L’album BD intitulé “Fanch Karadec - Le mystère Saint-Yves” est sorti il y a quelques semaines. Il ne m’attirait pas plus que ça. Peut-être à cause de l’étiquette “l’enquêteur breton”, qui me semblait un peu facile. Néanmoins, il a bénéficié de critiques élogieuses, et même été récompensé par un Prix. Après tout, pourquoi ne pas se laisser tenter ? Même si la formule frise la banalité, j’aurais dû me fier à ma première impression. Ça se vérifie une fois encore...
Retraité habitant Paimpol, Fanch Karadec est un ancien enseignant. Il joue aux cartes avec ses amis au P’tit Bistrot, le bar de sa compagne Soazig. Il lui arrive de sortir pêcher en mer avec son copain Serge, dit Sergio. Il passe ses soirées avec Soazig au fest-noz ou dans des pubs proposant des concerts. Quand la statue de Saint-Yves est dérobée à Tréguier, le faits divers retient vaguement son attention. Ce n’est quand même pas le casse du siècle. Quelques jours plus tard, un meurtre est commis dans le secteur. Bernard Le Hennanf a été crucifié sur une roue de charrette dans un champ. L’enquêteur Mauwen s’occupe de l’affaire. Fanch avait été témoin d’une vive altercation entre la victime et son voisin Gilbert Le Crom, ce dernier menaçant l’autre de mort.
Entre-temps, Fanch a reçu un courrier de Le Hennanf, qu’il n’a pas eu le temps d’ouvrir. Quand il le fait, il découvre une clé et un message mystérieux : “Saint Yves a la palud Sainte Anne est en grève”. Il semble que ce courrier ait été posté alors que Le Hennanf était déjà mort. Employée à la médiathèque de Lannion, Lena est la sœur de Fanch. Elle cherche une explication à cette formule énigmatique. Quand Fanch interroge le curé de la cathédrale de Tréguier, il comprend vite que celui-ci n’est pas absolument franc. Fanch et son fils Gerald assistent aux obsèques de Le Hennanf, lorsque la veuve provoque un incident, avant de s’en prendre à Gilbert Le Crom. Fanch pense trouver des réponses sur l’île Iliec, où Sergio le conduit en bateau. Il est agressé par des personnes encapuchonnées. Un nouveau meurtre est commis, à Tréguier…
Si ce résumé s’arrête là, c’est parce que je ne connaîtrai jamais le dénouement de cette histoire. Non pas que j’aie interrompu ma lecture à cause du scénario un peu trop convenu ou des illustrations de cartes postales. Certes, l’intrigue ne vole pas très haut. Comme toujours, les Bretons (qui ont tous un gros nez, ici) sont présentés de façon plutôt caricaturale. Forcément pluvieux, les décors s’avèrent peu originaux. On a du mal à sentir une ambiance à suspense dans cette histoire.
Non, si je ne peux en dire plus sur la fin, c’est qu’après la page 48, retour à la page 33 et suivantes jusqu’à la 48. Conciliant, j’ai d’abord pensé à une “erreur technique”. D’ailleurs, si je m’adressais à l’éditeur, c’est ce qu’on me répondrait. La faute de l’imprimeur, donc. À bien y réfléchir, voilà une explication imparfaite. En effet, cet album est diffusé depuis deux ou trois mois. Suis-je le premier et le seul ayant acheté un exemplaire raté ? Bien sûr que non. L’erreur a forcément été signalée par de précédents clients, et l’éditeur en a été logiquement informé (...)
Dans la version initiale de cet article (voir ci-dessous), je suggérais que les Éditions Vagabondages me semblaient être des branquignols, des dilettantes mal organisés, peut-être pas malhonnêtes mais peu respectueux des lecteurs.
La réponse de Pascal Daniel, des Éditions Vagabondages, n'a pas tardé :
"En effet, une erreur s'est produite chez l'imprimeur et une centaine d'albums présentent cette erreur. Communiquez moi votre adresse courrier et je vous en ferais parvenir en retour un exemplaire "complet". Nous remplaçons systématiquement les exemplaires mal façonnés. Désolé pour ce désagrément."
Il faut reconnaître sa réactivité, car j’ai reçu deux jours plus tard l’album dans son édition complète. Je l’en remercie, et je suis heureux de vérifier que cet éditeur n’est donc pas malhonnête. Sans doute est-il compliqué de retirer de la vente des exemplaires erronés (probablement bien plus de la centaine évoquée), mais est-il vraiment impossible de faire contrôler l’état des albums dans les points de vente ? La question reste posée. L’incident est clos.
(Première version de ma conclusion)
Sans "dramatiser", ça ne donne guère envie de prendre la chose avec humour ou dérision. Les éditions Vagabondages sont donc, au mieux des branquignols, au pire des arnaqueurs. Considérons les comme des tocards dilettantes, incapables de gérer une “erreur technique”. Encore que vendre sciemment un produit défectueux, c’est une escroquerie pure et simple. Le respect du lecteur, du client, notion obsolète. “Faites-vous rembourser, et taisez-vous !” Tel est le mot d’ordre, sans doute (dans l'esprit du célèbre "Casse-toi, pauv'con !"). Fanch Karadec est promis à une série ? Je ne lirai pas la suite, puisque je n’a pas pu finir ce premier tome.
La réponse de Pascal Daniel, des Editions Vagabondages, n'a pas tardé :
"En effet, une erreur s'est produite chez l'imprimeur et une centaine d'albums présentent cette erreur. Communiquez moi votre adresse courrier et je vous en ferais parvenir en retour un exemplaire "complet".
Nous remplaçons systématiquement les exemplaires mal façonnés.
Désolé pour ce désagrément."