L’île de la Réunion, belle destination tropicale au cœur de l’Océan Indien. Saint-Gilles est ici une station
balnéaire des plus fréquentées. Au luxueux hôtel Alamanda, y séjourne un couple de touristes, Martial et Liane Bellion, avec sa fille de six ans Josapha, dite Sofa. Ou les époux Jourdain, dont
lui est avocat, avec lesquels cette petite famille a sympathisé. En cet après-midi de mars 2013, le quadragénaire Martial rejoint sa femme dans leur chambre. Il y règne un certain désordre. Liane
a disparu, avec ses affaires. Martial demande qu’on
alerte vite la gendarmerie locale. Une enquête discrète s’impose dans un tel lieu touristique.
Mariée à l’instituteur Tom, mère de deux fillettes, la capitaine Aja Purvi dirige la brigade de Saint-Gilles. Cette métisse indienne est issue d’une famille installée à la Réunion depuis 1861, qui a connu quelques revers de fortune. Elle est assistée par le sous-lieutenant Christos Konstantinov, un Zoreille proche de la soixantaine. Voilà trente ans qu’il est en poste sur l’île, où ce francilien a trouvé son bonheur. Il vit en concubinage avec Imelda, mère de cinq ans, qui a conservé à ses yeux tout son charme. Christos est “l’expert” de la brigade. Il sait aussi se fondre dans le paysage de Saint-Gilles, où il compte quelques amis. Christos ne tarde pas à considérer la chambre du couple Bellion comme une “scène de crime”.
Certes, les gendarmes n’ont pas de preuves formelles que Martial ait assassiné sa femme. Toutefois, si le barman Gabin reste évasif, la vieille employée Eve-Marie infirme la version de Martial. Ni cadavre, ni arme du crime, mais un fort soupçon visant le mari. Aja Purvi prend à cœur cette enquête, contrairement à Christos. Interrogé à la brigade, Martial ne nie pas la version d’Eve-Marie, il la relativise. L’affaire évolue quand on découvre le cadavre de Rodin, un Créole marginal bien connu à Saint-Gilles. Sur le couteau qui l’a tué, ce sont les empreintes de Martial. Peut-être la même arme qui aurait servi à tuer Liane ? Quand Aja vient procéder à l’arrestation de Martial, il s’est envolé avec la petite Sofa.
Le commandement de gendarmerie lance l’opération Papangue, afin de traquer le probable double coupable. Aja, qui n’apprécie guère sa hiérarchie, espère être la plus efficace. Interrogé par Christos, le couple Jourdain confirme que le couteau appartient à Martial. Après s’être “caché” en public au parc botanique, ce dernier trouve une astuce pour se loger avec Sofa. Intelligente, la gamine se pose des questions sur la possible mort de sa maman. Aja apprend que Liane a contacté cinq jours plus tôt la gendarmerie de Saint-Benoît, de l’autre côté de l’île. Quelle sorte de protection voulait-elle ? L’hypothétique menace restait confuse.
Quand Aja étudie le CV du couple Bellion, elle admet que leur vie était moins claire qu’il y paraissait. Car huit ans plus tôt, un énigmatique évènement marqua la vie de Martial Bellion. Celui-ci est bien moins étranger à l’île qu’on l’a cru. Christos peut compter sur Imelda pour quelques infos, lui aussi. Tandis que les barrages de gendarmerie sont maintenus, le suspect et sa fille s’organisent. Sofa, maintenant grimée en garçonnet, pourrait être en danger avec son père. Aja va devoir établir le véritable passé de Martial, pour comprendre le dossier…
Voilà quelques éléments sur cette intrigue, mais il serait dommage d’en dévoiler davantage. Car beaucoup de détails ne sont que survolés par ce résumé, et bien d’autres restent à découvrir. La quasi-totalité des romans de cet auteur ont été maintes fois récompensés par des prix littéraires. Cela ne doit rien au hasard, Michel Bussi maîtrisant à merveille le suspense, semant en permanence le doute. Au centre de l’enquête, la capitaine Aja Purvi est diablement attachante, très déterminée à comprendre les faits. Quant à Christos, il se veut à l’opposé du cynique Lucien Cordier, joué par Philippe Noiret dans le film “Coup de torchon”.
Pour qu’un polar soit parfaitement réussi, il convient aussi que le contexte s’avère crédible. Là encore, mission accomplie, cette histoire étant documentée avec précision. Il ne s’agit pas seulement de la géographie de la Réunion, mais surtout de ses réalités sociales. Car la vie n’est pas si paradisiaque ici : “Tout le malheur de l’île résumé dans une bouteille. Rhum, abrutissement, violence, oisiveté” note un ami de Christos. La Réunion n’est pas un département si tranquille, en matière de sécurité. On souligne aussi, non sans ironie, le cas des retraités ITR abusant de l’argent public. Certains mots, proverbes ou expressions créoles émaillent le récit, y ajoutant une belle saveur. Michel Bussi nous propose un remarquable suspense, une fois de plus.
- “Ne lâche pas ma main” est disponible dès le 7 mars 2013 -