Il est probable que tous les admirateurs de Sherlock Holmes se sont déjà procurés cet ouvrage paru fin 2008. Si j’aime relire à l’occasion les textes de Conan Doyle, voire les nouvelles versions (dont celles de René Réouven ou de Ugo Pandolfi), j’ai longtemps pensé que ce livre ne s’adressait qu’à ces passionnés qu’on nomme les Holmésiens, où à de rares amateurs de littérature populaire. En feuilletant à nouveau le "Dictionnaire Sherlock Holmes" de Lucien-Jean Bord (Éd.Le Cherche-Midi, coll.NéO), je réalise avoir eu tort.
Car, finalement, si cet ouvrage érudit apporte son témoignage sur l’univers de Sherlock
Holmes, c’est autant l’évocation de la Grande-Bretagne et du monde dans la seconde moitié du 19e siècle. Les contemporains bien réels de Conan Doyle, nous sont souvent mal connus. On a
oublié la violoniste Wilhelmina Norman-Neruda (A Study in Scarlet). De quoi parle Sherlock Holmes lorsqu'il dit au Dr Watson de prendre le gazogène ? À moins d'être un vieux Londonien,
on s’y perdrait entre les rues existantes et les adresses imaginaires inventées par Arthur Conan Doyle. Qui est cet Henry Beecher, dont le Dr Watson a placé un portrait au-dessus de ses livres ? Si Holmes s'empare d'un stick de chasse, tout Anglais de l'époque victorienne
voit exactement quel objet il tient à la main. Aujourd’hui, qui sait à quoi correspond cette balle de jezail qui a failli coûter la vie au Dr Watson ?
La vie du détective de Baker Street ne s'est pas limitée aux textes, courts ou longs : le dictionnaire recense ses nombreuses enquêtes portées à la scène théâtrale, à la télévision, à la radio, ou au cinéma. Y figurent toutes les adaptations et les interprètes de ses aventures. Qu’on se rassure, le professeur Moriarty et d’autres adversaires bien connus de Sherlock y sont présents. Sans oublier tout ce qui concerne l’inévitable ami et témoin, le valeureux Dr Watson. Les journaux d’alors et les protagonistes des histoires de Sherlock Holmes sont ici cités, des plus glorieux aux plus modestes.
C’est véritablement le bréviaire de l’univers de Sherlock Holmes, la bible de ses aventures, la référence des adaptations de l’œuvre. Principalement réalisée à partir de documents d'époque, l’iconographie complète les notices de ce dictionnaire. Le visage de Londres et du Royaume-Uni a évolué, ces documents en témoignent non sans émotion. Outre les décors et quelques personnages historiques, on peut visualiser par exemple les armes de l’époque. On trouve aussi plusieurs index, qui permettent de retrouver tel personnage ou objet (même anodin en apparence) rencontré dans les enquêtes et aventures créée par Arthur Conan Doyle. Riche, ce dictionnaire est très riche…
Lucien-Jean Bord a réalisé un remarquable travail, détaillé à souhait. En effet, chaque renseignement recueilli est devenu définition, pour nous éclairer sur l’œuvre et sur l’ambiance de celle-ci. Feuilleter ce livre, retenir ici ou là un nom, une notice, une illustration, c’est aussi se souvenir de l’illustre Sherlock Holmes. Et ça donne envie de relire Arthur Conan Doyle, évidemment.
On peut cliquer ici pour ma chronique sur "Le chien des Baskerville", ou sur "La vendetta de Sherlock Holmes" d'Ugo Pandolfi, ou sur "Histoires secrètes de Sherlock Holmes" de René Réouven. Chez Rayon Polar, j'ai aussi évoqué la BD "Sherlock" (T.1 : "Révélation") de Didier Convard, Eric Adam et Jean-Louis Le Hir.