Ce vendredi 19 juin, Ouest-France révèle un véritable scandale : des milliers de livres issus des bibliothèques rennaises sont destinés à être détruits, brûlés. Officiellement, on parle de livres abîmés ou peu demandés. Les témoins qui ont pu en sauver affirment l’inverse (voir reportage ci-dessous).
Brûler des livres est indigne d’une nation dite civilisée. Il existe d’autres solutions, sans concurrencer les points de vente. Ça porte un nom : l’autodafé, méthodes dictatoriales de l’Inquisition, des fascistes, des nazis. Aucun rapport, nous répliquera-t-on. Pas si sûr, car les gens qui décident de détruire les livres, sans vérifier leur état, sans chercher d’autres possibilités, respectent-ils les lecteurs comme les livres ? On pourrait y voir du mépris, de la part de personnes qui n’y voient qu’un objet, un produit (périmé, selon eux). Plutôt tragique que risible, hélas !
On espère que les autorités rennaises ne cautionnent pas ces pratiques, qu’elles sanctionneront ces honteuses décisions avec vigueur. Voilà ce qui se produit quand des gestionnaires comptables s'occupent d'encadrer la culture : ils sont trop souvent d'une incompétence révoltante ! Au final, ils finissent toujours par sélectionner les livres selon des critères pernicieux. Les vrais passionnés apprécieront.
Reportage de Samuel Nohra et Thomas Heng, pour Ouest-France (extrait).
Hier, en fin d'après-midi, sur le parking d'un bâtiment municipal situé près de la déchetterie de la Plaine de Baud. Dans une immense benne métallique à ciel ouvert, des milliers de livres jetés
pêle-mêle. Des romans, des thrillers, des livres d'histoire, des bandes dessinées... La très grande majorité est en bon état et relativement récents. Point commun : tous portent la mention «
ville de Rennes ». Des livres provenant des bibliothèques municipales de Rennes ou de Rennes métropole.
Évidemment, la nouvelle de la présence de ces ouvrages s'est très vite répandue et les bibliophiles n'ont pas hésité à se rendre sur les lieux. L'un d'eux a réussi à emporter près de 500 BD. Un autre est en train de faire son choix en fouillant dans le tas. Il se sert mais avoue être scandalisé (…)
Alors pourquoi la ville de Rennes détruit-elle ces livres ? Difficile d'avoir une réponse précise hier soir. «
Une délibération municipale récente nous a autorisés à donner des livres du fonds des bibliothèques à plusieurs associations », explique Marine Bedel, conservateur de la
bibliothèque des Champs Libres et de la ville. « Par exemple nous en avons donné 2 500 à l'association Handicap Liberté. Quant à ceux qui étaient abîmés, déclassés ou ne
présentaient plus d'intérêt, il a été décidé de les jeter. »
Sauf que ceux qui étaient dans les bennes n'étaient pas abîmés et semblaient présenter un certain intérêt. La preuve en a été donnée par la razzia faite sur les ouvrages. Ils ne feront pas honte
à une bibliothèque qui se respecte (…)