Jack Caffery et Flea Marley sont de retour dans “Skin” (juin 2009), suite de “Rituel” (2008). Il n’est absolument pas indispensable d’avoir lu le roman précédent pour apprécier celui-ci. Tous deux solitaires, aussi marqués l’un que l’autre par des drames intimes, Jack et Flea ne forment pas un ordinaire duo d’enquêteurs. Partageant une même capacité sensitive, ils vivent les faits presque séparément, leur proximité étant psychologique. Tandis que Flea tente de résoudre une situation complexe, Jack avance sans hâte dans ses investigations. Leur lucidité est un précieux atout. Il est quasiment impossible de résumer un roman de Mo Hayder. Car tout est dans l’ambiance, dans l’approche de personnages fuyants, de détails esquissés. C’est ce climat si particulier, bien plus intense que dans les simples thrillers formatés, que l’on apprécie dans les suspenses de l’auteur. Tentons quand même un survol de ce roman.
À Bristol, le policier Jack Caffery vient à peine de terminer son enquête précédente sur un réseau criminel s’inspirant de rituels africains. Mais il sent encore planer l’ombre du tokoloshe, et n’est pas certain que le vrai coupable ait été arrêté. Plusieurs cas de disparitions et de suicides se sont produits ces derniers jours. Jack devrait participer aux recherches avec ses collègues. Estimant qu’il existe peut-être un lien avec le dossier mal élucidé, il aborde autrement les suicides de Ben Jakes et de Lucy Maloney, et la disparition de Misty Kitson. Plongeuse de la police, Flea Marley prend parfois des risques, frôlant la narcose. Quand un jeune officier trop sûr de lui affirme que Lucy n’a pas respecté les règles du profilage des suicidaires, Flea le traite de crâne d’œuf devant Jack. Néanmoins, Jack admet que certains détails restent troublants.
Flea Marley trouve le cadavre de Misty Kitson dans le coffre de sa propre voiture. Le scénario lui apparaît vite : elle avait prêté le véhicule à son frère Thom, fragile mentalement. Il reconnaît avoir paniqué quand il a accidentellement heurté Misty. Vu le retentissement autour de la disparition de Misty, difficile de contacter si tardivement la police. Flea ne peut espère d’aide de Thom, ni de la compagne de celui-ci, la sévère Mandy. Elle maintient le corps dans une baignoire glacée, pour éviter qu’il ne se dégrade. Puis Flea repère le lieu de l’accident. Elle est quasiment certaine que Ruth Lindermilk, une voisine quinquagénaire alcoolique, a été témoin de l’accident. Cette matrone n’est guère facile à manier. Pendant ce temps, l’amie médecin légiste de Jack lui confirme officieusement que la mort de Lucy n’est pas un suicide.
Dans le cas de Ben Jakes, il s’agit d’un suicide ressemblant à un meurtre. Pour Lucy Maloney, c’est l’inverse. Jack perquisitionne le domicile de la victime et interroge l’ex-mari de celle-ci. Le mode de vie de Lucy étant assez personnel, il eût souvent du mal à la comprendre. Fouillant dans l’ordinateur de la jeune femme, Jack relève qu’elle avait beaucoup plus d’argent sur ses comptes qu’il n’est normal. Il ne tarde pas à trouver une explication : elle faisait chanter quelqu’un. En outre, selon l’autopsie, elle aurait eu un enfant, alors que personne n’est au courrant. De son côté, Flea n’a pu avouer son problème à Jack. Elle doit trouver de l’argent pour faire taire Ruth. La mort de l’infirmière Susan Hopkins peut offrir une nouvelle piste à Jack…
Pour les lectrices et lecteurs qui voudraient, d'abord, faire connaissance avec Flea Marley et Jack Caffery, “Rituel” de Mo Hayder est désormais disponible chez Pocket. Retour sur cette intrigue (qui précède “Skin”).
Ayant besoin de s’éloigner de Londres, le commissaire adjoint Jack Caffery est en poste à Bristol depuis peu. Plongeuse à la brigade subaquatique, le sergent Phoebe “Flea” Marley repêche dans le
port une main tranchée, aperçue par un témoin. Pas de trace d’un cadavre, mais une conduite d’eaux pluviale permet à Caffery et Flea Marley de trouver la deuxième main. On les avait enterrées
devant d’entrée du restaurant de l’Africain Mabuza. Sans rapport évident, une femme aurait vu un nain noir se masturbant la nuit devant le bassin du port. Le propriétaire des mains est identifié.
Surnommé Mossy, c’est un drogué qui se prostitue.
Flea Marley reste obsédée par la mort accidentelle de ses parents, lors d’une plongée dans le cratère du Boesmansgat.
Grâce aux champignons hallucinogènes de son père, elle espère que les transes l’aideront à entrer en contact avec sa mère. Kaiser Nduka, universitaire et meilleur ami de son père, lui conseille
plutôt un trip à l’ibogaïne. Ancien drogué et délinquant repenti, Tig est un ami de Flea qui anime une association aidant les camés à décrocher. Il aide Flea à approcher Mabuza, un des ses
généreux donateurs. Elle se convainc que l’Africain est un adepte du sacrifice muti, sorte de magie noire. Flea soumet l’hypothèse à Caffery, qui se renseigne.
Le muti serait un rite entre sorcellerie et médecine, visant souvent à éloigner le Tokoloshe, symbole de l’esprit démoniaque. Caffery a repéré le cas d’un autre Africain qui, sans doute comme
Mabuza, était habité par de fortes superstitions ethniques et redoutait le Tokoloshe. Le policier pense qu’une personne attise les peurs, tirant profit de ces croyances… Nduka fournit à Flea
l’ibogaïne, pour son expérience. Le seul message posthume de sa mère est de demander à Flea de les laisser où ils sont. Pourtant, elle persiste, cherchant des témoignages de plongeurs sur
Internet. Caffery relance Tig, l’ami de Flea, au sujet de Mabuza et de Mossy. Tig lui parle d’une clinique proposant des cures à base d’ibogaïne. En effet, Mossy est passé pour connaître les
tarifs, avant de tomber dans le piège qui lui a coûté ses mains...