Chez l’Archipel, “Ne tremble pas” est le deuxième titre de Peter Leonard. Coup d’œil sur ce roman réjouissant…
Owen McCall a été une gloire de la NASCAR, un pro du stock-car, ce qui fit sa fortune. Il était marié à Kate depuis seize ans, avec qui il avait un fils de cet
âge, Luke. Blonde aux yeux bleus, son épouse fit aussi preuve d’intrépidité par le passé. Son séjour au Guatemala fut émaillé d’aventures à hauts risques. Sans doute est-ce cette témérité en
commun qui en fit un couple solide. À 49 ans, Owen McCall vient de mourir, suite à un accident de chasse. C’est son fils Luke qui a tiré cette maudite flèche mortelle. Depuis, le jeune homme est
dépressif, limite suicidaire, conscient qu’il est de sa douloureuse responsabilité. Kate hérite de vingt millions de dollars, jolie somme qui sera gérée par Dick May, l’avocat et ami d’Owen. Elle
s’inquiète de la santé morale de son fils, en particulier quand il a des ennuis après une sérieuse alcoolémie. Mais il faudra bien tourner la page.
Jack Curran est un repris de justice. Il vient de passer trente-huit mois en prison, dans l’Arizona. Se prétendant assagi grâce à la religion, Jack a bénéficié d’une remise de peine en semi-liberté. Puis il a rejoint sa sœur Jodie à Détroit. Ce n’est pas exactement par hasard que Jack renoue avec Kate McCall, qu’il sait veuve et riche. Si elle reste attirée par son ex-petit ami du temps de leur adolescence, qui lui rendit service pour sortir une amie du Guatemala, Kate est réaliste. Jack est un type sans grande envergure, qui aura toujours la poisse. Celui-ci avait des complices, pour le braquage qui l’a conduit en tôle. Dejuan, un Noir, qui accepte de jouer au tueur à gages. Récemment, un Mormon l’a engagé pour supprimer sa femme. Mais l’épouse payait mieux. Autre complice, Teddy, qui a connu Owen McCall par le passé. Il forme un duo avec Céleste, une Blanche aryenne, pas moins dangereuse que lui.
Sa planque ayant été détruite, Jack n’a plus les 257.000 dollars du butin, que lui réclament aujourd’hui ses ex-complices. Mais il leur reste la solution d’approcher Kate McCall et son pactole. La méthode douce étant sans succès, les truands vont probablement devoir passer à la manière forte, entre menaces et violence. C’est ignorer que Luke a besoin de se racheter. Et que Kate dispose d’alliés efficaces, tel cet Indien nommé Johnny Crow. Carnage en perspective…
Avec “N’ayez crainte” (disponible chez Pocket), son premier titre publié en français, Peter Leonard nous avait déjà largement convaincus. Oui, le fils du mythique Elmore Leonard était à la hauteur. “Ne tremble pas” confirme à merveille son réel talent dans la comédie noire à suspense. Dans ce genre d’histoire, on se doit d’éviter le caricatural ou le théâtral. C’est justement le point fort de ce roman, qui dépeint des personnages certes chargés, pour autant quand même crédibles. Jack est un loser, tout en étant capable de ruse et d’initiative. Luke est dépressif car fautif, mais on sent qu’il peut réagir. Notons de savoureuses scènes, avec le couple Teddy et Céleste, si mal assorti. Quant à Kate, c’est loin d’être une faible femme dont le veuvage ferait une proie facile. On s’amuse beaucoup à la lecture des faits et méfaits de ce groupe de personnes, qui se dirigent vers un dénouement plutôt agité. C’est palpitant à souhaits, on en redemande !