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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 05:47

 

Aux Éditions Métailié, direction Bologne, capitale de la région d’Émilie-Romagne, grosse agglomération du Nord-Est de l’Italie, avec le roman de Grazia Verasani “À tous et à personne”. Fille d’un ex-adjudant de gendarmerie, Giorgia Cantini est détective privé dans cette ville. Quadragénaire célibataire ne croyant guère en l’amour, elle vivote de ce métier peu passionnant. Parfois, du sexe hygiénique, mais aucune liaison amoureuse durable. VERASANI-2012Elle entretient une relation amicale avec le policier Luca Bruni, marié, et fréquente une poignée d’amis. Son père insiste pour qu’elle prenne une assistante, Genzianella Serafini, une étudiante âgée de vingt-six ans qui se cherche un but dans la vie. Peut-être sera-t-elle finalement, malgré son impossible prénom, un atout utile dans l’affaire en cours.

Une cliente vient de s’adresser à Giorgia. Cette femme de caractère voudrait comprendre pourquoi sa fille Barbara, dix-sept ans, sèche les cours depuis quelques semaines. Giorgia rencontre aussi le père de la jeune fille, un cinéaste narcissique. Moins alarmiste que son ex-épouse, celui-ci s’inquiète un peu aussi. La détective prend Barbara en filature durant plusieurs jours, se pensant discrète. La jeune fille entre en contact avec sa suiveuse, via une conversation autour de l’art, ce qui passionne Barbara. Elle invite bientôt Giorgia dans une soirée de la bourgeoisie locale. Absente de cette fête, l’adolescente n’a pas pris l’avion pour Londres, comme Giorgia pouvait le penser. Avec Barbara, “Où est le problème?” s’interroge la détective. La militante associative Maria Laura Draghi lui apporte l’esquisse d’un début de réponse.

Par ailleurs, Luca Bruni enquête sur le meurtre de Franca Palmieri, assassinée d’un coup de couteau dans le parc d’un quartier modeste. Ce femme mûre traînait régulièrement dans un des bistrots du secteur, où elle aurait été maltraitée par un nommé Manuel Ferri. Son activité de cartomancienne semblait correspondre à sa personnalité instable. Giorgia se souvient très bien d’elle, car toutes deux vivaient jadis dans le même quartier. La détective appelait Franca “La fille aux crapauds”. Non pas pour son physique ingrat, mais parce qu’elle recevait chez elle tous les jeunots des environs. Sans se prostituer, juste par goût de la chair fraîche. Pour Giorgia, c’est l’occasion de revoir des copains de jeunesse. Davide Melloni, dit Mel, ou Nino Savelli, devenu carreleur, ont bien connu Franca autrefois. Mais le monde a tant changé depuis cette époque où tous étaient plus insouciants…

 

C’est un bon roman, sans nul doute. Néanmoins, il peut susciter de nombreuses réserves. À travers ce personnage de Giorgia, l’auteure semble s’adresser à une génération désabusée, dont elle fait partie. L’héroïne a fait le choix d’une certaine marginalité, peut-être inhérente à l’époque qu’elle a connu plus jeune. C’est flagrant en ce qui concerne les références musicales et culturelles, dont elle nous abreuve plus que nécessaire. La nostalgie n’est agréable qu’à doses mesurées.

Quant au regard qu’elle porte sur l’évolution de la société, il n’est pas ironique mais assez dur. On cherche vainement une trace d’humour dans sa vision de notre temps. Certes, l’Italie n’est pas plus exemplaire qu’un autre pays, mais est-ce si invivable ? La tonalité générale est empreinte de beaucoup d’amertume. Trop, nettement trop, pour rendre le récit vraiment captivant. Cela dit, n’oublions pas le positif. Autour du cas de Barbara, l’auteure évoque un sérieux problème de société. Et dans l’affaire de “La fille aux crapauds”, on pourra apprécier les deux étapes du dénouement, très réussi. D’autres auront probablement une opinion plus enthousiaste. Si je ne regrette pas de l’avoir lu, ce roman noir pessimiste ne m’a pas totalement convaincu.

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commentaires

P
Bonjour M. Le Nocher,<br /> <br /> Histoire d'apporter une touche de gaieté et d'humour dans cette atmosphère sombre.<br /> Franca recevait chez elle tous les jeunots des environs. Sans se prostituer, juste par goût de la chair fraîche.<br /> Cela me rappelle l'expression " commenter les oeuvres de Cujas " que vous connaissez peut-être ?<br /> ( D'autant plus que Cujas était de Toulouse, vous y êtes bien ? Mais peut-être ai-je mal compris en lisant, que vous n'habitez pas à Toulouse, mais que ce que j'ai lu disait seulement que vous<br /> participiez au salon Toulouse Polars du Sud. )<br /> L'article Wikipedia<br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Cujas<br /> sur Jacques Cujas présente ce jurisconsulte du 16ème siècle originaire de Toulouse, ville qui lui préféra un médiocre autre juriste. Ce qui le poussa à monter à Paris où il eut plus de succès comme<br /> professeur de droit à l'Université.<br /> On parle des oeuvres de Cujas en doctrine juridique.<br /> Mais il n'est pas fait mention de l'expression " commenter les oeuvres de Cujas " dont on trouve le sens ailleurs sur Internet.<br /> Ainsi :<br /> http://je-dis.skyrock.com/753907650-COMMENTER-LES-OEUVRES-DE-CUJAS.html<br /> Car la fille de Cujas était bien l'une des oeuvres de son père et elle invitait les étudiants des environs à venir commenter cette oeuvre au sens où elle-même l'entendait.<br /> <br /> Cordialement
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C
<br /> <br /> Bonjour Philippe<br /> <br /> <br /> Sympathique anecdote, en effet, que je ne connaissais pas. "En mourant, Cujas laissait une fille de treize ans, Suzanne. Un collègue de son père lui trouva vite un<br /> mari et elle se maria à 15 ans, mais la demoiselle n'avait pas attendu et son manque de chasteté mena son mari à la tombe, dit-on. On s'empressa de la remarier, mais avec tant de jolis étudiants<br /> affamés de sexe dans le quartier, la jeune dame, devenue encore plus célèbre que son père (mais toujours en tant que "la fille de Cujas")continua à mener une vie très libre, les invitant même<br /> chez elle. Lorsque, las de son étude, l'un d'eux désirait passer à un autre genre d'exercice, il disait qu'il allait "commenter les oeuvres de Cujas". Cela devint une expression, qui a les<br /> honneurs du "dictionnaire des locutions françaises".<br /> <br /> <br /> Concernant Toulouse, en réalité il existe là-bas un large groupe d'amateurs et d'auteurs de polars, quelque peu réunis autour de Claude Mesplède (Pascal Dessaint,<br /> Benoît Severac, Mouloud Akkouche, et bien d'autres). Bien que je n'y habite pas, pas plus que Paul, voilà pourquoi nous pouvons dire que nous y avons bon nombre d'amis dans le Sud-Ouest.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />

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