Au cinéma dès le 16 mars, “Légitime
défense” de Pierre Lacan est un polar musclé qui devrait séduire les spectateurs. C’est une adaptation du roman d’Alain Wagneur “Terminus
plage” (Actes Sud), avec Jean-Paul Rouve, et la participation de Claude Brasseur, Olivier Gourmet, Marie Kremer, Gilles Cohen. Le thème général de l’intrigue : Benoît, jeune
père de famille, mène une vie heureuse et sans histoire. Un jour, son père, détective privé, disparaît mystérieusement. Benoît va découvrir le passé trouble d'un père qu'il pensait connaître. Et
pour la première fois, il va devoir se battre pour sauver sa peau et protéger les siens.
Scénariste et réalisateur de ce film, Pierre Lacan répond à quelques questions.
Votre film est inspiré du roman de Alain Wagneur “Terminus plage” (Actes Sud). Quel a été votre travail d’adaptation ?
Terminus Plage est un roman passionnant, dont la structure assez complexe s’articule autour de plusieurs intrigues. Pour Légitime Défense, j’ai choisi de m’inspirer de l’une d’elles : l’histoire d’un fils qui, tel Télémaque, part à la recherche de son père disparu. Il s’agit donc d’une très libre adaptation. Un fils va peu à peu découvrir la face cachée de son père et s’interroge sur l’homme qu’il est et l’homme qu’il veut être.
Légitime Défense est une quête initiatique, mais aussi et avant tout un polar avec tous les codes du genre. Le fils doit-il régler les dettes de son père ? C’est une manière détournée d’évoquer une préoccupation très actuelle : jusqu’où une génération doit-elle payer les dettes de la précédente, que nous lèguent aujourd’hui nos parents et que transmettrons-nous demain à nos enfants ?
Dès le début du film, vous installez le spectateur dans un film de genre : le thriller. Vous créez une tension en fragmentant
votre récit…
Effectivement, les flashes-forward viennent interrompre la linéarité du récit et créent une tension immédiate : on veut savoir ce qui va se passer. Cela permet de tout de suite mettre en place une empathie avec le personnage de Benoît qui est bousculé par les événements comme le spectateur l’est par le rythme.
J’ai voulu Légitime Défense comme un film sec, brut, sans complaisance. Pour être au plus près du ressenti des personnages, de leurs peurs, de leurs tensions, je l’ai filmé à hauteur d’homme, souvent caméra à l’épaule. C’est dans cet esprit que, par exemple, la course-poursuite a été intégralement filmée de l’intérieur des voitures.
Le récit est également ponctué par des séquences abstraites où l’on devine un corps qui avance en eaux troubles ?
Ces séquences aquatiques, comme des pauses intemporelles
dans cette course contre la montre, participent à la perte de repères du personnage de Benoît. Il semble s’enfoncer dans une eau de plus en plus opaque en découvrant la face cachée de son
père.
Quelles sont vos influences cinématographiques ?
Mes influences sont à chercher dans beaucoup de polars américains des années soixante-dix. Je trouve qu’il y a une énergie formidable et une incroyable modernité dans des films comme Bullit, The Getaway, Serpico ou encore Get Carter. Plus récemment, j’ai été bluffé par la trilogie danoise Pusher, dont le réalisme radical et la crudité m’ont inspiré. Gomorra de Matteo Garrone m’a aussi beaucoup impressionné.
Quel amateur de polar êtes-vous ?
Un amateur très éclectique. C’est un genre qui m’accompagne depuis mon adolescence, avec d’abord des auteurs très classiques comme Maurice Leblanc ou Gaston Leroux. Puis il y a eu Manchette, Dantec, Benaquista… Aujourd’hui, cela va de Giorgio Scerbanenco à David Peace, en passant par Tim Willocks…
“Légitime défense” au cinéma, dès le 16 mars.