Dans la collection Petits polars du Monde, après Didier Daeninckx (Les négatifs de la Canebière) et Jean-Bernard Pouy (Ce crétin de Stendhal), place à un grand auteur de nouvelles, Marc Villard avec “Tessa”.
Trois jeunes hommes débarquent à Villeneuve-lès-Avignon. Outre Fly le Nîmois, qui se prénomme en réalité Olivier, il y a Julien le Parisien et Bertie l’Alsacien. Ils ont été engagés par Richard Prunier, le second de M.Keller, pour le braquage de la BNP locale. Le vigile étant leur complice, tout doit bien se passer. Masques sur le visages, armes à la main, c’est l’effet de surprise garanti pour le personnel et la clientèle de la banque. Le trio prend le fric, mais il y a un couac du côté du vigile. Celui-ci tire sur Fly, lui logeant une balle dans la clavicule. D’instinct, Fly réplique et abat le vigile. Puis les trois braqueurs quittent en urgence la banque, chacun pour soi. Sanguinolent, Fly titube dans les rues chaudes de Villeneuve, se cachant dans un parking pour masquer sa blessure. Quand il repère une maison avec son jardinet, il commence par se terrer dans la cabane à outil. Puis il pénètre dans la maison, trouvant une bonne planque dans une pièce de débarras.
La jeune femme chez qui Fly s’est introduit à son insu se nomme Tessa Livi. Elle est photographe. Souvent absente, ce qui laisse le champ libre au blessé pour se soigner, se reposer, se nourrir, écouter de la musique et les infos. Comme ils n’ont pu aller bien loin, les trois complices du hold-up sont activement recherché par la police. Depuis sa cachette, Fly observe clandestinement la jeune femme. Son addiction à la drogue est un problème, mais peut-être pas le plus sérieux de ses secrets. Le nommé Alvarez, auquel Tessa doit pas mal de thunes, Fly ne craint pas de s’occuper de son cas. Par contre, il reste dangereux pour le jeune homme de se montrer dans les gares, même s’il a modifié son allure. Pourtant, il tient à en savoir davantage sur cette Tessa, sa famille, la raison pour laquelle elle est sous médicaments et suivie par un médecin…
L’écriture de Marc Villard est vive, précise et inventive, dans ses nouvelles comme dans ses romans. Ce fort sympathique texte le démontre une fois encore. Chaque jeudi, un petit polar est publié dans cette collection. À suivre, dès le 2 août Dominique Sylvain (Parfums d’été), puis Caryl Férey (Famille nucléaire), Alexandra Schwartzbrod (Momo), Chantal Pelletier (Crise de nerfs), Franck Thilliez (Le grand voyage), Michel Quint (Triste comme un enfant), Tito Topin (Un été 22), Marcus Malte (Les Indiens), Sylvie Granotier (Le temps égaré) et Pierre Pelot (Roman de gare).
Voici l’occasion de revenir sur un de ses premiers romans, “Ballon mort”, publié dans la Série Noire en 1984, réédité chez Le Castor Astral en 2008.
François Bertolini, 34 ans, a fait une belle carrière de footballeur. Voilà une dizaine de jours qu’il a disparu. Il avait souscrit une assurance-vie pour une forte somme. Enquêteur de la compagnie, Stéphane Miller est lui aussi natif d’Orlandeaux. Adolescent, il a souvent joué au foot avec Bertolini sur le vieux stade de la ville. Avec son jeune fils Freddy, expert absolu en cinéma, Miller va séjourner sur place chez son père, le temps d’éclaircir l’affaire. Doumicq, l’agent d’assurance local, ne voit pas vraiment la nécessité d’une enquête. La famille Bertolini ne parait pas se tracasser pour la disparition du joueur. Après un pèlerinage sur le terrain de foot de sa jeunesse, Miller interroge l’épouse de François Bertolini. Mal vue de la famille de son mari, elle apparaît sur la défensive. Certain que son ami est mort, Miller cherche l’endroit isolé ou dangereux pouvant receler son corps.
C’est au fond des Grottes de Caliante qu’il découvre le cadavre de Bertolini, enseveli sous des roches. Accident ou simulation masquant un meurtre, ce ne sont pas les “pedzouilles zélés” de flics du coin qui sont capables de répondre. Désormais, Miller en fait une affaire personnelle. Il découvre que le fils de Bertolini est autiste. Ce qui explique que, rejetée par la famille de son mari, son épouse culpabilise. Elle semble proche de l’assureur Doumicq. L’hypothèse d’amants complices éliminant le mari est séduisante. Le cas de Lou Simonin, catho traditionaliste, qui dirige l’association “Les amis de la Plaine”, intrigue toujours Miller. L’enquêteur et Freddy sont la cible d’une camionnette non identifiée…
Ce titre fut un des premiers succès de Marc Villard. On oppose souvent sportifs et intellectuels. L’auteur prouve ici qu’on a tort. Car nos images d’enfance, nos admirations et nos plaisirs, restent ancrées en nous. Foot, cinéma, rock et jazz, telles sont les références indélébiles de l’auteur. Mais il n’oublie pas de nous proposer une vraie intrigue, sombre sans être trop noire.
Marc Villard vient de publier chez Rivages/Noir "Un ange passe à Memphis".