Après "Disparue" (2008), "Sauver sa peau" (2009) et "La maison d’à côté" (2010), publiés chez Albin Michel, Lisa Gardner revient (dès le 1er septembre 2011) avec un excitant suspense : “Derniers adieux”…
Fille d’un policier émérite, Kimberly Quincy est agent du FBI à Atlanta. Mariée à Mac, enquêteur du GBI (Georgia Bureau of Investigation) adorant autant qu’elle son métier, Kimberly est actuellement enceinte. Ce qui ne l’empêche pas de rester active, participant par exemple à une opération après un accident d’avion dans la région. Malgré la surcharge de boulot, elle accepte de s’intéresser à un cas soumis par l’agent Sal Martignetti, du GBI.
À Sandy Springs, une ville des environs en plein essor, on a arrêté une prostituée blanche qui prétend s’appeler Delilah Rose. Elle s’inquiète de la disparition d’une nommée Ginny Jones, accusant un M.Dinechara. Ce nom est un pseudo, l’anagramme d’arachnide, car ce type pervers aime jouer avec les prostituées et les araignées. Les prostituées de passage sont légion ici, quittant le coin sans que ce soit forcément suspect. Delilah offre trop peu d’indices sérieux pour retrouver un éventuel kinappeur.
Néanmoins, Sal Martignetti recense une série de putes disparues ces derniers temps. En deux fois, on a adressé au GBI six pièces d’identité appartenant à des prostituées perdues de vue. Sachant déjà que l’affaire n’entraînera pas une enquête officielle, Kimberly avoue à Sal : “L’histoire que m’a servie Delilah Rose tient plus du texte à trous que de l’ordre de mission. Elle s’est montrée vague sur tous les points, y compris son propre nom.”
Kimberly reçoit un énigmatique appel téléphonique. Dans cet enregistrement, une femme est maltraitée avec violence. Sans l’accord de son supérieur, Kimberly suit une piste. La chevalière de la disparue Ginny Jones appartenait à Tommy Mark Evans, brillant étudiant au lycée d’Alpharetta. Jeune homme d’un milieu aisé, celui-ci est récemment décédé, de deux balles dans le front. On imagine mal ses liens avec Ginny.
Cherchant les meilleures hypothèses, Sal et Kimberly réalisent bientôt que la voix de femme maltraitée au téléphone était celle de la mère de Ginny, première disparue de l’affaire. Selon le décompte de Sal, il y aurait dix victimes. Kimberly reçoit un nouvel appel la mettant en garde. Mac insiste pour qu’elle ne se prenne aucun risque, d’autant qu’elle est enceinte. Un second interrogatoire de Delilah Rose n’aide guère Kimberly. Mais, avec Sal, une filature leur permet de connaître finalement l’identité réelle de la prostituée. Elle a négocié avec le pervers aux araignées afin de rester en vie. Puisqu’elle le voit ponctuellement, en faire une informatrice est tentant, mais elle est peu fiable.
Dans l’ombre, l’inconnu continue à soigner ses araignées tout en jouant avec le destin de ses victimes. Il y a aussi Rita, une dame très âgée, qui vit au milieu de fantômes. Elle a recueilli le petit Scott, tout en ayant une étrange relation avec ce gamin…
Lisa Gardner est véritablement la reine des ambiances machiavéliques. On peut croire qu’il s’agit, selon les codes habituels, d’une enquête experte du FBI face à un serial killer symbole du Mal. Les parenthèses où intervient un garçon “otage” du cruel Burgerman sèment le doute par rapport à ce schéma. Quant aux scènes froides entre la vieille Rita et Scott, on suppose leur cohérence sans comprendre si vite. On nous explique la coopération entre une policière du FBI et un agent du GBI, mais on subodore une explication complémentaire. On sent également l’implication secrète de la prostituée Delilah Rose, ainsi que la permanence du danger autour de l’héroïne, Kimberly. Fatalement, c’est une cible potentielle du pervers (qui soigne si bien sa mygale préférée, Henrietta). Intrigue solide, certes. Mais c’est grâce à ce climat, subtil autant que glauque, minutieusement élaboré, que Lisa Gardner ensorcelle ses lecteurs. Un passionnant suspense ! (Du même auteur : "Sauver sa peau")