Un des premiers articles d’Action-Suspense fut consacré au policier Perello Vallespi, créé par André Lay. Drôle de personnage que ce flic du Venezuela, dont les aventures sont à la fois souriantes et fort bien construites.
André Lay (1924-1997) fit partie des plus solides piliers de la collection Spécial-Police du Fleuve Noir d’autrefois. De 1956 à 1987, il a écrit plus de 125 romans, dont une amusante série ("Shérif") consacrée à Mohave City, une bourgade du comté de Baker, au cœur du désert Mohave en Californie. Les mésaventures d’Helmet Straders sont désopilantes. Évoquer l’ensemble des autres romans de cet auteur serait impossible. À travers les neuf titres suivants, essayons de voir le type d’intrigues exploitées par André Lay. Il utilise des schémas ordinaires, est souvent minimaliste avec peu de personnages principaux. Néanmoins, ce sont des ambiances énigmatiques à suspense qui habitent la plupart de ses romans. Voici quelques exemples des romans d’André Lay…
Déterrez, c’est une erreur (1958)
Pour Ernie Larsen, qui vient de sortir d’une prison locale des Etats-Unis, trouver un emploi est la priorité. Il est
engagé par Steven Barclay comme chauffeur, garde du corps, homme à tout faire. Barclay est certainement la personne la plus impopulaire de cette ville. Il a fait fortune grâce à la construction
d’immeubles de médiocre qualité. Il empoche les loyers, bien chers pour ces taudis. Des ennuis le guettent : une commission d’enquête va bientôt établir ses malversations. Diminué physiquement,
ne pouvant se déplacer seul, l’aide de Larsen lui est indispensable. Hélène, l’épouse de Barclay, est une très belle femme. Pour elle, et pour toucher une bonne part de la fortune de son patron,
Larsen envisage de supprimer Barclay. Avec la complicité d’Hélène et un horaire précis, le meurtre s’avère possible. Une fois l’assassinat commis, le policier Handel vérifie les faits, sans
inquiéter Larsen. Survient un énorme problème : le cadavre de Barclay a disparu, emporté par une crue. Pas de corps, pas d’héritage. Il ne suffit pas de le retrouver pour mettre fin à cette
affaire…
Donnez-lui votre repos (1962)
À Saint-Jean-de-Luz, Bernard Dornet assiste aux obsèques de Cécile Leblanc. Durant la cérémonie, il se remémore les
faits depuis son arrivée ici, quelques semaines plus tôt. Cécile a engagé Bernard, pour la déco d’appartements et de villas. Elle est antiquaire et décoratrice, sa cousine Danielle tenant le
magasin en son absence. Les deux femmes se ressemblent physiquement, mais Bernard se sent plutôt attiré vers Danielle, moins directive que Cécile. Danielle ne semble pas souhaiter une relation
avec Bernard, qui se demande quel rôle ambigu joue Cécile vis-à-vis d’eux. Les jeunes femmes sont victimes d’un accident, l’explosion d’une bouteille de gaz. Danielle reste hospitalisée, tandis
que Cécile rentre chez elle sous la garde d’une infirmière. Bernard voit là l’occasion d’éliminer celle qui représente un obstacle à sa relation avec Danielle. Même s’il n’est pas suspecté,
l’assassin court un vrai risque d’être découvert…
Sang et eau (1966)
Ce roman est proche des meilleurs titres de Charles Williams. En Louisiane, Jack Farrel sort de prison, où il vient de passer huit années. Selon la police, il fut complice d’un braquage de banque. Les deux principaux truands ont été tués par la police. Le butin de trente-cinq mille dollars a disparu. Farrel a toujours nié sa culpabilité. Il est attendu chez lui par la jeune Sarah, qui s’est occupée de sa petite maison en son absence. Farrel semble plus proche de Nancy, une amie d’avant le braquage, qui se propose de l’aider à récupérer le fameux butin. Un journaliste nommé Dinah rôde dans les environs, sans doute lui aussi intéressé par le fric caché. Le périple à travers le lac et les bayous est plutôt dangereux. Farrel a une idée assez précise de l’endroit où est planqué le butin. Quand ils touchent au but, les complications commencent. Car il est traqué par des adversaires qui ne font pas de cadeau. Le retour va s’avérer aussi périlleux…
Le froid de la mort (1967)
Dans ce chalet montagnard de Chamrousse est réuni le trio classique : le mari Pierre, l’épouse Palma, l’amant ami de la famille Lionel. Pierre rentrant ce soir-là à Paris, les deux autres vont pouvoir en profiter tranquillement. Victime d’une panne de voiture, Pierre rentre et surprend les amants. Il frappe sa femme, et se cogne violemment la tête en tombant accidentellement. Plutôt que d’avertir la gendarmerie, Palma et Lionel placent le corps de Pierre dans le congélateur. Après avoir dû ruser avec Lucienne, la secrétaire du mari, espèrent simuler un accident : Pierre sera supposé être mort de froid après le choc, en allant chercher du secours. Lionel rentre à Paris, où il contacte Lucienne. Elle lui apprend la mort de Pierre. Tous deux retournent à Chamrousse, pour soutenir moralement Palma et s’occuper des formalités. L’enquête du policier Dorsan pose moins de problèmes à Lionel et Palma, que les soupçons de Lucienne…
Les enlisés (1973)
Scénariste, Claude Combel est marié à Maud. Au soir de la présentation du nouveau film écrit par Claude, son épouse semble contrariée par l’histoire qu’il a développée, inspirée d’une de ses relations amoureuses passées à lui. Dès lors, Claude se met en tête que Maud a un amant. Si c’est le cas, il ne peut s’agit que de Richard, partenaire de tennis et ami d’enfance de son épouse. Jouant les espions, son idée se confirme. Aimant toujours Maud, il ne veut pas la perdre. Aussi cherche-t-il comment éloigner Richard de sa femme, comment reconquérir Maud. Le scénariste met au point un plan machiavélique. À son insu, Maud avale des produits de régime qui la rendent malade. Bientôt, elle perd anormalement du poids. Claude est omniprésent pour s’occuper de la santé de son épouse, ce qui montre qu’il tient plus à elle que Richard. Mais le docteur Weber, qui connaît bien Maud, ne s’explique pas les maux dont elle souffre. Il place une infirmière à domicile, Martine, pour veiller sur la jeune femme. Claude ne tarde pas à comprendre le rôle de l’infirmière. Le plan initial du mari se complique lorsque se produit un drame…
Les prédateurs (1974)
En Californie, Fraser planifie avec ses complices (le brutal Nicolic et le jeune Murphy) l’enlèvement de Violaine Olson. C’est la fille d’un riche et puissant homme d’affaires. Le kidnapping se déroulant comme prévu, la bande et leur victime vont se cacher dans un garage désaffecté du désert californien. Par un coup de téléphone au père, Murphy détaille les exigences des ravisseurs. Olson contacte le policier Ortega. Celui-ci projette de suivre les kidnappeurs à la remise de la rançon, et d’intervenir aussitôt que Violaine sera relâchée. De son côté, Fraser a prévu plusieurs véhicules pour échapper à des poursuites de la police. Pourtant, après avoir récupéré le fric, Fraser et Nicolic réalisent qu’ils sont suivis par un motard. Un échange de coups de feu va blesser plus ou moins gravement les truands. Pour regagner leur planque, ceux-ci prennent en otage un automobiliste, Milland. Le policier Ortega reste mobilisé pour retrouver les fuyards. Bien qu’affaibli par une blessure, Fraser espère bien s’en sortir vivant…
Les mantes religieuses (1975)
Aux Etats-Unis, Jack Seidler est un imitateur qui, ayant connu des heures plus glorieuses, doit désormais se contenter de galas médiocres. Comment pourrait-il refuser l’offre de la ravissante Carol ? Elle est l’épouse du riche Franck Danielson, qui vit cloîtré dans son immeuble de Las Vegas depuis un accident qui l’a défiguré. La mission de Jack Seidler s’avère particulière : Danielson vient de mourir. Si la nouvelle s’ébruite trop tôt, son empire financier risque de s’écrouler. Il faut donc gagner du temps. Danielson donnant toutes ses consignes par téléphone ou par bande enregistrée, il suffit que Jack l’imite. Seule Carla, la secrétaire de direction, est également au courrant du stratagème. Mille dollars par semaine pour jouer ce rôle, en espérant séduire la belle et froide Carol, Jack accepte bientôt. Certes, il doit rester enfermé dans l’appartement, et ses activités sont un peu plus lourdes que prévu. Quant à séduire Carol ou Carla, c’est illusoire. Jack va surtout comprendre que le plan n’est pas aussi clair qu’on le lui a dit…
Meurtre en pantoufles (1979)
Odile, 33 ans, est l’épouse du presque sexagénaire Edmond, riche récupérateur de métaux. Elle vit dans leur maison qui jouxte le chantier. Leur employée Denise est assez complice de sa patronne. Un jour, Odile croise Éric. Il est jeune, beau et disponible. Ils deviennent vite amants. Découvrant une autre vie, Odile considère maintenant la sienne comme sans grand intérêt. C’est probablement la nouveauté de cette expérience, et le fait de devoir tricher au quotidien, qui excite finalement Odile. La situation n’étant quand même pas satisfaisante, elle envisage de supprimer Edmond pour vivre avec son amant. Elle projette de tuer son mari, avant qu’Éric s’occupe de faire disparaître le cadavre. C’est en observant de loin cette phase de son plan, l’élimination du "paquet", qu’Odile se raconte (en flash-back) comment elle en est arrivée à une telle situation…
Un petit homme gris dans une BMW bleue (1982) :
Homme jeune, Laurent s’est installé pour quelques mois dans l’arrière-pays provençal afin d’écrire un roman. Un soir, il se rend en boite de nuit afin de se changer les idées. Il y rencontre par hasard la jeune Valérie, dont les cheveux blonds coupés très courts ont attiré son attention. Elle semble sur la défensive. Immédiatement séduit, Laurent cherche à en savoir davantage sur elle. Son seul indice, c’est la BMW bleue qu’elle conduisait, plutôt mal. Dès le lendemain, il aperçoit le véritable propriétaire du véhicule. Ce petit homme en gris pourrait être le père de Valérie. Ou bien son mari, ou son amant ? Laurent pense qu’il s’agit plutôt de son patron. Il repère le mas où habitent Valérie et cet inconnu. Il visite l’endroit en leur absence. Laurent découvre l’identité de l’homme : Pascal Collin, agent immobilier à Marseille. L’employeur de Valérie, certainement ! La deuxième rencontre entre Laurent et Valérie prend une tournure intime, mais la jeune femme reste fuyante. La troisième fois, Laurent sort Valérie des griffes de deux dragueurs, en les frappant. Comme il l’avait déjà compris, elle possède un secret - qu’il découvre bientôt en la surveillant. Ensemble, ils peuvent résoudre le problème de Valérie, si la météo s’y prête. Pourtant, ils n’en ont pas fini avec le petit homme en gris à la voiture bleue…
L'article sur le policier Perello Vallespi, créé par André Lay, est ici.
Chez Mystère Jazz, l'Oncle Paul fait le portrait de ce romancier.