Heather Lewis : Le second suspect

Bonne initiative chez Archipoche, qui réédite un roman d’Heather Lewis paru en 2000, “Le second suspect”. Un suspense psychologique à redécouvrir…

À New York, un meurtre est signalé dans un palace. Des suspects sont interpellés par la police : Gabriel Santerre, important industriel, et son épouse Ingrid. Le lieutenant Harris confie cette épineuse affaire à Carolyn Reese et Gus Miller. Ils commencent par un interrogatoire séparé du couple soupçonné. Santerre bénéficie bientôt de l’assistance de son avocat. Ingrid, dont l’esprit est perturbé, n’a droit à aucun soutien. Carolyn contacte pour elle une amie avocate, Eleonor.

On accorde une certaine impunité à Santerre, bien qu’un cadavre de jeune fille se trouve dans son sac de golf. Le témoignage d’Ingrid reste confus. Elle évoque leur fille décédée, peut-être un cas d’inceste ? Linda Carver, une relation d’Ingrid, se montre réticente avant d’accepter de venir au commissariat.

Libre, Santerre rend visite à son épouse. Pour influencer Ingrid ? Carolyn obtient le témoignage de la jeune Cerise, employée d’un bordel où Santerre est un hôte privilégié. Il semble que Linda et lui entretiennent des relations perverses. Linda a besoin de drogue pour supporter ça. Le "Blue Heaven" est un produit puissant et destructeur.

Bien qu’Ingrid leur donne des aveux (incomplets), Carolyn sent qu’elle maîtrise mal cette affaire. Elle sent une menace autour de Linda, voudrait la protéger sans savoir comment. Le rapport trouble de dépendance entre Santerre et elle est difficile à briser. Tandis que l’avocate Eleonor est victime d’une agression, Carolyn a le sentiment d’être manipulée par sa hiérarchie corrompue. Est-il encore temps pour Linda de réagir ? Si Santerre est le seul vrai coupable, comment s’attaquer à lui ?

Au départ, la situation insolite laisse déjà augurer une bonne intrigue. Si ce roman comporte quelques lenteurs apparentes, c’est qu’une noire psychologie prime dans cette histoire. Cynisme des "intouchables" de la société américaine, pression sur les enquêteurs, suspecte incapable de se défendre correctement, alliée improbable pour la policière : tout ces éléments installent avec subtilité une lourde ambiance. Il ne faut pas y chercher d’humour, même si quelques aspects s’avèrent assez ironiques. Un roman qui ne manque pas de qualités.

Comments

[lawrenta]

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[Oncle Paul]

Bonjour Claude
Je ne connaissais pas ce roman, mais à lire ton article, je ne peux m'empêcher que quelques Français auraient pu traiter le même sujet, par exemple l'excellent Georges Jean Arnaud qui souvent
entrainait ses lecteurs dans des ambiances lourdes, poisseuses, et plus si affinités
Amitiés

[Claude LE NOCHER]

Salut Paul


Bon souvenir de lecture que ce roman lu il y a une dizaine d'années. Assez glauque, avec ce sentiment que les femmes de cette histoire sont "victimes-complices",
fautives aussi. Certaines finissent par être plus combattives, ouf !


G.J.Arnaud installa effectivement des climats lourds, des situations apparaissant sans issue, avec des personnages "cernés par la fatalité". Je crains qu'il y ait
désormais peu d'auteurs français qui osent des ambiances aussi carrément négatives, ce qui suppose parfois des "anti-héros". Ah si, Romain Slocombe avec "Monsieur le commandant" et un
narrateur/héros vraiment détestable. Rare, beaucoup trop rare ! Finalement, certains auteurs d'antan (dont évidemment G.J.Arnaud, parfois Brice Pelman) furent plus audacieux que de nos jours
!


Amitiés.