabienne. C’est pourtant la meilleure suspecte…
L’épreuve du passé (1979)
Jean-Pierre Cousances et sa maîtresse Gabrielle Loisey sont assassinés au domicile du premier. Deux tableaux de grande valeur on été volés, et un coffre est ouvert. Le commissaire Reynel et son adjoint Saint-Blin sont chargés de l’enquête. Florence, ravissante épouse de Jean-Pierre, son mari depuis cinq ans, était absente au moment des faits. À la suite de l’accident de son frère et du décès de son père, la jeune femme avait besoin de réconfort. Jean-Pierre avait su lui en apporter, mais peut-être visait-il aussi la fortune de Florence ? Dernier amant en date de Florence, Christophe n’a guère d’argent. On pourrait le soupçonner du double meurtre, pour épouser sa maîtresse. Demi-frère de Florence, Bernard est toujours sans le sou. Il sollicite souvent sa sœur. Aurait-il dérobé les tableaux pour les revendre ? Dans ce cas, la double mort serait accidentelle. Collaborateur de Jean-Pierre, Gilles va mener sa petite enquête. Florence le lui a demandé, mais il a une motivation supplémentaire personnelle. L’ex-mari de Gabrielle lui offre un indice important…
Une sacrée diablesse (1981)
Delphine est une arriviste. Aimant l’argent et le luxe, elle a épousé Marc pour ces seules raisons. Elle cocufie son mari avec divers amants. Elle assiste à un mariage en province avec Marc, lorsqu’on vient les prévenir que leur galerie d’art parisienne a été cambriolée. Cousin et associé de Marc, Serge a été tué pendant ce vol, sans doute de façon accidentelle. Tandis que son mari rentre à Paris pour constater la situation, Delphine se rend comme prévu dans leur maison du Cantal. Avant cela, elle fait un détour au domicile de son amant du moment, Gilbert. À Paris, le commissaire Lavalette enquête sur le cambriolage. De son côté, le jeune Christophe apprend l’affaire par la presse. Il fut l’amant de Delphine avant que son ami Gilbert prenne le relais. Connaissant les activités discrètes de Gilbert, Christophe a vite compris que c’est lui qui a dérobé les tableaux de la galerie. Ne pouvant le joindre à Paris, Christophe se rend en Auvergne afin de savoir le fin mot de l’histoire. Gilbert n’est pas chez lui. Il semble avoir quitté précipitamment sa maison. Le commissaire Lavalette sait, lui aussi, que c’est dans le Cantal qu’il doit poursuivre son enquête. D’ailleurs, Marc s’y trouve actuellement. Delphine semble avoir disparu, non sans emporter quelques objets personnels. Assisté d’un inspecteur local plutôt observateur, le policier parisien cherche à définir le portrait de Delphine. Christophe et Marie-Laure, la sœur de Delphine, ne l’aident guère…
Le contexte éditorial de l'époque est évoqué dans mon article : "Le polar de 1950 à 1980, des romans populaires". De nombreux auteurs de la collection Spécial-Police du Fleuve Noir d'antan sont chroniqués dans la rubrique Suspense-Story.