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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 06:23

 

Fête foraine, crimes et vengeance, le mystère plane dans La ville éphémère d’Alexandre Suval (Presses de la Cité, 2012).

Dans les années 1880, la fête foraine de Neuilly est déjà traditionnelle. Parmi les saltimbanques animant cette foire colorée aux multiples attractions, le Vicomte est un des personnages notoires. Appelé Gringalet par ses amis, le jeune homme possédant quelque éducation ne se sent chez lui qu’au cœur de ce petit monde. Apprécié de tous, il a pour protégé un disgracié nommé Ficelle, un phénomène de foire venu d’Amérique. Sous le chapiteau des lutteurs, le Vicomte Gringalet joue parfois les comparses pour des combats arrangés.

Ce jour-là, il s’efforce de gagner pour séduire la jeune et belle baronne de Givry, accompagnée de son amie Colette. Bien qu’elle soit l’épouse de sir Richard Pembroke, Éloïse de Givry lui fixe un rendez-vous nocturne dans une demeure isolée de Neuilly. SUVAL-2012Croyant aux présages, Ficelle craint pour son ami Gringalet. Il n’a pas tort, car il s’agit d’un traquenard organisé par le mari et sa maîtresse Colette.

Aidé d’une bande de complices, sir Richard s’est même assuré le témoignage d’un policier. Le Vicomte arrive trop tard pour défendre Éloïse de Givry, avant d’être lui-même victime de graves violences. Ayant été maltraitée par son amant, Colette change de camp lorsque Ficelle et les amis lutteurs de la foire interviennent. Les forains retardent la police, tandis que Colette et le Guadeloupéen François conduisent Éloïse et Gringalet chez le Dr Duchateau.

Ce médecin humaniste prodigue des premiers soins, mais n’est pas certain que le couple défiguré puisse survivre. Il est trop tôt pour alerter Maman, la mère du Vicomte, bien connue sur la foire de Neuilly. Dans le même temps, les lutteurs sont emprisonnés à l‘issue d‘une enquête bâclée. Malgré le témoignage favorable du policier témoin de l’affaire, ils écopent de cinq ans de prison. Sir Richard se félicite de la bonne tournure de l’opération qu’il avait imaginée.

Cinq ans plus tard, le commissaire Frédéric Daumal éprouve une sympathie sincère pour les forains de Neuilly. En particulier pour le nommé Rodolphe, qui dirige un curieux Musée vivant. L’affaire criminelle dont Éloïse de Givry fut victime y est reconstituée parmi d’autres tableaux. Pour Colette et François, ainsi que pour les lutteurs forains libérés, l’heure de la vengeance approche. Un des complices de sir Richard a déjà été supprimé.

L’Anglais prépare actuellement son nouveau mariage, avec Alice de Caylus. Moins attirante qu’Éloïse, mais aussi riche, cette jeune femme ne manque ni d’intelligence, ni de caractère. De son côté, le commissaire Daumal s’interroge sur Rodolphe, mais ne peut rien lui reprocher. Par contre, il comprend que les forains ont des comptes à régler. Le Dr Duchateau et Maman, Colette et François ainsi que Ficelle, tous ont une revanche à prendre contre un adversaire paraissant encore intouchable…

 

L’univers forain existe toujours, aujourd’hui obligé de présenter des attractions souvent démesurées pour faire frissonner les amateurs de foires. Au 19e siècle, ces petites villes éphémères jouent davantage sur l’illusion, l’inhabituel. Sur la rareté du spectaculaire et, surtout, des loisirs. Aller à la fête, c’est l’exception, pour le bourgeois comme pour l’ouvrier. Si tous espèrent gagner aux loteries, ils acceptent avec bonne humeur les trucages et facéties de ce moment sortant de l’ordinaire. L’auteur nous offre une belle évocation de ce contexte, y compris de l’indispensable solidarité foraine.

L’intrigue est évidemment un hommage à ces remarquables romanciers populaires de l’époque que furent Eugène Sue (Les mystères de Paris) ou Paul Féval (Les habits noirs, Le Bossu). Il est fait ici allusion à quelques grands précurseurs de la littérature policière. Le mystère ne réside pas dans l’identité du coupable. Ce sont les comportements énigmatiques et les évènements criminels qui alimentent l’ambiance et le suspense. L’occasion nous est également donnée de croiser des personnages hautement insolites, et d’autres qui ne manquent pas d’humanisme. On rencontre même le criminologue Alphonse Bertillon, fondateur de l’anthropométrie judiciaire. On s’offre un voyage dans le temps grâce à ce polar historique très excitant.

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commentaires

O
Bonjour Claude<br /> Celui-là c'est pour bientôt, d'autant que le thème abordé est des plus intéressants.<br /> Amitiés
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C
<br /> <br /> Salut Paul<br /> <br /> <br /> Le thème est effectivement sympa. Et puis, on n'oublie pas le plaisir qu'on a pris jadis à lire les oeuvres de Paul Féval, voire de Ponson du Terrail ou d'Eugène<br /> Sue. C'est dans l'esprit.<br /> <br /> <br /> Amitiés.<br /> <br /> <br /> <br />

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