Dans tous ses romans, Pascal Martin maîtrise à merveille sa tonalité personnelle, hors norme, composée de mystère, d’étrangeté, de questions imprécises - mais capitales pour le récit, et d’une bonne dose de cynisme. Déstabiliser le lecteur, tel est le but de cet auteur. Lire un de ses romans signifie pénétrer dans un univers décalé, sans nos points de repère habituels. On risque bien d’y rencontrer quelques personnages monstrueux. Les péripéties alimentent un suspense permanent, voire même assez troublant. Dans son deuxième roman, “Le Bonsaï de Brocéliande”, Pascal Martin mettait en scène Vincent Romain, jeune adulte dont on avait volé l’enfance. La vengeance de celui qui se surnommait Le Bonsaï était explosive. Depuis, Vincent Romain a intégré L’Œuvre, l’organisation dirigée par l’énigmatique Foch. Celui-ci l’envoya en mission dans “Les fantômes du Mur Païen”. On retrouve aujourd’hui Le Bonsaï pour ce nouvel opus, “L’Ogre des Landes”.
À Noël, le cadavre d’une femme nue est déposé devant le Ministère de l’Intérieur. Gavé comme celui d’une oie, ce corps est contaminé par un savant dosage de virus et autres prions. Un maître chanteur signant “l’Ogre affamé” exige une énorme rançon. Il menace de répandre une épidémie en diffusant des boites de foie gras humain mortel. Le délai étant trop court pour trouver l’antidote, l’État n’a d’autre choix que de payer. Conscient du risque d’un nouveau futur chantage, le ministre va tout faire pour identifier le responsable. Huit mois plus tard, le chef de l’Œuvre, mystérieuse organisation employant d’anciens orphelins pour résoudre des cas très particuliers, envoie Le Bonsaï dans la région des Landes. Il est “invité” par un Russe nommé Zinoviev, qui a créé un camp de vacances sur une ancienne base militaire française. La philosophie et les rites du camp d’Écovie s’inspirent de ceux des tribus Bororo, décrites dans le livre Tristes tropiques. Ici, de puissants dirigeants du monde socio-économique effectuent un “retour à la nature” destiné à les rendre plus combatifs et efficaces. Toutefois, un certain confort leur est accordé. Par exemple, lors de soirées “coloniales” laissant sceptiques Le Bonsaï.
Celui-ci se sait manipulé par Foch, mais ignore les motifs exacts de sa mission. Il est même prêt à s’en aller. Ludmilla, une amie de Zinoviev, s’arrange pour le retenir. L’énigmatique “Ogre des Landes” est-il vraiment l’adversaire que devra affronter Le Bonsaï ? Ou s’agit-il de ces frères Vachon, une brute et un scientifique occupant une partie du camp, qui s’opposent à Zinoviev ? Il semble que Juvénal Vachon ait conçu un maïs aux qualités exceptionnelles, que toute la fortune du Russe ne pourra pas acheter. Le Bonsaï s’interroge aussi sur ce Dr Heinrich, associé du Russe. L’inspecteur de police Le Meur connaît bien Le Bonsaï. Sans doute est-ce pour cela qu’il a été choisi par le ministre en personne pour enquêter sur la victime de Noël, Mathilde Belon. Il comprend bientôt que ce camp d’Écovie recèle de dangereux secrets…