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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 06:48

 

En 2007, Dominique Sigaud publia L’inconfort des ordures (Babel Noir). La même héroïne est de retour, dans Conte d’exploitation (Actes Noirs)…

En ce début novembre, la commissaire Régine Partouche va fêter ses cinquante ans dans deux semaines. Fêter n’est pas le mot. Devenir quinquagénaire, alors qu’elle évacue si lentement son enfance perturbée en Algérie, pas si simple pour elle. Son mari Georges, libraire, est un modèle d’équilibre et de patience. Et elle est fière de son fils Victor, militant de gauche, activiste frisant l’illégalité.

Par contre, l’ambiance à la P.J. lui parait de moins en moins saine. À cause des méthodes de Pucheu, le remplaçant de Vrémont, directeur désormais retraité. Pucheu s’est chargé de la refonte des services, en séparant les équipes, en cassant les liens. Un principe de management des potentiels humains, appliqué partout par le pouvoir actuel, soi-disant pour davantage d’efficacité. Ce qui ne fait que créer des tensions supplémentaires, selon Régine Partouche. De son ex-équipe, elle a quand même gardé le fiable Maxime Plantin.

SIGAUD-2011Ce lundi, les policiers ont à traiter deux affaires d’inégale importance. La moins excitante est confiée à Régine. Il s’agit du meurtre d’une artiste peintre, dans le 11e arrondissement. C’est son détestable collègue Darnando qui s’occupera de l’autre cas. Graziella Perção, travesti brésilien, a été assassiné et jeté dans une poubelle devant la librairie de Georges, le mari de Régine. La commissaire a des raisons d’imaginer qu’elle est visée. En effet, Graziella fut un des principaux témoins d’une affaire précédente, trois ans plus tôt. Un meurtre similaire, car la victime également prostituée fut aussi retrouvée dans une poubelle. Georges va être interrogé par ses collègues. Régine craint que son fils ne soit inquiété pour ses activités militantes. Elle espère obtenir des éléments par Claire, ancienne de son équipe, mais la commissaire n’ignore pas que le directeur Pucheu à l’œil sur son propre groupe.

L’enquête sur la mort de la peintre débute mollement. Après avoir motivé ses adjoints en orientant l’enquête vers un client allemand de l’artiste assassinée, Régine rencontre un proche de Graziella. Prostituée venue d’Haïti, Beloved Latortue garde de la rancœur contre Régine, depuis le précédent crime. Néanmoins, elle lui donne une adresse, boulevard d’Ornano.

Ce club est un lupanar de luxe, où vient se distraire l’élite de la république. Il n’est pas exclu que Pucheu fasse partie, depuis qu’il est directeur de la P.J., de la clientèle triée sur le volet. Toutefois, quand Régine rencontre son ancien patron Vrémont, il relativise. En France, même chez les politiques, la luxure n’est pas un crime. Et ces bordels haut-de-gamme existent depuis toujours. Les connexions affairo-sexualo-politiques restent complexes à démontrer. Du côté de l’Allemagne, le suspect du meurtre de la peintre n’est pas n’importe qui. Chef d’entreprise aux méthodes sévères, il appartient à la droite dure de la CDU…

 

N’imaginons surtout pas que Dominique Sigaud, auteure confirmée, se contente d’une petite enquête criminelle classique. La P.J. d’aujourdhui n’est plus celle de Maigret. Celui-ci respectait la hiérarchie et, homme de terrain, il se méfiait des bureaucratiques juges d’instruction. Les rapports de force ont changé. Régine peut compter sur l’indépendance d’un juge, pas sur son trop politique directeur. Pucheu, comme Darnand(o), des noms évocateurs pour qui connaît l’Histoire.

De nouvelles méthodes de management sont organisées, basées sur une prétendue rentabilité. Bilan, comptes d’exploitation, chiffres de la sécurité. Ce qui oblige à se concentrer sur la petite délinquance, en laissant la plus grande impunité aux puissants. De tous ces gens dont nous parlons, confortablement installés sur leur fumier, lequel paiera un jour la facture ? Aucun […] Tout le travail fait depuis trente ans, pour que nos métiers restent plus ou moins des services publics au service du public et pas des officines, est en train de s’effondrer. Au service de qui est-ce que nous travaillons ? De la République ? Allons donc, ça se saurait. Réalité actuelle, peut-être plus vérolée que jamais, exprime l’auteure. Elle n’oublie pas l’intrigue criminelle, mais il ne faut pas s’attendre à une double enquête rectiligne, balisée. Car, outre les états d’âmes de la commissaire, ces sombres affaires baignent dans ce contexte compliqué qu’est notre monde actuel. Un très bon roman, à la tonalité mordante.

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