L’équipe de la Bibliothèque des littératures policières présente du 9 novembre 2011 au 4 février 2012 l’exposition Le Théâtre du crime (aux heures d’ouverture de la BILIPO : mardi-vendredi de 14h à 18h - samedi de 10h à 17h - 48/50, rue du Cardinal-Lemoine 75005 Paris).
Les photographies de la police scientifique sont très rarement présentées au grand public. Elles restent longtemps dans des archives confidentielles, car elles vont à l’encontre de plusieurs tabous quand elles ont pour sujet la mort violente et le crime.
Réalisées il y a près de cent ans par Rodolphe Archibald Reiss, fondateur de l’Institut de police scientifique de l’Université de Lausanne, ces images révèlent toute leur dimension esthétique, tout en gardant leur intense force émotionnelle. Pionnier de la criminalistique, Reiss fait preuve d’une maîtrise photographique inégalée dans le domaine. Mémoire de l’enquêteur, ces photographies réalisées selon un protocole formel montrent sans fard ni émotion des scènes de crime et des traces relevées. Elles sont toutes associées à l’enseignement ou aux dossiers d’expertise de Reiss. Elles permettent de voir des lieux et des environnements inédits, et sont paradoxalement souvent formellement très abstraites. Cette exposition présente une vingtaine de photographies grand format images.
Le 19 novembre 2011 à 16 h: "Jim Thompson, the writer inside me"
Projection du film de Richard Hamon, suivie d'un débat avec le réalisateur.
James Myers Thompson fut l’un des plus fameux auteurs de romans pulp. Son œuvre est marquée par la Grande Dépression de 1929 et l’histoire chaotique de sa famille qui connut le travail redoutable sur les champs de pétrole du Texas. Dans les années 1950, il collabora avec Stanley Kubrick aux scénarios de The Killing (L’Ultime Razzia) et The Paths of Glory (Les Sentiers de la gloire). Son roman le plus célèbre reste The Killer inside me (Le Démon dans la peau). Décédé en 1977, dans la misère et dans l’indifférence totale de la critique et du public américains, Thompson a trouvé sa consécration en France. Son entrée dans la Série Noire a été reçue comme l’irruption d’un talent littéraire nouveau.
Depuis The Getaway, de Sam Peckinpah (1972), des romans de Thompson ont été régulièrement adaptés par le cinéma : Série noire d’Alain Corneau, Coup de torchon de Bertrand Tavernier, Les Arnaqueurs de Stephen Frears ou le récent The Killer inside me de Michael Winterbottom. Le temps d’une enquête qui mène le réalisateur/lecteur de Paris à Anadarko dans l’Oklahoma, le film nous entraîne aux origines de la noirceur de l’écriture de Jim Thompson.
Le 26 novembre 2011 à 16 h: "Gueule d'assassin, de Léonard de Vinci à Federico Fellini", conférence de Philippe Comar.
Léonard de Vinci, lorsqu’il peignit La Cène, ne sachant comment figurer la tête de Judas, le «portrait de l’ignominie», prit pour modèle le prieur du couvent, commanditaire de l’œuvre, parce que ce dernier le tourmentait sans cesse. Cinq siècles plus tard, le criminologue Cesare Lombroso tentera de dresser une typologie du criminel sur des bases prétendument scientifiques. Les préjugés ont la vie dure. N’avons-nous pas tous une gueule d’assassin ?
Le 4 février 2012 à 16 h: "Le Paris de Bertillon", conférence de Marc Renneville.
Issu d’une famille de savants, Alphonse Bertillon est considéré par les «experts» contemporains comme le père de la police scientifique française. Œuvrant à la charnière des 19e et 20e siècles, aîné contemporain de Reiss, Bertillon développa à Paris l’anthropométrie, la photographie judiciaire, le portrait parlé et l’usage des empreintes digitales à des fins d’identification des criminels. Ces travaux seront replacés dans le contexte d’une époque qui faisait la part belle à l’anthropologie criminelle et aux théories de la criminologie.
(Certaines des photographies exposées sont susceptibles de choquer. La BILIPO déconseille la visite aux personnes sensibles ainsi qu’au jeune public.)