Dimanche 12 juillet vers 22h50, France 2 diffuse le deuxième téléfilm de la collection Suite Noire. C’est une adaptation du roman de Chantal Pelletier "Tirez sur le caviste", publié aux Éditions La Branche. La réalisatrice Emmanuelle Bercot a choisi l’un des livres les plus savoureux de cette série. La tonalité caustique de cette histoire carrément amorale est vraiment très réussie. Avec, dans le rôle du caviste sanglante victime, un nommé Jean-Bernard Pouy, comédien à ses heures. Au-dela du clin d'oeil, nous avons là un scénario fort, dans le meilleur esprit du roman noir. Un téléfilm à ne pas manquer.
Voici un large extrait de la chronique que j’ai consacré à "Tirez sur le caviste" en 2007, pour rayonpolar.com.
« Ce vigneron de Bourgogne est un gastronome ; ou plutôt un maniaque de la bonne cuisine, un “tatillon de la papille”. Un jour, il abat sa femme, qu’il estime mauvaise cuisinière depuis trop longtemps. Elle manquait autant de talent culinaire que de goût vestimentaire. Cacher le cadavre n’est pas un problème : les caves du vigneron sont vastes et équipées. A son ouvrier Christian, un peu simplet, il dit que son épouse est partie au Rwanda. L’humanitaire, c’était la passion de sa femme. Il finit par se convaincre qu’elle effectue réellement une longue mission là-bas.
A Macon, le vigneron croise par hasard une jeune paumée, Aline. Cette fille, il devine que c’est une cuisinière douée, l’aubaine du gourmet. Elle est réticente quand il veut l’engager, mais accepte. Au début, il doit la mater, l’adapter à ses horaires et à ses désirs gustatifs. Au besoin, une bonne torgnole la remet dans le droit chemin. Christian va aider Aline pour le jardin. On y cultivera légumes et plantes nécessaires aux mets à venir. Puisqu’on collecte des vêtements pour le Rwanda, le vigneron charge Aline de trier ceux de son épouse, avant de les lui expédier.
Les artichauts à la barigoule ratés, ce n’est pas plus appétissant que de la pâtée pour chiens. A cause de ce plat infect, le vigneron s’énerve. Il sort son flingue, visant la jeune cuisinière. Il ignore que, si tout le monde a un passé, celui d’Aline fut très particulier… La pulpeuse Vanessa avait des projets au Portugal. Avec son amante, elles braquèrent un caviste afin d’avoir le fric pour le voyage. Elle claquèrent cet argent dans un hôtel de Macon. Finalement, Vanessa fila seule vers Lisbonne, abandonnant sa compagne. Cette dernière fut embauchée par un vigneron, qui exploita ses capacités culinaires. Elle économisa son salaire pour rejoindre Vanessa. En triant les vêtements de la femme de son patron, elle découvrit le pactole caché par la disparue du Rwanda. Quand le vigneron la visa avec son arme, il ne savait pas qu’Aline avait déjà quelques meurtres à son actif (…)
Le portrait de ce gastronome égoïste est un régal : “J’avais effectivement tendance à être un peu intransigeant avec la nourriture, ce qui me paraissait normal (…) je mangeais quatre fois par jour, je ne voyais pas pourquoi il aurait fallu que je cauchemarde des milliers de fois par an.” Quant au cordon-bleu qu’il déniche, ce n’est pas exactement la jeune femme soumise qu’il imagine. »