Parmi les auteurs à découvrir, les romans de Sylvain Jazdzewski méritent d’être mieux connus. Il a créé le personnage du policier Ledru, qui évolue dans une ville triste semblable à beaucoup d’autres, où plane l’ombre d’une inquiétante secte. Notables se pensant intouchables et pauvres bougres sans grand avenir se côtoient dans ces histoires. Ledru étant un policier désabusé et tourmenté, il s’agit bien de romans noirs, et non d’enquêtes ordinaires.
Le premier livre de Sylvain Jazdzewski “La tectonique des ploucs” (Le Riffle, 2007) se compose de deux parties, de tonalités différentes. Dans la première, “Engrenages”, traversée par l’ombre d’un criminel déséquilibré, la narration est plus elliptique, nerveuse, sarcastique et violente. Pas heureux dans son couple, méprisé par son collègue Bizeau, Ledru enquête sur une série de meurtre, dont les victimes ont été mutilées. Les trois premiers crimes restent mystérieux. Le quatrième pourrait bien lui offrir une piste. Isabelle et Virginie sont vendeuses et un peu copines. Larguée par un dragueur nommé Frank, Virginie a besoin d’Isabelle pour se venger. Elles assomment le séducteur dans une boîte de nuit. Mais Frank est découvert mort, mutilé à son tour… Dans la seconde partie, “Les rentiers de la perdition”, le récit semble plus ordonné, moins éclaté, mais aussi ironique. Alain et Nico sont de vrais toquards. Ayant volé une disquette compromettante, ils veulent faire chanter le banquier Deflanque, impliqué dans des malversations. Le premier échange est un échec. Un brin plus futée qu’eux, leur amie Josy accepte de les aider. Après les ratages de sa dernière enquête, Ledru s’est mis à l’écart. Déboussolé, il a trouvé refuge chez Germaine, une dame âgée dont on a massacré les chats. Avec David, jeune flic déjà déçu, ils vont former un trio quasi-familial. Tandis que Deflanque implique un de ses collaborateurs dans ses magouilles, Josy tombe amoureuse d’Anthony, fils du banquier - dont les amis satanismes sont quelque peu bizarres..
Les aventures de Ledru se poursuivent dans “La guerre des mistons” (Le Riffle, 2008). Lucas, Farid, et Richard -dit Riton- sont trois copains âgés de douze ans. Ils découvrent coup sur coup deux cadavres dans des maisons à l’abandon. Ils se font courser par les hommes de main du banquier Deflanque, car ils en ont trop vu. Un ami du père de Riton, puis le père de Farid, sont assassinés. Les mômes racontent aux keufs ce qu’ils savent. Mais le deuxième corps, celui d’un tueur en cavale, a disparu entre temps. Le policier Ledru a réintégré la police, assisté de son jeune collègue David. Même s’il projette avant tout de créer une structure d’entraide pour des gens malmenés par la vie, Ledru s’intéresse à cette affaire. Il n’a pas oublié qu’une secte sataniste, la Jarretière rouge, continue à sévir dans la région… En maîtrisant le petit monde qu’il décrit, la tonalité de Sylvain Jazdzewski s’affirme encore plus sûre et riche en péripéties. Le contexte social n’est pas absent de cette histoire. La série ne s’arrêtera pas là…