C’est une balade vendéenne et criminelle que nous propose Louis Dubost avec “La demoiselle aux lumas”, publié cet automne dans la collection Le Geste noir.
Chaillé-sous-les-Ormeaux est une bourgade campagnarde de Vendée, à quinze kilomètres au sud de La Roche-sur-Yon. C’est dans ces paysages vallonnés et bucoliques que le pêcheur Edmond fait une triste découverte, le cadavre dévêtu d’une adolescente agressée. Les secours ne peuvent rien faire pour cette jeune fille de quinze ans, assassinée après un viol. La victime est bientôt identifiée. Appartenant à une famille de Chaillé, Mélanie Galerneau était collégienne à La Roche-sur-Yon, n’avait pas de petit ami attitré, et faisait partie d’un groupe folklorique local. L’affaire ne tarde pas à être commentée par les porteuses de ragots, dont la bavarde Treize-Goules, qui ne s’exprime qu’en patois du cru.
Le couple de gendarmes chargés de l’enquête apparaît assez atypique. Le chef Gérard Duchassin est un esprit libre, hostile aux méthodes actuelles, restant fidèle à une éthique légaliste. De formation universitaire, le lieutenant Anne Cadou partage le non-conformisme de son collègue. Edmond, copain de pêche de Gérard, ne peut guère les aider. Le maire Bernardeau, “incompétent plus haut que son QI”, est largement dépassé par la situation. Pour Gérard, c’est la piste pédophile qu’il faut explorer. Anne est intriguée par l’objet que la victime tenait dans son poing serré, une coquille d’escargot vide. Les escargots ne sont pas rares par ici, mais celui-là vient visiblement d’une autre région de France.
La traditionnelle enquête de voisinage éclaire peu le tandem de gendarmes, ne leur offrant pas de vrai suspect. Aux obsèques de la victime, Treize-Goules continue à commenter les évènements en patois. L’autopsie a juste confirmé le viol. L’analyse de la coquille d’escargot est plus intéressante, démontrant qu’elle a contenu de la cocaïne. Gérard et Anne doutent que la sage Mélanie ait été une toxicomane, mais peut-être fut-elle impliquée dans un trafic. Tandis qu’Anne et ses amies fréquentent une boite de nuit du secteur, Gérard fait des recherches sur Internet. Il finit par retrouver la trace d’affaires similaire en Haute-Saône. Pour autant, le couple de gendarmes ne tient pas encore le meurtrier…
Louis Dubost ne prétend nous raconter ni la traque d’un cruel tueur sanglant, ni une enquête tarabiscotée fertile en fausses pistes et en indices incertains. Non, ce court roman met d’abord en valeur les décors champêtres vendéens, avec ce goût de la poésie et des mots qui anime l’auteur. Cette histoire laisse une place à l’humour, notamment grâce à un duo gendarmesque plutôt original. C’est après avoir lu “J’étais Dora Suarez” chef d’œuvre de Robin Cook, qu’Anne décida de devenir gendarme. Et l’intrigue peut se voir aussi comme un petit hommage au roman de Dominique Roulet “L’escargot noir”, une enquête de l’inspecteur Lavardin. Voila donc un bon petit roman, fluide et très plaisant à lire. À découvrir aussi, la collection Le Geste noir (cliquez sur le lien)