Une escapade au Québec, aussi sympathique que mouvementée, voilà ce que nous propose François Barcelo dans “Fantasia chez les Plouffe” ("Suite Noire", Éd.La Branche). Rappelons que le patronyme Plouffe est très populaire là-bas, grâce à un roman, un feuilleton et quelques films. Un survol cette souriante intrigue…
Au Québec, la famille Plouffe est réunie en ce week-end estival à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Ils sont là pour l’anniversaire du grand-père, Théophile Plouffe, qui fête ses quatre-vingt-dix ans. Comédien, doublure voix de stars, Antoine est le petit-fils préféré de l’aïeul. C’est sans nul doute lui qui amène à Théophile le cadeau que le grand-père attend le plus: un arrière-petit-fils. Antoine espère qu’ainsi, l’héritage lui reviendra un prochain jour. Il présente le petit Jonathan, dix-huit mois, comme son fils. Ce n’est pas la vérité, car il s’agit de l’enfant de la propriétaire de son logement, la blonde Marie. Antoine pense être le meilleur menteur qui existe : “Moi qui suis plutôt pourri sur scène et devant les caméras, je mens naturellement, comme je respire. Je ne me demande jamais comment je vais dire un mensonge, mais quel mensonge je vais dire. Les mots sortent alors spontanément, comme de la bouche d’un croyant assermenté, main sur la Bible, devant un tribunal.”
Dès le début de soirée, Antoine installe le bébé dans le tiroir d’une commode, en guise de lit. Tiroir qu’il ferme à clé, pour que l’enfant soit en sécurité, et ne le dérange pas. La fête familiale est logiquement arrosée. Elle s’achève par une tentative de feu d’artifice, causant des blessures légères à Antoine. Il se prépare à aller dormir, mais n’y parvient pas. Il doit avouer que sa jeune cousine Marie-Laine, autrefois laideron, est aujourd’hui diablement excitante. Puisqu’elle l’a, pour ainsi dire, invité dans sa tente de camping jaune, autant en profiter. Peut-être Antoine est-il un peu fatigué pour la gaudriole, mais tant pis. Sauf qu’il se trompe de tente, ce qui lui vaut une volée de coups. Explication inutile : “De toutes façons, il est trop tard puisque tout le monde susceptible de me taper dessus l’a fait au moins une fois. Personne ne parle de faire venir une ambulance alors qu’il me semble que j’en ai plus besoin que tout à l’heure.”
Au matin suivant, Antoine garde les séquelles des chocs de la nuit : “…ma tête ressemble beaucoup à celle d’un corps à la morgue dans un film policier. Che Guevara avait la même gueule que moi quand on a pris ses dernières photos. Le pire, c’est que moi, je vis encore.” Il va être temps de sortir le petit Jonathan de son tiroir fermé à clé. Sauf que la clé en question n’est plus en place. Antoine va devoir forcer la serrure du tiroir. C’est alors qu’arrive la mère du bébé, Marie. Elle est accompagné d’une bande de motards, les Devil’s Own, qui ne sont pas exactement des tendres. Quand il ouvre finalement le tiroir couchette, Antoine s’aperçoit que l’enfant a disparu…
Ce roman court est placé sous le signe de l’humour noir. Catastrophes en série, pour le malheureux héros de cette histoire. Plutôt qu’un véritable loser, c’est un irresponsable qui va au devant des ennuis. Il faut admettre que le reste de la famille est assez gratinée, également. Quant à Marie et ses amis motards s’invitant à la fête (après un long détour, il est vrai), il sont encore caricaturaux à souhaits. Tonalité amusée et scénario bien pensé, même si l’enlèvement du bébé n’est pas vraiment mystérieux. Un suspense très agréablement divertissant.