Le sixième titre de la collection Petits polars du Monde est “Momo” d’Alexandra Schwartzbrod, lauréate du Prix SNCF du polar en 2004, récompensée par le Grand prix de Littérature policière en 2011. Le festival polar de Bon-Encontre (Agen) lui a également décerné en 2011 le Prix Calibre 47.
Larissa est employée depuis huit mois à Paris, un bon poste dans une chaîne de parfumeries. Âgée de vingt-sept ans, elle n’a pas ménagé ses efforts
pour extraire sa famille et elle-même des quartiers nord de Marseille. Sa mère et son jeune frère Momo habitent toujours là-bas, logeant non loin de la gare Saint-Charles. Depuis le décès de son
père, c’est Larissa qui fait figure de chef de famille. Même si, depuis Paris, elle ne peut consacrer beaucoup de temps aux siens, elle reste en contact. Toutefois, il n’est pas facile de
surveiller ainsi un petit frère de dix-sept ans comme Momo. Elle l’a longtemps choyé, se privant pour lui offrir le meilleur, le protégeant autant qu’elle pouvait. Mais comment les choses
ont-elles tourné pour lui ces huit derniers mois ? Peut-être a-t-il rejoint le monde des gangs, le bizness lucratif et facile de la drogue étant notoirement l’activité des jeunes de ces cités. Ce
serait si simple pour lui de cacher la vérité à leur mère.
Quand Larissa reçoit un message alarmant de Momo, ça ressemble fort à un appel au secours. Pas d’autre solution que de retourner d’urgence à Marseille. Elle ne trouve personne dans l’appartement de sa mère et de son frère. Malgré sa vive inquiétude, c’est un lieu où elle revient avec un plaisir nostalgique. Quand des types malintentionnés cherchent à s’introduire ici, Larissa utilise un stratagème pour les éloigner. Néanmoins, cet incident attise ses craintes, autant au sujet de sa mère que de Momo. Dans la chambre de son frère, règne un désordre n’ayant rien d’habituel. Sur le bureau, elle remarque “une liasse de papiers froissés qu’elle lisse entre ses mains. Et découvre, surprise, une écriture malhabile, des pattes de mouches sautillant sur les lignes.” Pas dans les habitudes de Momo de griffonner quoi que ce soit, pourtant. Un inconnu fixe un rendez-vous à Larissa, dans une librairie du Cours Julien. Peut-être une piste sérieuse pour retrouver Momo…
Dans cette histoire, Alexandra Schwartzbrod nous présente deux portraits. Celui de Larissa, avec sa famille franco-marocaine. Les gens ordinaires doivent faire preuve d’un caractère volontaire pour avancer, à l’exemple de Larissa. Idem pour résoudre les problèmes, on le verra. Le second portrait, c’est celui du Marseille actuel. Pas plus invivable qu’une autre métropole, sans doute. Mais on ne peut ignorer la délinquance et la criminalité, les trafics et les règlements de comptes. Quelle que soit son origine, il parait si facile pour un jeune de rejoindre les rangs des malfaiteurs, où l’argent est trop vite gagné. Un texte court riche en images réalistes et en péripéties à suspense.
Chaque jeudi, la collection Petits polars du Monde nous propose un nouveau titre. Après Didier Daeninckx (Les négatifs de la Canebière), Jean-Bernard Pouy (Ce crétin de Stendhal), Marc Villard (Tessa), Dominique Sylvain (Parfums d’été), Caryl Férey (Famille nucléaire), et Alexandra Schwartzbrod, viendront Chantal Pelletier (Crise de nerfs), Franck Thilliez (Le grand voyage), Michel Quint (Triste comme un enfant), Tito Topin (Un été 22), Marcus Malte (Les Indiens), Sylvie Granotier (Le temps égaré) et Pierre Pelot (Roman de gare).