Après “Pourquoi ce soir-là ?” (Éd. Michel de Maule, 2006) Isabelle Polin nous convie à suivre une nouvelle enquête au cœur du vignoble de Bourgogne, avec pour décor une belle demeure familiale. Dans le respect de la meilleure tradition, “Meurtre millésimé” (Éd. Michel de Maule, 2009) nous prouve qu’il n’y a nul besoin de meurtres en série, ni d’investigations scientifiques pointues, pour présenter une intrigue de bon niveau. Portant le soupçon sur chacun, Isabelle Polin installe une délicieuse ambiance à suspense, corsée par la relation amoureuse incertaine du couple d’enquêteurs. Soulignons la belle fluidité narrative du récit, qualité majeure.
Invités par la famille Gravillet, qui exploite un domaine viticole réputé, la détective Morgane de Sancerre et le policier Claude Duverger passent le week-end de la Toussaint en Bourgogne. Étant enfant, Duverger est venu plusieurs fois en vacances ici, sans être exactement un proche de cette famille car n’appartenant pas à leur milieu. Ce soir-là, on célèbre au dîner le lancement du “Calice Gravillet”, un Aloxe-Corton de qualité exceptionnelle. À peine en a-t-il goûté qu’Alphonse Gravillet s‘écroule, empoisonné. Qui pouvait vouloir la mort du patriarche ? Sachant qu’il négociait en secret la vente du domaine, tous les membres de la famille sont suspects. Le lieutenant de gendarmerie Ponsard laisse à Claude Duverger et Morgane de Sancerre le soin de découvrir la vérité.
Le nouveau maître du domaine, c’est le beau Guillaume, l’aîné des fils. Ex-étudiant en pharmacie, il était capable de fabriquer le poison, savant mélange de belladone, de digitale pourpre et de datura. S’il s’est senti trahi par son père au sujet de la vente, il est trop peu attaché à leur activité viticole pour l’avoir assassiné. Son épouse Lily est une maîtresse-femme malgré son allure peu raffinée. Elle se sent libérée par la mort d’Alphonse. Leur fille Sidonie, 17 ans, ado hargneuse, était absente ce soir-là. Rodrigue, le fils cadet, est passionné par la vigne, fier d’avoir créé le “Calice Gravillet”. Son épouse Anaïs, qui a peu d’affinités avec les autres, ne parait guère chagrinée par le décès du patriarche. Eugénie, la jeune sœur de Guillaume et Rodrigue, a 26 ans. Choquée au moment du décès de leur mère, elle souffre d’un retard mental, et agit telle une enfant de douze ans. Reste le cas d’Adrien Colbert. Journaliste expert en vins, il a eu des ennuis avec la justice. Logé au château, il était un précieux atout pour le patriarche. Mais ils ont fini par se disputer, Alphonse lui reprochant ses malversations. Un bon suspect pour tout le monde, surtout pour le lieutenant Ponsard…