Hervé Commère s’est fait connaître avec “Les ronds dans l’eau” (Fleuve Noir, 2011) et publie chez le même éditeur à l’automne 2012 “Le deuxième homme”. C’est son premier titre datant de 2009 qui est réédité chez Pocket.
Coup de cœur pour “J’attraperai ta mort”.
Âgé d’à peine trente ans au début des années 2000, Paul Serinen n’organise que des affaires magistrales, des coups
d’anthologie. Détourner un camion contenant six mille sacs à main en croco d’une marque
de luxe, livrer la marchandise à un receleur de Rotterdam, ça a demandé une grosse préparation, mais le succès est au rendez-vous. Il ne lui reste plus qu’à passer trois semaines à Jersey, le
temps d’ouvrir un compte dans une banque off-shore. S’il projette déjà une prochaine opération aussi ambitieuse, la prudence est de mise. Après une période de doute entre paranoïa et errance,
Paul Serinen finit par acquérir une maison à Étretat. La nouvelle affaire nécessite des comparses, à manipuler telles des marionnettes. Il s’agit de s’emparer d’une vingtaine d’instruments de
musique, de coûteux violons qui vont bientôt rejoindre le stock du receleur de Rotterdam. Jolie réussite.
C’est à Courchevel que débute l’affaire suivante. Serinen y fait la connaissance de la belle Mathilde, qui y séjourne avec son frère Thomas. Leur père n’est autre que le plus important diamantaire d’Anvers, M.Verpratt. Il faut de la discrétion autant que de l’astuce pour braquer Thomas quelques semaines plus tard. Il revient de voyage avec le Magnolia, le plus gros diamant du monde. Toutefois, même si le coup est magnifique, le receleur de Rotterdam met doublement en garde Serinen. D’abord, le diamant est invendable. Surtout, Verpraat a mis un contrat sur la tête du cerveau de ce vol. Tant pis, il vaut mieux dissimuler le joyau. Tandis qu’il va se lancer dans une autre opération, Paul Serinen est arrêté par la police.
C’est un jeune couple, Alice et Matthieu, qui rachète la maison d’Étretat ayant appartenu à Serinen. Ils sympathisent vite avec des voisins de leur génération, qui s’installent peu après eux. Pourtant, au retour de leurs vacances, Matthieu s’aperçoit qu’il y a un problème. De gros travaux sur la maison ont été effectués durant leur absence. Et le couple d’amis voisins a brutalement disparu, cédant leurs biens à des inconnus. Bien que ça déplaise à Alice, Matthieu cherche la trace de l’ancien propriétaire, Serinen, dont il rencontrera les parents. Quant au couple disparu, il n’existe aucun signe qu’ils aient existé. Tout ça perturbant trop Alice et Matthieu, ils partent s’installer au Québec. Les années passant, ils y fondent leur famille. Néanmoins, Matthieu n’en a pas terminé avec ce périlleux mystère…
Coup de cœur ? Oui, parce que c’est une excellente surprise. Dans ce roman relativement court, 158 pages, l’ambiance offre une véritable densité. Qui ne se dément pas quand intervient le deuxième narrateur. Alors qu’il n’y a rien de commun entre un as du grand banditisme et un animateur sportif sans problème. Sauf, bien sûr, une maison à Étretat, région chère à Arsène Lupin. Indice d’une construction bien pensée, la continuité équilibrée du suspense sur les deux principales parties est donc l’atout majeur. Un aspect malin à souligner, le lecteur dispose de davantage d’éléments que Matthieu lorsqu’il mène sa petite enquête. Non pas qu’il s’agisse d’un roman d’une absolue perfection. L’essentiel reste que l’auteur parvient à nous captiver du début à la fin. Voilà effectivement ce que l’on demande à un très bon polar.