Le samedi 13 juin à Cognac, a été décerné le 5e Prix Intramuros. Prés de 90 personnes, réparties dans six établissements pénitentiaires du Poitou-Charentes, ont participé au vote après avoir lu les six livres en compétition. Les romanciers sélectionnés étaient : Christian Blanchard, Xavier-Marie Bonnot, Armand Cabasson, Karine Giébel, Pascal Martin, Gérard Streiff et Zolma. Le Prix 2009 est attribué à Pascal Martin pour son livre "La traque des maîtres flamands" (Presses de la Cité), publié dans la collection Polars de France dirigée par Jeannine Balland.
Voilà un choix qui ne surprendra pas les habitués de mes chroniques sur www.rayonpolar.com comme sur Action-Suspense. L’originalité des romans de Pascal Martin n’est plus à prouver. Ici, dans une ambiance mystérieuse, que Saint-Sauveur qualifie de théâtre d’ombres, le scénario foisonne de péripéties. Sans doute est-ce la R8 Gordini, bolide de légende, qui imprime son rythme soutenu au récit. Entre estaminet typique des Flandres, casse automobile protégée par une tonitruante alarme, musées ou cathédrales abritant des œuvres inestimables, égouts peu ragoûtants, et bordel de qualité, les décors sont choisis pour leur singularité. Saint-Sauveur et le chien Buridan sont, bien sûr, un souriant clin d’œil aux héros d’Hergé, Tintin et Milou. L’auteur ne manque pas de souligner les traditions nordistes, et esquisse la question des dissensions actuelles entre Flamands et Wallons. Un roman d’action et de suspense vrai de vrai.
Petit survol du scénario de "La traque des maîtres flamands" : Le saxophoniste Saint-Sauveur donne une série de concerts à Paris avec son trio. Il en profite pour se renseigner sur ses origines parentales. Ce qui l’oblige à s’occuper d’un petit chien aussi laid que lubrique, Bambi, vite rebaptisé Buridan. Foch, le fantomatique patron de l’Œuvre lui confie une mission, comme toujours assez imprécise. Il doit rejoindre en Flandres un nommé Wildenstein, propriétaire en titre d’une collection de tableaux. D’une grande valeur, ces toiles de peintres primitifs flamands sont actuellement la cible d’un gang de violents voleurs. Quand Saint-Sauveur s’informe au bistrot de Bailleul, on ne connaît Wildenstein que sous le nom de Gordo. Son parcours de vie et sa puissante R8 Gordini justifient le sobriquet. Cet original adopte bientôt Saint-Sauveur. Gordo s’explique : il accepte que ses tableaux soient exposés dans des musées, mais refuse que des privés les gardent. En particulier, une toile de Pétrus Christus qui symbolise le souvenir de son père. Saint-Sauveur fait la connaissance du frère de cœur de Gordo, Fulgence. Cet ancien taupier se fait appeler Le Fouaneur. Le trio se rend à Bruges, où Gordo pense retrouver la trace du tableau de Pétrus Christus. Ils doivent se méfier du gang des primitifs qui, sans doute, les espionne. L’Hôtel des Impôts est une maison close tenue par la vieille Adèle, avec sa fille Clémentine, et sa petite-fille Louise. Gordo y rencontrera Adèle.
La commissaire Fulvia Materazzi est chef du service d’enquête sur les vols d’œuvres d’art. Depuis que Gordo pris contact avec Foch, elle suit discrètement l’affaire. Fulvia a une raison personnelle de s’intéresser au tableau de Pétrus Christus. Il représente une jeune femme, son sosie. Elle est épaulée par l’inspecteur Mignoni, qui connaît bien les coureurs de nuits envoyés par Foch. Il éprouve même une sympathie certaine pour Saint-Sauveur. Fulvia et Mignoni se rendent à Bruges. Outre les autorités locales, ce dossier concerne Pretorius Van der Linden. Pour cet ancien agent secret, patriote âgé redoutant la partition de la Belgique, le gang des primitifs est une ramification de l’affaire des tueurs du Brabant, jamais vraiment résolue. Après un vol dans un musée, c’est un curé de Zeebrugge qui est tué, probablement par le gang. Gordo propose une transaction à Adèle, deux toiles de Dirk Bouts contre le tableau de Pétrus Christus. Âpre négociation, qui n’aboutira pas. Car les deux toiles sont volées, tandis qu’Adèle est décapitée dans le bordel saccagé. Menée par Fulvia Materazzi, la police interroge tout le monde. Pour Saint-Sauveur, le chemin de la vérité reste encore plein de pièges…