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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 06:05

 

Le deuxième titre d’un auteur sera-t-il aussi bon que le premier, qui nous a séduit ? C’est bien la question qui se posait pour le nouveau roman de Carlos Salem, Nager sans se mouiller, publié dans la collection Actes Noirs. Cette fois encore, il nous propose une excellente et souriante intrigue.

Sous une allure assez neutre, Juanito Pérez Pérez est cadre supérieur dans une multinationale. Quadragénaire divorcé d’avec Leticia, issue de la bourgeoisie, il voit peu sa fille Leti, 15 ans, et son fils Antoñito, 10 ans. Cet été, son ex-épouse ayant décidé de passer ses vacances avec son nouvel amant, Juanito va partir en camping avec ses enfants. Il craint un contretemps de dernière minute, mais ils se dirigent bientôt vers la région de Murcie. C’est dans un camping naturiste qu’il vont séjourner.

SALEM-2À peine arrivés, Juanito et les enfants s’aperçoivent que leurs voisins sont Leticia et le juge Gaspar Beltrán, son nouveau compagnon. Juanito porte une grande admiration au courageux magistrat. Bien que Leticia reste très directive, ils doivent pouvoir se côtoyer sans heurt. Juanito ne tarde pas à tomber sous le charme de Yolanda, 27 ans, animatrice du camping. Une fougueuse liaison qui ne déplait pas à sa fille Leti. Juanito retrouve ici par hasard son copain de jeunesse Tony, accompagné de la glaciale Sofia. Gamins, ils rêvèrent jadis de devenir pirates. Borgne et handicapé d’une jambe, le gras Tony est aujourd’hui un riche inventeur. Des vacances ordinaires, en perspective.

Le vrai visage de Juan Pérez Pérez est moins quelconque. Il est employé comme tueur à gages par un cartel appelé l’Entreprise. Cette activité criminelle l’a rendu riche. Chaperonné par le vieux Numéro 3, qui lui a beaucoup appris mais qu’il a dû finalement supprimer, Juan est le plus efficace des tueurs. Actuel Numéro 3, il ne dépend plus que du mystérieux Numéro 2. Ce dernier l’a envoyé dans le camping de Murcie, car s’y préparait une opération qui semble reportée. Juan s’interroge sur la cible prévue. Il est possible que ce soit Leticia, mais le juge Gaspar Beltrán compte bon nombre d’ennemis prêts à le faire assassiner. Suite à un problème avec un associé, son ami d’enfance Tony peut aussi bien être la victime désignée. Se souvenant des préceptes de son mentor, Juan n’accorde aucune confiance à la froide Sofia : Elle a une allure de pute à petits seins, de celles dont se méfiait le vieux Numéro 3. Ni à Sven, le beau maître-nageur.

Juan sympathise avec un professeur retraité, auteur de romans policiers. Celui-ci l’invite même à découvrir la grotte secrète où il cultive son inspiration. Entre ses enfants, le romancier et Yolanda, Juan goûterait presque des vacances normales et agréables. L’arrivée au camping de Numéro Treize, à la réputation justifiée de tueur sadique, prouve à Juan que l’opération se poursuit. Il commence à penser que son propre entourage court un réel danger. Beaucoup trop de coïncidences, qui rendent suspects la plupart de ceux qu’il rencontre dans le camping. Nargué par Numéro Treize, Juan ne craint pas de l’affronter. Le romancier, auquel il a fait quelques confidences, imagine qu’il s’agit d’une épreuve surprise organisée par l’Entreprise. Numéro Treize est victime d’une mortelle piqûre d’araignée. Ce qui entraîne une enquête, menée par l’inspecteur Arregui. Vraiment atypique, le policier a déjà croisé Juan. Pourtant, ce n’est pas son pire adversaire…

Voilà un résumé ne dévoilant qu’une infime partie de l’intrigue, juste des points de repère concernant cette histoire. Il faudrait évoquer aussi la relation entre Juan et le vieux Numéro 3, et de multiples autres détails. Le premier roman de cet auteur (voir ci-dessous) était très inventif. Ce deuxième titre l’est tout autant. Peut-être davantage, car la narration est encore mieux maîtrisée, d’une fantaisie espiègle. Il nous a concocté un festival de péripéties souriantes et de situations incongrues, avec quelques habiles clins d’œil (dont le nom du romancier, ou celui allusif au juge Balthasar Garzon). Le héros ne se trompe pas sur la menace qui plane autour de lui. Reste à en connaître l’instigateur, ainsi que le rôle précis de chacun. Ce n’est que dans les vingt-cinq dernières pages que s’éclairent les mystères, que sont révélés les arcanes de l’affaire. En effet, si la tonalité est humoristique, le scénario s’avère extrêmement bien construit. Ce suspense diablement excitant, astucieux et fort amusant, confirme le talent inventif de Carlos Salem.

 

SALEM-1C’est aussi l’occasion de redécouvrir Aller simple, réédité dans la collection Babel Noir. Road-story ou fuite perpétuelle, c’est bien la voie vers une nouvelle vie que choisit le héros. Surréaliste ou délirant, l’humour n’exclut pas la sensibilité, ainsi qu’une réflexion sur le destin. Un foisonnant roman, d’une belle originalité…

Enfant, Octavio Rincón s’imaginait devenir pianiste. Petit fonctionnaire de la région de Barcelone, il est aujourd’hui marié à la tyrannique Dorita. C’est elle qui a décidé ces vacances au Maroc. Suite à un choc, elle décède dans leur hôtel de Marrakech. Octavio ne sait quoi faire. Comment déclarer le décès, alors qu’il ne parle pas la langue locale ? Il fait la connaissance de Raúl Soldati, un Argentin désargenté, qui l’entraîne dans une soirée folklorique. Ils y croisent un menaçant Bolivien, une sorte d’agent secret nommé Acévez. Avec les faux dollars dérobés à ce type, le duo poursuit la fête à la Mamounia. Soldati fait passer “Don Octavio” pour un notable espagnol après de riches interlocuteurs. Durant cette soirée grandiose, Octavio s’aperçoit qu’il possède un sexe énorme.

Mais le Bolivien et ses sbires sont sur leurs traces. Soldati applique sa devise “Un soldat qui fuit servira pour une autre guerre”. Le duo doit récupérer le corps de Dorita et utiliser le fourgon frigorifique de Soldati pour le rapatrier en Espagne. Le cadavre a disparu, et Octavio déclenche à l’hôtel un incendie catastrophique. Chacun de son côté, les deux hommes fuient vers l’Atlas, le désert. Octavio prend en auto-stop un vieux hippie et ses compagnes. S’il n’avait le furieux Bolivien à ses trousses, Octavio resterait auprès de la belle Ingrid. L’Espagnol réalise que le hippie n’est autre que Carlos Gardel, le vrai, celui qui est mort dans un accident d’avion en 1935 à Medellin. Celui-ci s’est fixé pour mission d’assassiner Julio Iglesias, qui massacre le tango dans son interprétation. Le Bolivien les pourchasse toujours, cherchant à récupérer son précieux agenda. Ayant retrouvé Soldati, Octavio et Gardel débarquent sur les lieux du tournage d’un film. Un périple aventureux qui leur réserve encore quelques magistrales surprises…

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commentaires

R
l'autre estimera le portrait plutôt juste. L'important est effectivement la cohérence avec l'histoire racontée.
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C
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C
<br /> Bonjour Claude,<br /> Je ne dis pas le contraire. Bien sûr que c'est plaisant mais, par exemple, je trouve qu'au bout d'un moment dans "Aller simple", j'ai eu le sentiment que ça tournait en rond, que ça se répétait au<br /> niveau du coquasse. Comme si Salem avait usé la corde jusqu'à la fin, en avait un peu trop fait avec gratuité. J'ai peut-être dû mal m'exprimer mais le côté totalement décalé ne me gêne (je serais<br /> même assez preneur) mais tout est question de cohérence de l'ensemble et par moments (certes rares), j'ai trouvé que ça ne se tenait plus trop. Pour finir, dans le genre décalé qui tient la route<br /> jusqu'au bout, je pense à un roman comme "L'escadron guillotine" d'Arriaga.<br /> Amitiés en retour<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Cynic,<br /> <br /> <br /> Un point sur lequel tu as certainement raison, c'est que certaines scènes ne nous semblent pas indispensable. J'ai pensé qu'il y avait là des références ou clins<br /> d'oeils qui nous échappent peut-être. C'est parfois vrai aussi dans des romans faisant allusion à tel film ou livre, telle tradition étrangère, mal ou pas connu(e)s chez nous. Mais là,<br /> j'extrapole...<br /> <br /> <br /> Quant à la frontière entre caricature même réussie et fantaisie décalée, c'est selon "la grille de lecture" de chacun, je pense. Sans trop tomber dans des<br /> généralités, si on prend le cas d'un flic ripou (caricature fréquente), l'un le trouvera trop chargé alors que l'autre estimera le portrait plutôt juste. L'important est effectivement la<br /> cohérence avec l'histoire racontée.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Un petit quelque chose m'avait gêné dans Aller simple...Peut-être que le côté loufoque et décalé m'a lassé à la longue. Un petit goût de "too much" comme disent les anglophones. Mais ça reste un<br /> excellent roman cependant<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Salut Cynic,<br /> <br /> <br /> Quand le regretté Alexandre Dumas mettait en scène ses personnages, disons 95 % des situations relevaient de la plus haute fantaisie. Et je ne parle pas de Ponson du<br /> Terrail (Rocambole) d'Emile Gaboriau ou de Paul Féval (que j'adore tous deux). Quant aux déductions du frère de Mycroft Holmes, par ailleurs médiocre violoniste, parler de rigueur serait<br /> exagéré...<br /> <br /> <br /> Ce que je veux dire, c'est que les auteurs qui utilisent une large part de liberté dans leur inspiration sont souvent plus agréables à lire que d'autres. Alors, bien<br /> sûr, le témoignage social du roman noir, tout ça, j'adhère évidemment. Mais les délires, le décalage loufoque, c'est foutrement plaisant. Et puis, la construction d' "Aller simple" est finalement<br /> bien plus solide qu'on ne pourrait le penser (retour par l'enclave espagnole, contexte footeux donc moins surveillé).<br /> <br /> <br /> Enfin, avec "Nager sans se mouiller", Carlos Salem réussit à renouveler sa fantaisie, et c'est là qu'on l'attendait...<br /> <br /> <br /> Amitiés. <br /> <br /> <br /> <br />

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