Plusieurs auteurs ont accepté de répondre au “Portrait chinois” soumis par Action-Suspense. Aujourd'hui : Elena Piacentini (aux éditions Ravet-Anceau : “Un Corse à Lille” et “Art brut”)
Si vous étiez un assassin, quelle arme auriez-vous utilisée ?
Pour un crime passionnel, le stylet. Pour un meurtre avec préméditation, une patiente et perverse manipulation.
Si vous étiez le cauchemar des cauchemars ?
Me retrouver prisonnière au milieu d’une foule en transe. La foule, c’est l’anéantissement de l’intelligence et la dissolution du libre arbitre. Ni meeting politique ni concert en ce qui me concerne. L’horreur absolue ? Me retrouver en plein cœur du stade de France pour un show Johnny-Sarko !
Si vous étiez le rêve absolument inaccessible ?
Le temps. Pouvoir le compresser, le dilater, y voyager. Je commencerais par un saut en arrière pour serrer ma grand-mère dans mes bras pendant une éternité. Pour la suite, j’aimerais au moins essayer d’infléchir le cours de certains évènements.
Si vous étiez le pire défaut humain ?
L’avidité ? La bêtise ? La lâcheté ? Franchement, l’homme a ceci d’extraordinaire qu’il peut tuer des millions de personnes de bonne foi. Finalement, le défaut importe peu, ce qui compte, c’est l’intensité et la détermination qu’on y met. Personnellement, je déteste les radins.
Si vous étiez un personnage historique (lequel), seriez-vous pire ou meilleur ?
Einstein, juste pour l’ivresse d’avoir un moteur de Ferrarri à la place du cerveau. Pire, meilleur ??? Il me semble qu’il a donné naissance aux deux.
Si vous étiez l'amante d’une star, vivante ou disparue, ce serait qui ?
Caruso. J’ai un très mauvais enregistrement de lui chantant "E lucevane e stelle". Malgré les crachotements et la prise de son approximative, sa voix possède une présence physique troublante, envoûtante, enivrante… Et ses soupirs ! J’imagine "la bête" en chair et en os, ne chantant que pour moi… Wouhaouh !!!
Si vous étiez un animal 1/ sauvage, 2/ domestique ?
Pour le côté sauvage, j’aimerais assez être une panthère, noire de préférence. Mais si je tiens compte du principe de réalité et de la forte probabilité d’extinction de l’espèce, la raison me soufflerait plutôt le caelacanthe, un poisson pépère qui a fait FOMBEC pendant des millions d’années et qui a dansé la java avec les mégalodons dans sa folle jeunesse. Pour l’animal domestique, c’est la chèvre sans hésitation, corse, cela va de soi.
Si vous étiez une ville 1/ de France, 2/ d’Europe ?
Le village de Corse où j’ai grandi. Depuis ses collines jusqu’à la mer, le paysage est encore indemne de ces verrues que l’on nomme "Resorts" ou "Clubs de vacances". Mais pour combien de temps encore ? Franchement, les "invasions barbares" modernes sont bien plus destructrices que celles que mes ancêtres ont connues.
Pour la ville d’Europe, Florence, un régal aussi bien pour les yeux que pour les papilles.
Si vous étiez un jour de la semaine ou une heure de la journée ?
Tous les jours et excepté le dimanche soir à partir de 6 heures. C’est là que je me retrouve avec tout un tas de papiers à signer pour l’école, de livres à retrouver, de crayons à tailler, de chaussures et de fringues… bref, le dimanche soir c’est le bazar. Pour l’heure de la journée, surtout l’été, rien ne vaut celle de la sieste. Tant pis pour tous ceux qui ricaneront en mâchonnant leurs clichés ! Se sentir partir dans la chaleur d’une après-midi d’août, dans le roulis d’un petit verre de blanc du cap, portée par un vent de cigales, je ne connais rien de plus divin.
Si vous étiez un métier (autre qu’auteur), lequel et pourquoi ?
Vétérinaire, les animaux ça console des hommes. Ou alors viticultrice. Le vin, ça console de tout surtout lorsqu’on le partage en bonne compagnie.
Si vous étiez une catégorie musicale ?
Un chœur de voix d’hommes. J’assume pleinement le paradoxe, moi qui me méfie comme de la peste des groupes qui communient. Double paradoxe pour l’athée que je suis : je trouve que c’est encore meilleur dans une église. Et si en plus ils chantent en corse, j’ai le cœur au bord des yeux.
Si vous étiez un sport ?
Nager au large. Pour abandonner le bruit de la côte et après deux ou trois vrilles dans l’eau, perdre tous mes points de
repère.
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