Rivages/Noir réédite dans de nouvelles traductions (de Laurent Lombard et Gérard Lecas) les excellents romans de Giorgio Scerbanenco, décédé en 1969. Une bonne initiative, qui permet de lire ou relire Vénus privée, Les amants du bord de mer, Ils nous trahiront tous, Mort sur la lagune, Le sable ne se souvient pas. Retour sur la première aventure de Duca Lamberti publiée en France, chez Plon en 1967, “Vénus privée”.
À Milan, le docteur Duca Lamberti n’a plus droit au titre de médecin. Il sort de
prison. Un séjour causé par la mort d’une de ses patientes, et qui a entraîné celle de son propre père. Se reconstruire une vie, venir en aide à sa sœur Lorenza et à sa nièce… voilà tout ce que
souhaite Duca Lamberti, homme volontaire, un peu blasé ou endurci par cette expérience de la prison. Grâce à un ami de son père, médecin de la police, Duca trouve du travail. Une mission aussi
délicate que particulière. David Auseri, fils d’un puissant homme d’affaires milanais, s’adonne à la boisson depuis un an. Le jeune homme abuse du whisky. Son père veut que ça cesse. Duca doit
deviner la raison du comportement suicidaire de David.
Alberta Radelli était une jeune femme se prostituant quand elle manquait d’argent. Une chic fille finalement, que David avait croisé un jour. Il n’avait pas su l’écouter, comprendre qu’il devait partir avec elle – comme Alberta le lui demandait, l’emmener loin. Alberta était morte. David culpabilisait. Duca Lamberti estime justifié de relancer l’enquête sur le décès de la jeune femme. Une pellicule photo lui permet de découvrir un aspect de la vie d’Alberta, et une sordide affaire liée au proxénétisme. Livia Ussaro a bien connu Alberta. Elle accepte d’aider Duca. Mais son rôle présente de nombreux dangers…
Si l’intrigue criminelle est de bon niveau, c’est surtout la noirceur de l’ambiance qui donne toute sa saveur à cette excellente histoire. Dans un contexte original, le personnage principal est l’un des plus beaux de la Littérature policière. Son regard humain et désenchanté sur le monde le rend terriblement attachant. Le ton réaliste (et même dur) du récit contribue à créer un climat particulier. Un roman de qualité supérieure.