“Ho !” (1964) de José Giovanni, figure parmi les grands classiques du roman noir français. Il s’agit d’une splendide histoire de truands, qui se relit toujours avec grand plaisir. On peut y voir comme un témoignage sur l’ambiance au sein de la pègre de ces années-là.
Ancien coureur automobile impliqué dans une sale affaire, François Holin est le chauffeur du gang dirigé par le truand François Canter. “Mais il n’y avait qu’un François dans l’équipe
et Holin ne répondait même plus quand il entendait son propre prénom […] Les frères Schwartz, qui avaient le sens du raccourci, l’appelaient Ho ! Il y répondait avec le respect que les tueurs
exigeaient d’un chauffeur. Holin pilotait comme personne. Il travaillait pour François [Canter] depuis cinq ans, et sa virtuosité avait tiré le ténor de mémorables et infernales poursuite […] On
lui donnait de trente-cinq à quarante ans. Il était de taille moyenne. Il avait des cheveux noirs dont l’indiscipline faisaient dire qu’ils étaient frisés…” Holin déteste ce sobriquet, Ho !, qui
exprime le mépris du reste de la petite bande de Canter.
Le gang vient de réussir un hold-up remarquable. Bien que le commissaire Blot ait aisément identifié les malfaiteurs, il sait d’avance qu’il sera difficile de les arrêter. Déjà, François Canter prépare un nouveau coup, mais il se tue à la veille de le réaliser. Pour François Holin, c’est le moment de montrer qu’il n’est pas qu’un simple chauffeur. Il décide d’exécuter le coup, tel que l’avait prévu Canter, mais sans les frères Schwartz. Alors qu’il effectue des repérages au volant d’une 403, il se fait bêtement pincer par la police. L’inspecteur Beauvais pense que Holin peut le mener aux Schwartz, bien plus gros gibiers que lui. Le policier s’assure de la complicité de son ami journaliste Gabriel Briand, dit Spartacus.
François Holin s’évade de manière astucieuse. Les jours suivants, Spartacus publie des articles élogieux à son sujet.
Holin prend contact avec lui pour rectifier quelques détails sur son passé. Les deux hommes sympathisent. Grisé par cette gloire factice, fabriquée, Holin recrute de jeunes complices. Ils
réalisent le coup projeté précédemment.
“Le convoyeur avait amarré son câble à l’intérieur de la banque à l’aide d’un système de cadenas spécial. Il se présenta devant la porte du fourgon en compagnie du fondé de pouvoir. De
l’intérieur, on les reconnut en les examinant par un judas; une trappe s’ouvrit et lassa passer une valise en métal. Le câble d’une section de quinze millimètres, était passé dans la poignée. La
poignée, soudée d’un seul bloc, ne faisait qu’un avec la valise. La trappe se referma avec un claquement sec. Les deux hommes soulevèrent la valise. Ils marchaient chacun d’un côté du câble
L’acier était prisonnier dans l’acier. Holin, Falsten et Walter se rejoignirent, et ce n’était pas pour la photo de famille. Holin, dans un effort à se faire péter les veine, sectionna le câble
tandis que Falsten et Walter s’occupaient du convoyeur et du fondé de pouvoir. Deux secondes plus tard, Holin les relayait, un flingue dans chaque main. Falsten et Walter se mirent à courir avec
la valise…” Une opération rondement menée, sans bavure.
Trop sûr de lui à cause de ce succès, Holin se montre de moins en moins prudent. Sa notoriété nouvelle autant que relative ne peut que le desservir. D’autant que les frères Schwartz pourraient bien réclamer une part du butin. Malgré tout, Holin revoit Spartacus, ainsi que sa petite amie Bénédicte. Holin risque fort de retourner en prison. Et s’il s’en sort, un bain de sang est à craindre.