Vétéran du polar français et traducteur chevronné, Gilles Morris-Dumoulin (dit G.Morris) a publié autour de deux cent titres, dont un grand nombre sous le pseudo de Vic St Val. On lui doit les enquêtes du détective privé américain Peter Warren, finalement installé en France, et de l’agent secret Johnny Sanders. Il fut récompensé par le Grand prix de Littérature policière 1955 (pour “Assassin mon frère”). Par ailleurs, il fut aussi l’auteur de suspenses particulièrement réussis, des histoires fluides et palpitantes, mêlant action et mystère. En voici quatre exemples, des romans qui se lisent encore aisément aujourd’hui.
"À la veille d’un si beau jour" (Un Mystère, 1958)
Robert Hartmann et ses copains sont tous des fils de familles aisées. Une soirée est organisée chez Robert, avec des filles de mêmes milieux. Ils ont prévu de pimenter la petite
fête avec des cigarettes droguées. Seules les filles et Roland Tauvel, qui n’est pas informé, en consommeront. Ce qui est supposé mettre ces belles jeunettes en état d’excitation. Christiane
Louvier est sur le point d’être violée lorsque Roland intervient, ayant quelque peu repris ses esprits. Il ramène chez elle Christiane, mais doit revenir sur les lieux afin de récupérer les
affaires de la jeune fille. Bousculé dans l’escalier par un des jeunes, non identifié, il est victime d’une fracture du crâne. Le voilà entre la vie et la mort. Ignorante de la situation,
Christiane s’angoisse terriblement.
Jacques Louvier, son père, employeur de Roland, n’apprécie pas du tout ces jeunes gens se croyant supérieurs. Il commence par secouer Robert Hartmann et son père, afin de savoir d’où viennent les cigarettes droguées. Il va devoir affronter Frédo et deux de ses amis truands, s’enfuyant après avoir réglé le problème. Reste à définir qui a violenté Christiane et agressé Roland. D’autant que le responsable envisage de supprimer Roland. Bien que sa maîtresse espère le calmer, Jacques Louvier est prêt à tout pour découvrir la vérité…
"Au point où j’en suis" (Un Mystère, 1960 - réédition Spécial Police, 1983)
À cause du témoignage d’un patron de bistrot, la police et les médias le décrivent comme un tueur. Prévost-le-Dur, le surnomme-t-on. Pourtant, Jacques Prévost est simplement
victime des circonstances. Le véritable tueur, Roro, s’est introduit dans sa voiture, et l’a obligé à le conduire dans ce petit village. Le garagiste et son épouse ont été assassinés par ce Roro,
qui a enlevé Claudine, la nièce des victimes. Quand la police retrouve l’arme du crime, elle porte les empreintes de Jacques Prévost. Parce que, entre-temps, il s’est défendu et a réussi à
s’échapper.
Puisqu’il est trop tard pour s’expliquer avec la police, qui le juge dangereux, Prévost va se lancer sur la trace de Roro. Cette maison devant laquelle ils ont dû attendre un moment est bien celle d’un complice du coupable. Après avoir assommé Serge Masurier, propriétaire des lieux, et son ami Gaston, Prévost file vers les Charentes. Pas si facile de traverser la France quand on est signalé par la police. Encore ignore-t-il que Gaston et son complice Bébert sont partis dans la même direction. Prévost ne sait plus trop quoi faire, s’il pourra démontrer son innocence. Au point où il en est, l’essentiel reste de retrouver Roro. Et, si elle est encore vivante, de sauver Claudine. Mais, à un contre trois, le danger mortel est bien réel…
"Double exemplaire" (Spécial Police, 1963)
Hermann Freimuller est une force de la nature, qui domine sa famille, et règne sur la scierie héritée de leur père. Puissant, excessif en tout, quand il dirige son petit monde.
Pas vraiment antipathique, pourtant. Il a une maîtresse, Lore-Lei, qu’il aime certainement. Et un frère jumeau, Wilhelm, marié à la séduisante Erika, qu’il considère comme un faible. Jusqu’au
jour où Hermann admettra le contraire. La haineuse Magda, l’aînée, incite sa sœur Thérèse et leurs maris Karl et Julien à s’opposer au trop puissant Hermann. Bientôt, l’occasion se présente de
l’éliminer en simulant un accident. L’arrivée de Wilhelm pourrait faire échouer leur plan, mais celui-ci n’a pas la force d’Hermann. Si Wilhelm en réchappe, Hermann disparaît dans cette tourbière
qui ne rend aucun corps.
Progressivement, le doute s’installe dans l’esprit de Magda et de ses comparses. Qui a survécu ? Wilhelm, qui a beaucoup changé, au point que même Erika se pose des questions ? Ou bien Hermann, qui se serait substitué à son frère pour se venger de Magda ? Le doute crée un sérieux malaise dans la famille durant deux longues semaines. Un jour, dans une maisonnette de la propriété, Magda croit discerner les signes d’une présence. Hermann est-il de retour, à l’heure où Wilhelm disparaît ? Cette fois, l’affaire pourrait bien concerner la police…
"Tous dans le même sac" (Spécial Police, 1967)
Un safari au Kenya. L’organisateur et guide Patrick Drummond est un excellent professionnel, qui a l’expérience de la brousse et de ces périples. Il est assisté par Waïtheke,
chef des boys noirs. Participent à l’expédition : Georges et Mathilda Brandt, de riches Suisses, lui étant plus jeune qu’elle; Vittorio et Rosella Marini, des Italiens qui ont gagné ce séjour,
elle étant plus dynamique que lui; Joseph Stievel, producteur de cinéma, et Mona Montcalm, sa future star; Krako, un type pas bavard que Drummond pense déjà connaître; Annick Andreux, jeune femme
un peu trop sérieuse venue se documenter sur l’Afrique. Avant le départ, Georges Brandt offre une belle somme à Drummond afin qu’il séduise son épouse. Le guide commence à s’interroger sur ce
curieux petit groupe.
Dès la première étape, à l’issue de la première nuit, on découvre un homme assassiné près du camp. Le nommé Verstraete avait rendez-vous avec Joseph Stievel. Ce dernier nie l’avoir tué, mais affirme que l’homme avait sur lui un paquet de fric qui a disparu. Les clients acceptent de se partager le magot, si on le retrouve, et s’il existe. Annick n’y croit pas vraiment. Stievel est la première victime de l’étrange chasse au trésor qui s’ensuit. Il y en aura d’autres. Quant au coup de feu tiré par Krako sur un Noir de la tribu Turkana, il risque d’avoir des conséquences désastreuses. Qui sortira vivant de ce safari qui a dérapé ?…
Gilles-Morris-Dumoulin est toujours dans l’actualité, puisqu’il vient de publier “Le bout de l’horreur” chez Genèse Édition en ce début 2013. L'Oncle Paul évoque aussi un titre SF de cet auteur, "L'invasion silencieuse". Et encore G.Morris-Dumoulin, ici.