Dans "Petits meurtres entre voisins" (Denoël, 2009) la Hollandaise Saskia Noort décrit avec une belle justesse l’hypocrisie régnant en général dans un cercle d’amis. Quels que soit le niveau social ou la tranche d’âge, la superficialité des rapports dans ces groupes se constate partout. Sous le masque de la convivialité, les liens manquant de sincérité attisent de fourbes reproches et de sourdes jalousies. Comme dans le monde animal, il y a toujours un “dominant” qui fait figure de chef. Les portraits de ces femmes, isolées dans leur cage dorée, et de ces hommes trop sûrs de leur statut, semblent assez proches de la réalité. C’est dans un tel contexte que se situe ce suspense criminel. Soupçons et hypothèses autour de deux cas litigieux alimentent une très bonne intrigue, nuancée, dont la fluidité narrative est fort agréable. Petit résumé de ce roman convaincant :
Aux Pays-Bas. Karen, son mari Michel, et leurs deux fillettes, sont des citadins venus d’Amsterdam, installés depuis quelques mois dans ce village. Ils ont bientôt sympathisé avec un groupe d’amis, trentenaires avancés, ayant réussi socialement. En devenant proche d’Hanneke, femme active comme elle, Karen a lié connaissance avec Patricia, Babette et Angela. Toutes cinq ont crée le Club de Dîneurs, où chacune organise des soirées festives, avec leurs maris. Épouse du riche Simon, Patricia étale nettement plus de luxe que les autres. Il leur arrive de s’alcooliser lors de ces soirées, mais l’ambiance reste chaleureuse.
Une nuit, un incendie ravage la maison de Babette. Elle est sauve, ainsi que ses deux fils, mais son mari Evert a péri. On comprend vite que c’est Evert qui, par désespoir suicidaire, a voulu se supprimer avec sa famille en brûlant leur maison. Ses amis le savaient dépressif ; il avait même été interné quelques temps. Mais nul n’aurait imaginé le pire. Babette est accueillie chez Karen et Michel. Particulièrement touchée, Hanneke disparaît une nuit, se réfugiant dans un hôtel d’Amsterdam. Babette avoue à Karen que son mari et Hanneke ont eu une liaison amoureuse, la priant de ne pas en parler. Le lendemain, on apprend qu’Hanneke est tombée du balcon de sa chambre d’hôtel. Elle est hospitalisée dans un état critique, plongée dans le coma.
Accident, suicide, alcool, la policière Dorien Jager n’exclut aucune éventualité. Bien sûr, la mort de son ex-amant a pu lui donner l’envie d’en finir. Curieux pourtant, car elle avait fixé rendez-vous à Karen pour son retour. L’incendie, la mort d’Evert, s’expliquent aisément : c’était finalement un loser, en proie à des délires violents, se disputant souvent avec Babette. Evert s’était lourdement endetté, au-delà de ses capacités. Karen est attirée depuis longtemps par le charismatique Simon. Un soir, il font l’amour en cachette. La jeune femme sait qu’elle ne doit pas s’amouracher de cet amant, qui cumule les succès féminins. Dorien Jager poursuit son enquête sur la mort suspecte d’Hanneke, interrogeant entre autres Karen.
Peu après, Karen sent planer un malaise : elle est accusée par ses amis d’avoir révélé des secrets à la policière, ce qui est faux. La confiance ne règne plus avec Patricia et Angela ; seule Babette reste amicale envers Karen. La jeune femme réalise le rôle prépondérant de Simon parmi eux. Elle reprend contact avec Dorien Jager qui, bien qu’écartée de l’enquête, connaît trop bien Simon pour lâcher sa piste.