Parmi les premiers titres de la collection Noir 7.5 des Éditions Parigramme, découvrons le roman de Caroline Sers, “Des voisins qui vous veulent du bien”. Une histoire qui s’apparente aux meilleurs titres de Georges-J.Arnaud, lorsqu’il traitait du thème de la maison, du quartier. Quand s’y produisent des incidents mal expliqués, l’ambiance dans ces microcosmes peut susciter une certaine paranoïa. Si on s’accommode de rumeurs et médisances, comment réagir face à de possibles faits criminels ?
Jeune couple parisien, Bénédicte et Rodolphe Verneuil s’installent dans un immeuble proche de la rue de Bagnolet, où ils ont acheté leur appartement. Le déménagement puis les travaux de finition créent de petites tensions entre eux. Ils sont bien accueillis par leurs serviables voisins du dessus, Antoine et Laura, impliqués dans le milieu associatif. Le lendemain, de retour après quelques achats de bricolage, Bénédicte trouve un chat égorgé à la porte de leur immeuble. Laura lui explique qu’il s’agit d’un acte d’intimidation des promoteurs visant le quartier, et qu’il est inutile de prévenir la police. Bénédicte réalise que, issue d’une conformiste famille bourgeoise catholique, elle n’est pas vraiment en phase avec Laura. Celle-ci prône la solidarité, afin que le quartier conserve sa tradition populaire. Peu après, un incendie détruit le bar d’à côté, causant une victime. Ce Paulo était un poivrot connu et plutôt apprécié dans le secteur.
Le policier Nicolas Gardent enquête sur l’incendie criminel du bar. Bénédicte n’ose pas lui dire qu’elle a vu les patrons de l’endroit déménager des tables et du matériel juste avant. Quand Rodolphe reçoit le livre Le sexe pour les nuls, il croit à une mauvaise plaisanterie de sa femme. Il s’agit bien d’une commande par Internet, depuis leur adresse IP. Les petites fâcheries du couple se transforment en disputes. Bénédicte vérifie leurs comptes bancaires, notant de curieuses anomalies. Dans le quartier, les avis sont partagés sur l’incendie et le décès de Paulo. Les promoteurs immobiliers voulant moderniser sont toujours incriminés. Bénédicte se décide à contacter Nicolas Gardent, lui parlant cette fois des objets déménagés du bar incendié. Le policier reste sceptique, d’autant que c’est son collègue et ami Karim, de la Criminelle, qui est désormais chargé de l’affaire. Laura, qui ne cache pas son hostilité contre la police, est dans les parages quand Bénédicte sort du commissariat. Elle se montre indiscrète, en particulier sur les questions bancaires du couple.
Plus tard, Bénédicte constate que certains objets ont été déplacés dans l’appartement. Une nuit, un autre immeuble est incendié dans la rue. Celui-ci ayant fait cinq victimes, le voisin Antoine crée un collectif solidaire contre les promoteurs. Quand Bénédicte s’aperçoit qu’on s’est fait passer pour elle auprès de sa banque, elle porte plainte. Lors d’une soirée avec des amis, l’un d’eux avait effectivement souligné les risques d’Internet. Les sommes détournées sont minimes, mais il est préférable de suspendre sa ligne WiFi. Le policier Nicolas Gardent est toujours peu convaincu par les témoignages de Bénédicte, nouvelle arrivée dans ce quartier. À la Criminelle, l’équipe de son ami Karim poursuit l’enquête. Tandis qu’entre Bénédicte et son mari les relations se dégradent, la situation apparaît de plus en plus tendue autour de la jeune femme…
Dans un tel contexte, chacun n’ayant pas le même degré socioculturel que son voisin, ça peut engendrer une suspicion mutuelle. Des doutes qui risquent de s’insinuer même au sein d’un couple. Cette histoire pose aussi la question de certains comités, associations plus obscures qu’efficaces. Venue d’un milieu confiné, Bénédicte connaît des difficultés à s’adapter à une nouvelle ambiance. D’abord spectatrice, elle est vite impliquée dans les évènements. On s’interroge avec l’héroïne, et on se passionne pour ses mésaventures. Fluide et bien construit, le récit est réellement entraînant.