La revue trimestrielle Quinzinzinzili est évoquée ici quasiment à chaque numéro. Elle est publiée par une
association, la Société des Amis de Régis Messac (71 rue de Tolbiac, Paris 13e). Intellectuel de l’Entre-deux-guerres, auteur
d’une thèse sur le Detective Novel, Régis Messac (1893-1945) fut un vulgarisateur des littératures populaires, roman policier
et science-fiction. Dans la plupart des
numéros de Quinzinzinzili, on retrouve quelques-unes des chroniques qu’il rédigea sur les romans de son temps. Beaucoup sont oubliés depuis longtemps mais c’est un précieux témoignage sur une
époque et ce que l’on publiait alors, de plus ou moins bonne qualité.
Bien que centré autour de Régis Messac et de ses textes, le contenu de la revue Quinzinzinzili ne se résume pas à des archives lointaines, loin s’en faut. Quand un article étudie “La chute dans le néant” de Marc Wersinger, pseudo d’un auteur inconnu, c’est pour nous signaler que ce roman est précurseur de celui de Richard Matheson “L’homme qui rétrécit”. Belle découverte, en effet. Surtout, ce n°14 contient ce qu’il faut bien appeler deux textes d’anthologie.
Le premier est l’œuvre de Léo Malet, père du détective de l’agence Fiat Lux, Nestor Burma. “Sur le roman policier” est une étude publiée en mars 1956 dans Le Monde Libertaire. On n’oublie pas que Léo Malet fut un fervent anarchiste. Ici, au-delà de son analyse sur l’histoire du roman policier, il évoque les maîtres du roman noir américain, le monde de l’édition et de la critique, ainsi que le rôle du romancier : “Son héros, par le truchement de qui il s’exprimera, sera gouailleur, désabusé, pauvre. Il ne ménagera pas ses sarcasmes à qui les aura mérités, et il fera montre de cette franchise que certains (ceux qu’elle gêne) appellent cynisme. Il saura défier le destin, trouver le mot drôle et cinglant au moment les plus tragiques…” Une définition dont on peut encore s’inspirer aujourd’hui.
Le second texte marquant est de Jack London : “Ce que la vie signifie pour moi”. Écrit en 1905, publié en 1909, il fut traduit en 1939 par Régis Messac. C’est un texte exprimant la conscience sociale de Jack London. On sait qu’il connut bien des expériences avant de devenir écrivain. “Je regardais le fils du patron de l'usine, allant au collège, et je savais que c'était mon muscle qui permettait en partie de payer la nourriture et la bonne camaraderie dont il jouissait […] C’était la règle du jeu. Ils étaient les puissants. Très bien. J’étais fort, je me taillerais une place parmi eux et tirerais de l’argent des muscles d’autres hommes. Je n‘étais pas effrayé de travailler. J’aimais le travail dur…”
On le voit, tels ce témoignages de grands noms de la littérature, Quinzinzinzili offre de la belle matière pour un
large public. À Paris, on trouve cette revue chez les libraires suivants : L’Amour du Noir (5e), Sillage (5e), La Hune (6e), L’œil écoute (6e), Un
regard moderne (6e), Scylla (12e), Le Divan (15e), et on peut le consulter à la BILIPO (5e). Dans l'Ouest, on la trouve chez Abraxas Libris à Bécherel (35), Place Média à Coutances (50), et La
Boutique d’Anatole F. à Granville (50). Ou bien, on se renseigne sur le site des Amis de Régis Messac.
L’association donne également des conférences dans le cadre de divers festivals dédiés à la littérature.
Ouvrage mythique et indispensable pour les passionnés, la thèse de Régis Messac a été enfin publiée en intégralité aux éditions Encrage (diffusion Les Belles Lettres). On parlera en détail par ailleurs de ce gros volume disponible depuis l'été 2011, passionnante étude à tous points de vue.