Si on cite toujours "J’irai cracher sur vos tombes" (1946), parmi les romans noirs de Boris Vian (publiés sous le pseudo de Vernon Sullivan), on devrait évoquer aussi le suivant, "Les morts ont tous la même peau" (1947). Ce roman est aussi dense, sombre et ironique que le premier.
Dan est videur dans un bar de New York depuis cinq ans. Ce métier lui convient. Il est marié à Sheila, avec laquelle il a un enfant. Il arrive à Dan de faire l’amour avec
la première fille venue, une de ces prostituées fréquentant le bar. Il estime ne pas vraiment tromper son épouse. Depuis peu, Dan éprouve quelques états d’âme. Voilà cinq ans qu’il cogne sur les
excités, quand ceux-ci se montrent trop agressifs. Il frappe des ivrognes Blancs. Bien que ça ne se remarque pas, lui-même est Noir. Plus exactement, Dan est un sang-mêlé qui a réussi à cacher
ses origines, alors qu’ils ne devrait pas se trouver chez les Blancs. Ça lui a longtemps plu de corriger des Blancs, mais ça l’amuse maintenant moins. Il ne sait dire pourquoi. Peut-être que,
trop bien intégré, il est devenu Blanc ?
Dan a un frère, Richard, qui est visiblement Noir. Un jour, en l’absence de Sheila, Richard se rend chez Dan afin de le faire chanter au sujet de ses origines noires. Il n’existe qu’une solution, supprimer le maître chanteur. D’autant que la menace a une influence sur la virilité de Dan. Il n’a pu faire l’amour à son épouse depuis. Il doit supprimer son frère, en se ménageant un alibi. D’ailleurs, qui se souciera de la mort d’un Noir ? Hélas, la maîtresse de Richard est témoin du meurtre. Elle dénonce Dan, qui doit prendre la fuite. La presse se déchaîne contre le criminel. Tandis que Sheila envisage le divorce, Dan se planque. Ses chances de s’en sortir sont infiniment minces...