Chez Albin Michel, “Le testament des abeilles” de Natacha Calestrémé nous plonge dans une affaire criminelle particulièrement insolite et meurtrière…
Quadragénaire d’origine basque, depuis vingt ans dans la police, le major Yoann Clivel dirige une équipe de la P.J. parisienne. Une vocation probablement née à la suite du décès suspect de son père. Dans cette affaire jamais éclaircie, il était le seul à posséder un indice crucial. Aujourd’hui Yoann, Christian Berckman, le jeune Marc Honfleur, et la brigadier Jane Velin, sont confrontés à une étrange série de meurtre. Un enquête qui sera fatalement confiée à la Crim’ et non à leur service, mais que Yoann suit de très près. Au risque d’entrer en conflit avec son ancien meilleur ami, haut responsable de la Crim’. Le juge d’instruction va se montrer compréhensif, couvrant des discrètes investigations de Yoann.
La série débute par un triple meurtre, un père de famille sorti nu de sa douche ayant tué son épouse et leur fille, avant de se suicider. Aucun mobile sérieux n’apparaît pour expliquer cet acte de folie. Puis, dans un immeuble de la rue du Moulin-Vert, on dénombre treize victimes. Dont une femme qui s’est défenestrée et un reporter enquêtant sur des dossiers sensibles. C’est ensuite dans une tour du 13e arrondissement que vingt-huit personnes meurent de façon énigmatique. Officieusement, Yoann collecte quelques indices, telles les professions similaires de plusieurs victimes. Un lotus symbolique gravé sur un mur ou tagué sur un autre, à proximité des lieux des crimes, mérite d’être aussi retenu. Il ne faut pas exclure la piste du bioterrorisme, ni celle du chamanisme ou des magnétiseurs.
En effet, depuis quelques années, circule sur les forums d’Internet une prophétie bien difficile à interpréter. Sans doute fait-elle référence à la mort des abeilles, et on a quelques informations sur son auteur, mais ça reste confus. Yoann doit un peu ruser afin de sympathiser avec le magnétiseur Deronne. Celui-ci, qui a bien connu l’auteur de la prophétie, peut certainement offrir d’autres hypothèses au policier. Pour interpréter ce message, il faut sûrement se souvenir que c’est l’ingérence des humains dans la nature qui cause toute catastrophe. Yoann est vite attiré par Alisha, la fille de Deronne, mère du petit Nathan. Alisha étudie les abeilles et, à l’image de son père, fait preuve d’un grand respect pour la nature.
Pendant ce temps, le Dr Lentoine est consulté via Internet par une personne se faisant appeler Eliaz. Ce patient souffre d’un eczéma, avec de violentes crises. Il est incertain d’en définir l’origine, l’agoraphobie sévère et le délire paranoïaque d’Eliaz n’exprimant que les effets de son mal. Néanmoins, le Dr Lentoine réalise peu à peu la dangerosité du patient. De son côté, des OGM au fils disparu de l’auteur de la prophétie, Yoann explore toutes les pistes possibles. L’étonnante maturité du petit Nathan, le fils d’Alisha, lui semble fort troublante…
L’être humain tire sa force de la nature, son énergie vitale dépend donc de son environnement. Voilà des décennies que nous détruisons, au risque d’entraîner le déclin de l’humanité. Ce raisonnement peut-il aboutir à des actes criminels, s’appuyant une sorte de testament non pas absurde mais interprétable ? Peut-on s’identifier aux abeilles tueuses qui se défendent pour survivre ?
C’est un roman au suspense sinueux que nous présente Natacha Calestrémé, par ailleurs journaliste, s’étant informée auprès de scientifiques sur ces questions. Un thème actuel, très bien servi par une forme policière classique. Enquête parallèle, et rivalité entre PJ et Brigade Criminelle, ajoutent un peu de piment. L’ombre d’un malade mystérieux, probablement insoignable, tout autant. La fluidité narrative d’une intrigue plutôt solide, et les arguments en faveur du respect de la nature, se complètent avec harmonie. Une histoire à découvrir…