L’un des romans les plus savoureux de Thierry Jonquet, parmi les plus débridés, fut certainement "Le bal des débris" (Fleuve Noir 1984, Éd.Méreal 1998, réédition Librio). Il se sert du contexte hospitalier dans lequel il vécut quand il était ergothérapeute. Si la caricature est aussi chargée que réussie, l’auteur souligne par instants la détresse de ces lieux. Avant tout, c’est un festival de rebondissements que nous offre Jonquet dans ce très bon roman.
Coup d’œil sur cette intrigue délicieusement entraînante.
Le métier de Frédéric consiste à pousser des chariots dans un hôpital pour vieux, entre le service de rééducation et celui d’ergothérapie. Entre sa compagne Jeanine, ardente
syndicaliste, et son boulot auprès des patients déclinants, Frédéric mène une vie tranquille. Venu se faire soigner ici, Alphonse Lepointre n’est pas un client aussi diminué que les autres.
Plombier zingueur depuis la Libération, le bonhomme de 65 ans fut précédemment truand. “La belle époque du Milieu, il a connu ça. Les tractions avant, les chapeaux mous… Son faible, c’était les
coffres-forts. Puis la guerre est venue, et ça a mal tourné avec ses associés qui sont devenus des habitués de la rue Lauriston…” Lepointre voudrait trouver le moyen de s’enrichir, sur un dernier
coup. L’idée séduit Frédéric.
Ils sont servis par la chance, en s’apercevant que la chambre 9 du Bâtiment Nord est gardée par des vigiles. Mme veuve d’Artilan, la septuagénaire occupant cette chambre, ne serait-elle qu’une vieille cinglée paranoïaque ? Même en surveillant avec des jumelles, le duo ne remarque rien d’anormal. Un jour de grève, Frédéric a l’opportunité d’approcher Mme d’Artilan. Il constate qu’elle possède (et conserve dans sa chambre) une mallette de précieux bijoux, raison de la présence des vigiles. Armand, dit l’Archiviste, est un ami de Lepointre. Bien documenté, il confirme au duo que Marthe d’Artilan ayant claqué la fortune hérité de son mari, il lui reste ces fameux bijoux. Pour les revendre, Lepointre connaît un ami diamantaire d’Anvers, qui ne peut rien lui refuser.
Lepointre et Frédéric mettent sur pied un plan de bataille méthodique. Un bal masqué et costumé est prévu le 12 décembre, organisé par la psy du service et le vieil animateur Max. Au soir du jour J, tous s’amusent dans le gymnase de l’hôpital. “La tendresse tombait sur tout ce petit monde, enveloppant les corps souffrants de sa grande aile protectrice. Hospice and love…” Le duo endosse des robes de bure pour passer inaperçus, direction la chambre 9. La veuve et le vigile viennent d’être abattus par un braqueur, qui a dérobé la fameuse mallette. Lepointre et Frédéric récupèrent l’objet, mais l’hôpital est vite cerné.
Ils cachent la mallette aux bijoux dans un faux-plafond, avant que le commissaire Trottin n’intervienne. Le braqueur ayant pris une otage, un tireur d’élite va bientôt régler le problème. Les jours suivants, l’hôpital est en état de siège. Sortir les bijoux s’avère compliqué, d’autant que Lepointre ne sous-estime pas le commissaire Trottin. La complicité d’Armand sera utile au duo. Pourtant, c’est surtout Yannick Le Moêl, originaire du Morbihan, qui va beaucoup aider Frédéric et Lepointre...