J’aurai l’occasion de chroniquer prochainement le roman de François Darnaudet “Au château d’alcool” (Coll.Rivière Blanche, Éd.Black Coat Press). L’ami Pascal Polisset ayant été plus rapide à le lire, je lui cède volontiers la place pour qu’il nous fasse part à sa manière de ses impressions sur cette histoire :
« “Bon, ben, çà , c’est fait !”.
C’est sur ce lapidaire commentaire intérieur que Dugommier posa sur son bureau, envahi de piles de livres, le dernier roman de François Darnaudet.
L’aigre et lente sonnette du piano, où mitonnait une langue de bœuf charcutière, venait juste de l’appeler : ting… tong… ting… tong.
Il lui faillait passer à ce moment précis où la sauce doit être acidifiée d’une cuillère à soupe de câpres et d’une dizaine de cornichons coupés en rondelles de cinq millimètres. Encore trois à cinq minutes et le mets sera mis à table…
Dugommier, en garnissant chaque assiette, se dit qu’on a beau se targuer de qualités cuisinières, reste toujours ce moment où chaque convive hume, goûte, mâche, regarde ailleurs avant que d’un souffle, d’un regard complice, d’une mâche silencieuse, le verdict tombe. C’est le moment qu’il choisit, fier et tout de même inquiet, pour servir sa botte secrète : un Cahors, Le «Clos Siguier» 2007. »
La cuisine c’est comme l’écriture ; c’est -quand même- quand le plat est apprécié qu’on peut prétendre écrire une, voire des recettes.. C’est au pied du piano, qu’on estime le gâte-sauce… Non ?
J’ai lu en quelques heures, mais aussi en quelques jours le roman de François Darnaudet.
Le narrateur, critique de cinéma (horreur, malheur me chante l’Orchestre du Splendide…) et, qui plus est, écrivain se trouve embarqué dans l’écriture de la fin d’un scénario. Une bande d’écrivains non spécialisés dans le genre (Horreur, non ! Polar, oui !…), mais amis d’icelui, mettent sur sa table d’écriture, un pactole dont il a besoin. Julien Gras s’y colle en même temps qu’il va mener une enquête sur un film d’horreur qui.. a tué ses rares spectateurs… La suite à lire…
Oui, j’ai lu d’une traite ce roman, j’ai aimé (de nouveau) l’écriture de l’auteur : pas de fioritures, la cadence de chapitres courts et cinglants, un humour à la fois potache et cultivé. Il invite le lecteur à se promener dans l’univers d’un Paris zarbi..qu’il peint de quelques traits…
Oui, j’ai aimé ce narrateur à la fois paumé et terriblement sûr de lui, prêt à aller jusqu’au bout de ses amours et vérités..
Oui, j’ai aimé l’habile histoire bien qu’elle souffre d’un défaut : elle méritait d’être moins maligne, plus aboutie, plus radicale.
L’auteur, je le pense, a eu peur de sa création artistique. Il s’est mis sous les fourches caudines de références amicales (trop de noms compliqués – des alias inutiles - qui cachent mal des clins d’œils affectueux…).
Maintenant et j’en reviens à la métaphore culinaire, suis-je bien autorisé à critiquer ce roman ? Ne suis-je pas, après tout, qu’un convive particulier, attablé chez l’auteur ?
De toute façon, j’ai vécu ce roman comme un moment unique de belle lecture à laquelle je vous invite, quitte à vous demander de croiser votre avis et le mien.
Pascal “Dugommier” Polisset. »
Par ailleurs, Pascal Polisset a déjà évoqué ici le livre de Didier Daeninckx "Missak" ainsi que deux romans de Patrick Mosconi.
On peut aussi lire ma chronique sur "Les ignobles du bordelais", un épisode du Poulpe écrit par François Darnaudet.